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Le secteur des télécommunications et des transactions de mobile money au Mali connaît un nouveau tournant depuis ce 5 mars. En effet, les nouvelles taxes instaurées sur ces services, dans le cadre d'une stratégie de renforcement des finances publiques, sont désormais effectives, relève plusieurs sources consultées par Sika Finance. Ces prélèvements, dont les fonds seront alloués au financement des projets d'infrastructure de base et de développement social, impactent directement les consommateurs maliens, qui devront s'adapter à une nouvelle réalité fiscale.
Les nouvelles taxes étaient initialement prévues pour le 19 février 2025, mais ont été reportées au 28 février, avant de prendre effet finalement le 5 mars. Ce délai a permis aux opérateurs télécoms de se préparer et de communiquer en amont avec leurs abonnés, afin de les informer des modalités d'application de ces prélèvements. Dans un souci de transparence, les opérateurs ont envoyé des messages détaillant les ajustements fiscaux, afin de permettre aux consommateurs de comprendre les nouvelles conditions.
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Parmi les mesures phares, la taxe sur les recharges téléphoniques connaît une hausse de 10% sur toutes les transactions, qu'elles soient effectuées via des distributeurs automatiques, des cartes de recharge ou des services de mobile money, comme Orange Money et Moov Money. En parallèle, les frais de retrait des fonds au-delà de 10 000 FCFA (environ 16,46 dollars) ont été revus à la hausse. Désormais, ces frais sont fixés à 200 FCFA (environ 0,32 dollar), contre 100 FCFA (0,16 dollar) précédemment. Cette augmentation est partagée entre l'opérateur et l'État.
Une autre mesure qui mérite d'être soulignée concerne les transferts d'argent via mobile money. En effet, une taxe de 1% est désormais appliquée à la réception des fonds. Toutefois, cette taxe peut être prise en charge par l'émetteur du transfert, offrant ainsi une certaine flexibilité aux utilisateurs. Cette initiative a pour objectif de promouvoir l'engagement citoyen et patriotique, permettant ainsi à chaque acteur de contribuer volontairement au financement des projets de développement du pays.
Cette réforme s'inscrit dans le cadre d'une stratégie globale visant à augmenter les recettes fiscales du pays. Adoptée par le gouvernement malien lors du conseil des ministres du 5 février dernier, cette mesure fait partie d'un plan plus large qui prévoit une augmentation des recettes fiscales de 263 milliards FCFA (environ 438 millions de dollars) pour l'année 2025, portant ainsi l'objectif total à 2 334,5 milliards FCFA (près de 3,89 milliards de dollars), révèlent des sources locales.
L'augmentation de la taxe sur les services de télécommunications, qui passe de 5% à 7%, repose sur la forte croissance du secteur au Mali ces dernières années. Cette taxe, instaurée depuis 2012, est calculée sur la base du chiffre d'affaires des entreprises télécoms et concerne toutes les entités détenant une licence d'exploitation d'un réseau de télécommunications ouvert au public.
Un enjeu pour l'équilibre économique du pays
Les autorités maliennes justifient ces nouvelles mesures par la nécessité de renforcer les finances publiques et de soutenir des projets d'infrastructure essentiels au développement du pays. L'enjeu est de permettre au Mali de continuer à moderniser ses infrastructures et de répondre aux besoins croissants des citoyens en matière de services sociaux de base, tout en assurant une stabilité économique et fiscale à long terme, avaient relevé lors de la conférence de presse co-animée le 10 février dernier, par le premier ministre, le général de division Abdoulaye Maïga, et le ministre en charge de l'Economie et des Finances, Alousséni Sanou.
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Cependant, l'entrée en vigueur de ces taxes suscite des interrogations quant à leur impact sur les populations les plus vulnérables, qui pourraient ressentir directement l'effet de ces augmentations. Pour les opérateurs de télécommunications, le défi sera de trouver un équilibre entre leur modèle économique et la nouvelle politique fiscale sans perdre de clients ou affecter leur compétitivité.
Narcisse Angan
Publié le 06/03/25 11:50
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