La plus grande raffinerie d'Afrique a évité de justesse une crise d'approvisionnement. Au Nigeria, l'Association nigériane des cadres supérieurs du pétrole et du gaz naturel (Pengassan) a accepté de mettre fin à une grève qui menaçait les opérations stratégiques de la raffinerie de Dangote. L'accord a été conclu après deux jours d'intenses discussions entre le gouvernement fédéral, les représentants syndicaux et la direction du groupe.
À l'origine du conflit, le licenciement de plus de 800 salariés, accusés par la direction d'actes de sabotage. Face à la menace de voir l'approvisionnement en brut de la raffinerie interrompu, le ministère du Travail est intervenu pour éviter une paralysie aux conséquences économiques lourdes. L'usine de Lekki, dotée d'une capacité de 650 000 barils par jour, représente en effet entre 35 et 50% de la consommation nationale d'essence.
Un arrêt prolongé aurait déstabilisé un pays qui expédie en moyenne 1,5 million de barils de pétrole brut par jour et dont la dépendance au carburant raffiné reste une vulnérabilité historique. La raffinerie, inaugurée en mai 2023, constitue l'un des piliers de la stratégie d'Abuja pour réduire ses importations et rééquilibrer sa balance commerciale.
Sous la médiation de l'État, le groupe Dangote a finalement accepté de réaffecter les travailleurs licenciés dans d'autres entités du conglomérat, tout en maintenant leur niveau de rémunération. ‘'Ce compromis préserve l'équilibre social sans compromettre la compétitivité de l'entreprise'', a indiqué le ministère du Travail dans un communiqué.
Pour les marchés, la tension sociale a néanmoins produit un signal immédiat. Les contrats à terme sur l'essence ont enregistré leur plus forte hausse par rapport au brut depuis juin, avant de se stabiliser après l'annonce de l'accord.
Un enjeu pour le Nigeria et au-delà
La raffinerie de Dangote, présentée comme la plus grande du continent et l'une des plus modernes au monde, est devenue un acteur incontournable du marché international des carburants. Elle limite désormais les importations nigérianes et exporte ponctuellement des cargaisons vers d'autres pays africains et asiatiques. ‘'L'absence d'impact majeur sur la production est rassurante mais révèle la sensibilité extrême du marché à tout risque de rupture'', souligne un analyste pétrolier basé à Londres.
À moyen terme, l'épisode met en lumière les fragilités sociales et syndicales qui peuvent peser sur un projet industriel de cette ampleur. Pour le Nigeria, dont le pétrole représente près de 90% des recettes d'exportation, garantir la stabilité de ce complexe est essentiel. Reste à savoir si les mécanismes de dialogue instaurés suffiront à prévenir de nouvelles tensions dans un secteur où les intérêts économiques, sociaux et géopolitiques s'entrecroisent.
La Rédaction
Publié le 01/10/25 13:19