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Le Nigéria a enregistré un rare moment de satisfaction dans son secteur pétrolier en juin dernier. Le pays a, pour la première fois en cinq mois, atteint son quota de production fixé par l'OPEP, Organisation des pays exportateurs de pétrole. Un fait notable dans un contexte de fortes pressions budgétaires et d'instabilité chronique dans la chaîne de production pétrolière.
Selon le rapport mensuel de l'OPEP et les données corroborées par la commission nigériane de régulation pétrolière en amont (NUPRC), la production quotidienne de pétrole brut s'est établie à 1,505 million de Barils par jour (bpj) au sixième mois de l'année, légèrement au-dessus de la limite de 1,5 million de bpj fixée par l'OPEP. A cette performance, s'ajoute la production de 191 572 bpj de condensats, portant la production totale de liquides à 1,697 million de bpj pour le mois, soit 50,9 millions de barils produits en juin. Cette hausse représente une progression de 3,58 % par rapport aux 1,453 million de bpj enregistrés au mois de mai.
Toutefois, cette embellie ne suffit pas à dissiper les préoccupations. Le budget fédéral 2025 repose sur un objectif de 2,06 millions de bpj, bien au-dessus du niveau actuellement atteint. Un écart de plus de 360 000 barils par jour qui met en lumière les limites structurelles du secteur en dépit de la stabilité relative retrouvée.
Si le gouvernement et les analystes saluent cette reprise, elle reste précaire et vulnérable. La production a fortement fluctué en juin, oscillant entre 1,61 million et 1,82 million de bpj, selon la NUPRC, reflet des perturbations continues liées à l'état vieillissant des infrastructures, les vols de pétrole en hausse, les contraintes logistiques (dépendance aux barges), et l'environnement sécuritaire toujours instable dans les régions productrices clés comme le delta du Niger.
Le Nigéria reste leader en Afrique, mais sous pression
Selon l'OPEP, le Nigéria demeure le premier producteur de pétrole brut en Afrique, devant l'Algérie (927 000 bpj). Mais ce leadership est aujourd'hui davantage un indicateur d'un potentiel non exploité qu'un gage de solidité structurelle. D'autant que l'OPEP+, élargie à ses alliés, prévoit une augmentation globale de 548 000 bpj en août 2025, une initiative qui pourrait accentuer la pression sur Abuja pour améliorer ses performances et stabiliser sa production à long terme.
En somme, l'atteinte du quota OPEP en juin est symbolique et encourageante, mais ne résout pas les défis profonds auxquels le secteur nigérian est confronté. Le gouvernement devra redoubler d'efforts pour attirer des investissements dans l'amont pétrolier, améliorer la sécurité des installations, renforcer la gouvernance et la transparence dans la gestion des recettes, et surtout, diversifier l'économie pour limiter la vulnérabilité à la rente pétrolière.
Narcisse Angan
Publié le 16/07/25 14:14
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