Côte d’Ivoire : 545 milliards FCFA pour un complexe d'hydrodésulfuration destiné à produire du gasoil ''ultra propre''

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Ce 2 octobre, la Société Ivoirienne de Raffinage (SIR) a franchi une étape stratégique majeure avec la pose de la première pierre de son complexe d'hydrodésulfuration du gasoil (HDS), sur son site de Vridi à Abidjan. Ce projet industriel de 545 milliards FCFA inscrit la Côte d'Ivoire dans une trajectoire résolument tournée vers la compétitivité énergétique, la transition écologique et la sécurité sanitaire, avec une ambition forte : produire localement un gasoil aux standards internationaux les plus stricts, conforme à la spécification africaine AFRI 6 (inférieur10 ppm* de soufre), bien en avance sur le calendrier régional de la CEDEAO. 

Avec cette installation, la SIR devient la première raffinerie en Afrique subsaharienne à produire du gasoil ultra-propre, aligné sur les normes internationales. D'ici le premier trimestre 2029, une fois l'infrastructure opérationnelle, le gasoil ivoirien passera d'une teneur en soufre de 1 800 ppm à moins de 10 ppm. Mieux que les exigences de la CEDEAO qui recommande la norme de moins de 50 ppm. Ce saut technologique est un signal fort envoyé au marché africain, à un moment où de nombreuses raffineries du continent peinent à rester compétitives, voire ferment leurs portes. 

Pour le Premier ministre Robert Beugré Mambé qui a présidé la cérémonie, ce projet " symbolise l'excellence industrielle ivoirienne et l'ambition d'un pays qui ne se contente pas de suivre les normes internationales, mais choisit de les devancer ".  Il a présenté le projet comme un symbole révélateur de la renaissance de la SIR, au bord de la faillite à la fin des années 2000  et qui, grâce à un plan de sauvetage de 380 milliards FCFA soutenu par des fonds publics, a retrouvé ses atours de fierté nationale. 

Un levier stratégique dans un écosystème en mutation

Pour Mamadou Sangafowa-Coulibaly, ministre des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, le HDS s'inscrit dans une stratégie plus large de modernisation de la chaîne pétrolière nationale, marquée par les récentes découvertes majeures de Baleine et Calao, et dont l'ambition est de structurer un véritable hub énergétique régional. En outre, a-t-il insisté, dans le cadre de  l'application stricte de la loi sur le contenu local, le projet permettra à des entreprises ivoiriennes de participer pleinement au chantier et de développer des compétences techniques de haut niveau aux côtés de la firme italienne Kinetics Technology (KT) qui en être le maître d'oeuvre.

Voir aussi - Avec ENI, la Côte d'Ivoire entame l'exploration de la zone ouest de son bassin sédimentaire

Dans la même veine, Mamadou Sangafowa-Coulibaly a souligné que cet investissement préfigure également la construction d'une deuxième raffinerie qui aura une capacité deux fois plus importante que celle de la SIR à 170 000 barils par jour, appelée à traiter le brut ivoirien dès que les volumes le permettront. Toute chose qui vient rappeler son ambition de faire en sorte que le pays capte une part importante de la chaîne de valeur que va générer l'exploitation de ses gisements pétroliers. 

Dans un discours particulièrement émouvant, le Directeur Général de la SIR, Soro Tiotioho, a exprimé sa reconnaissance envers l'État ivoirien, rappelant que l'entreprise a failli disparaître au lendemain de la crise politique. " Le rêve est devenu réalité : une SIR forte, moderne, pérenne, moteur de la vision du président de faire de la Côte d'Ivoire un hub énergétique de référence en Afrique ", a-t-il déclaré. 

Au-delà de sa portée industrielle, le projet HDS répond à trois impératifs stratégiques. Il permettra une réduction de 75 % des émissions de dioxyde de soufre, avec un impact direct sur la santé publique en milieu urbain. Il aligne également la production nationale avec les engagements climatiques de la Côte d'Ivoire, tout en renforçant la position concurrentielle de la SIR sur le marché régional grâce à un carburant conforme aux moteurs de dernière génération. 

Dans un contexte de mutation énergétique mondiale, où la durabilité devient un critère clé de performance, la Côte d'Ivoire opère un choix audacieux : investir dans le raffinage de nouvelle génération. Avec le complexe HDS, le pays assure à son industrie une compétitivité durable, tout en s'affirmant comme un acteur de référence dans la transition énergétique sur le continent.

 

* Le "ppm soufre" (ppm S) est une mesure de la concentration de soufre dans un matériau, où "ppm" signifie parties par million. Concrètement, une teneur de 10 ppm de soufre dans le carburant, par exemple, signifie qu'il y a 10 milligrammes de soufre pour 1 kilogramme de carburant, soit 10 parties de soufre pour un million de parties du carburant. C'est une unité utilisée pour exprimer des concentrations très faibles, comme c'est le cas pour les polluants.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 03/10/25 07:52

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