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Présents à Bakou à l'occasion de la COP29, les pays africains ont réaffirmé l'urgence d'un financement climatique à la hauteur des défis du continent. Malgré une contribution limitée à moins de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, l'Afrique supporte un impact disproportionné de la crise climatique. Ses besoins sont estimés à 277 milliards de dollars par an jusqu'en 2030 par la Banque africaine de développement (BAD), alors qu'elle ne reçoit actuellement que 30 milliards de dollars par an, soit à peine 3 à 4% des financements climatiques mondiaux.
Une "COP du financement" cruciale pour l'avenir de l'Afrique
Les dirigeants africains espèrent un engagement historique à la COP29, avec la promesse d'un Nouvel Objectif Collectif Quantifié (NCQG) de 1 300 milliards de dollars pour répondre aux besoins climatiques. ‘'Le changement climatique en Afrique est une question existentielle nécessitant une action immédiate'', a souligné Benedict Oramah, président d'Afreximbank. Kevin Kariuki, vice-président de la BAD, a appelé à passer des milliards aux milliers de milliards de dollars, insistant sur l'importance d'un financement climatique basé sur des dons pour éviter l'endettement des pays africains pour des problèmes qu'ils n'ont pas causés.
Les besoins urgents en adaptation et atténuation
L'Afrique, qui compte neuf des dix pays les plus vulnérables aux changements climatiques, perd en moyenne 5% de son PIB chaque année à cause des impacts climatiques. Les dirigeants ont insisté sur la nécessité de prioriser l'adaptation, qui reste sous-financée. En 2021-2022, seuls 20% des flux climatiques mondiaux (13 milliards de dollars) ont été alloués à l'adaptation en Afrique, bien en deçà de l'objectif de doublement d'ici 2025.
Des initiatives comme les systèmes d'alerte précoce, essentiels pour prévenir les risques climatiques, et l'accélération de la transition énergétique avec les énergies renouvelables ont été mises en avant. ‘'L'Afrique peut devenir un centre mondial pour les énergies propres, mais cela nécessite un engagement financier solide'', a rappelé Claver Gatete, secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique.
Innover pour attirer les financements climatiques
Pour combler l'écart financier, l'Afrique mise sur des mécanismes novateurs tels que : les obligations vertes, soutenues par des institutions comme l'Union européenne ; le Fonds de réponse aux pertes et dommages, avec 700 millions de dollars déjà engagés ; et des garanties pour réduire la perception de risque associée aux investissements en Afrique, comme celles proposées par l'Alliance africaine sur le changement climatique.
La BAD a également intensifié ses efforts, augmentant la part de ses financements climatiques de 9% en 2016 à 45% en 2023. Anthony Nyong, directeur du département Climat à la BAD, a insisté sur la nécessité de rassurer les investisseurs grâce à des initiatives de garantie et de coopération internationale.
Les dirigeants africains ont cependant exprimé leur scepticisme face aux promesses non tenues, notamment celle des 100 milliards de dollars annuels annoncés en 2009. ‘'Il est essentiel que les paroles se traduisent enfin en actions concrètes'', a déclaré Musalia Mudavadi, représentant du président kényan William Ruto.
Dr Ange Ponou
Publié le 17/11/24 10:54
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