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Le projet de centrale biomasse à Divo, présenté comme une première mondiale dans la valorisation industrielle des déchets de cacao, vient de franchir un cap déterminant. Un financement de 3 millions de dollars, soit environ 1,7 milliard FCFA, a été engagé par Climate Fund Managers (CFM) pour soutenir sa phase de développement, marquant ainsi le tout premier investissement du gestionnaire de fonds climatiques néerlandais en Côte d'Ivoire. La signature de l'accord a été officiellement annoncé ce 3 juin dernier.
Portée par SODEN, producteur indépendant d'électricité ivoirien spécialisé dans les énergies renouvelables, la centrale devrait avoir une production de 550 GWh par an à partir de résidus agricoles comme les de cabosses, les coques de fèves de cacao et les arbres d'hévéa en fin de cycle. Elle pourrait ainsi alimenter plus de 1,4 million de personnes en électricité propre, tout en évitant 300 000 tonnes d'émissions de CO₂ par an à partir de 2029.
Le financement annoncé permettra de finaliser les études techniques, les autorisations, les évaluations environnementales et sociales, ainsi que les accords contractuels avec l'État.
Implantée à Divo, au cœur d'une des principales zones de production cacaoyère du pays, la centrale biomasse affiche une puissance prévue de 76 MW. Une fois achevée, elle deviendra la première centrale au monde à transformer des déchets de cacao en électricité injectée dans un réseau national.
Le projet s'inscrit dans une démarche de partenariat public-privé, actuellement en négociation avec l'État ivoirien pour la finalisation d'une concession et d'un contrat d'achat d'électricité à long terme. À ce jour, SODEN a déjà investi plus de 2 millions d'euros, soit 1,1 milliard FCFA, pour faire avancer le projet, dont le lancement est projeté d'ici 2026.
Un catalyseur pour l'économie rurale et la transition énergétique
Au-delà de l'impact climatique, le projet est conçu comme un levier de transformation économique pour les zones rurales. Il devrait générer plus de 3 900 emplois, dont 440 permanents, et créer de nouvelles sources de revenus pour 36 000 petits producteurs de cacao, qui verront leurs résidus agricoles valorisés plutôt que gaspillés. Selon les estimations, l'impact économique local atteindra 6,8 millions d'euros par an sur 30 ans.
La Côte d'Ivoire produit plus de 40 % du cacao mondial, mais les déchets issus de cette culture ne sont pas exploités. Pour chaque tonne de cacao récoltée, plus de 13 tonnes de déchets organiques sont laissées à l'abandon, générant du méthane et des maladies dans les plantations. En récupérant cette biomasse, le projet évite la déforestation, améliore la santé des sols et valorise les déchets agricoles en électricité renouvelable.
Soutenue par un financement de démarrage de près d'un million de dollars dès 2018 par l'agence américaine USTDA, l'initiative est désormais en mesure de prendre son envol. Le modèle de développement prévoit une mobilisation supplémentaire de 35 millions de dollars en capital au moment du bouclage financier final.
''Chaque année, la production de cacao laisse derrière elle des millions de tonnes de déchets inutilisés et sans valeur économique pour les producteurs. En exploitant cette ressource inexploitée pour produire une énergie propre et fiable, nous transformons un défi national en opportunité de croissance durable, de prospérité rurale et de renforcement de la résilience du système énergétique'', s'est félicité Yapi Ogou, PDG de SODEN.
Soulignons que CFM est un gestionnaire de fonds climatiques, avec plus de 2 milliards USD d'actifs sous gestion, qui combine des capitaux privés et publics pour fournir des solutions résilientes au climat à grande échelle et à un rythme soutenu en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 11/06/25 14:03
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