| COURS | GRAPHIQUES | ACTUS | FORUM |
L'ultime séance de cotation de 2024 à la Bourse des valeurs mobilières d'Afrique centrale (BVMAC) s'est refermée le 31 décembre dernier sur une contre-performance de BVMAC ASI (All Share Index) qui a replié de 0,08% par rapport à son niveau de la veille. Sur les 12 mois de l'année achevée, cet indice qui regroupe les six valeurs du compartiment action, connaît une contraction de 4,9% à 950,87 points. Concrètement, la capitalisation boursière de la BVMAC a diminué de 2,177 milliards FCFA entre le 31 décembre 2023 et le 31 décembre 2024 pour s'établir à 64,3 milliards FCFA.
Le luxembourgeois SOCFIN mène la cadence
La contre-performance du marché est corrélée à la baisse annuelle de 8,18% observée sur l'action Socapalm. Ce titre, qui pèse 54% du compartiment actions, a connu une dynamique mitigée, se rapprochant tantôt de son cours le plus élevé (50 600 FCFA) tantôt du plus bas (41 400 FCFA) pour finalement terminer l'année à 46 000 FCFA. La BVMAC a également été tiré vers le bas par Safacam, qui a reculé de 0,75% par rapport à janvier et de 24,8% par rapport à son cours d'introduction. Cette baisse de régime des deux filiales camerounaises du groupe luxembourgeois Socfin a été atténuée par une hausse du titre SEMC (+2,3%) qui enregistre la meilleure performance, SCG-Ré, La Régionale et Bange étant restés statiques.
Voir aussi : L'indice BVMAC ASI atteint son plus bas niveau depuis son lancement
En termes de transactions, le compartiment actions de la BVMAC a également été morose en 2024. 14 534 titres d'une valeur cumulée de 621,5 millions FCFA ont été transigés tout au long de l'année contre 3,9 milliards FCFA l'année dernière, selon les données du marché compilées par Sika Finance. Ce faible intérêt des investisseurs pour les titres de capital a été principalement observé sur l'action Bange qui n'a enregistré que 39,3 millions FCFA transactions contre 3,523 milliards FCFA en 2023.
Effervescence sur le compartiment obligataire
Malgré cette morosité sur le marché des actions, le volume global des transactions à la BVMAC a été le plus élevé en 3 ans, cumulant à 17,491 milliards FCFA, en hausse de 41% par rapport à 2023. Cela tient principalement d'un fort dynamisme des échanges observé sur le segment des titres de créances (obligations), soit 16,86 milliards FCFA, le double de la performance réalisée l'année d'avant. En termes d'animation, les obligations de l'État du Cameroun ont été les plus échangées (79,9% des transactions). Malgré la radiation de plusieurs valeurs, l'encours des dettes obligataires a évolué de 14% à 1 490 milliards FCFA grâce à l'inscription de 11 nouvelles lignes obligataires.
Voir aussi : BVMAC : Les investisseurs ont perçu 80 milliards FCFA de dividendes et intérêts en 2023, en hausse de 65%
Autre fait majeur de l'année sur ce segment, c'est le paiement d'un total de 80,2 milliards FCFA d'intérêts, soit une augmentation de 4,8% par rapport à 2023, selon nos calculs. Les investisseurs en instruments de dette ont bénéficié de cette enveloppe versée par les États du Cameroun, du Gabon et du Tchad, la BDEAC et par Alios Finance SA.
Perspectives prometteuses en 2025
2025 pourrait représenter un tournant décisif pour la BVMAC qui se prépare à accueillir deux nouvelles sociétés et pas des moindres. Il s'agit de BGFI Holding, la maison mère du groupe bancaire panafricain BGFIBank qui s'est engagé à céder 10% de son capital au public, et Commercial Bank, un établissement bancaire camerounais qui a prévu de mettre 30% de ses actions à la bourse. Ces deux entités vont, indubitablement, rehausser la capitalisation boursière mais surtout vivifier un tant soit peu le marché en termes de transactions. Pour ce faire, il faudra surtout éviter une valorisation trop élevée du titre, ce qui est un facteur discriminant pour le grand public. Le titre le plus bas actuellement à la BVMAC est valorisé à 21 000 FCFA (SCG-Ré) et le plus élevé est à 207 300 FCFA (BVMAC), ce qui ne contribue pas forcément à renforcer l'investissement boursier dans une région où 81,5% de la population vit avec un revenu quotidien inférieur à 6,85 USD.
Voir aussi : BVMAC : La maison mère du groupe BGFIBank sera introduite en bourse en 2025
Il existe également une liste de 15 sociétés publiques qui doivent être introduites à la BVMAC, mais le processus évolue à pas de tortue depuis presque 2 ans sans une perspective claire. Pourtant on retrouve dans cette liste des mastodontes, comme le Port Autonome de Douala (PAD) ou la Sodecoton, qui ont la capacité de drainer l'épargne vers le marché et de stimuler les interactions sur le secondaire. Le challenge pour la BVMAC sera donc de travailler avec les différents États concernés pour a accélérer le processus d'introduction de ces entités.
L'autre défi est celui de l'élargissement de la base des investisseurs. La place boursière régionale s'est fixée pour objectif de franchir la barre des 100 000 comptes titres d'ici la fin de l'année 2026, contre 8 500 à fin 2023. Pour y parvenir, elle envisage de diversifier les canaux d'accès aux instruments financiers en permettant, par exemple, aux personnes d'investir en bourse à partir du Mobile Money ; de fractionner la valeur des titres actuels pour les rendre accessibles aux petits épargnants ; de mettre en place un compartiment hors-cote pour permettre des échanges de titres financiers non cotés émis sur le marché monétaire (OTA, BTA, TCN) ou en Private Equity.
Cédrick JIONGO
La Rédaction
Publié le 02/01/25 21:14
Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :