Le parlement nigerian a approuvé ce 29 octobre la demande du président Bola Tinubu d'emprunter 2,85 milliards de dollars, soit 1 603 milliards FCFA, sur les marchés internationaux, incluant une première émission historique de sukuk souverain (emprunt auprès d'institutions islamiques sans taux d'intérêt), une obligation conforme à la finance islamique, marquant une diversification inédite des sources de financement du pays.
Cette opération, inscrite dans le projet de loi de finances 2025, vise à combler partiellement le déficit budgétaire tout en refinançant une euro-obligation de 1,12 milliard de dollars arrivant à échéance en novembre 2025. Cette dernière, émise en 2018 avec un coupon de 7,625%, fait partie d'un stock de dette extérieure estimé à plus de 17 milliards de dollars selon l'Office nigérian de gestion de la dette (DMO).
Dans une lettre adressée à l'Assemblée nationale le 22 septembre, le président Tinubu a précisé que le plan comprendrait 2,3 milliards de dollars de nouveaux emprunts extérieurs et 500 millions de dollars d'émission de sukuk. Il a insisté sur le fait que le Nigeria devait “préserver sa réputation d'émetteur fiable sur les marchés internationaux” tout en évitant un risque de défaut. Cette première émission internationale de sukuk représente une avancée majeure pour le Nigeria, déjà pionnier de ce type d'instruments sur le marché domestique. Depuis 2017, le pays a mobilisé avec succès 1,39 billion de nairas (près de 895 millions de dollars) via des émissions nationales destinées à financer des infrastructures routières stratégiques.
Cette fois, Abuja ambitionne de séduire les grands investisseurs de la finance islamique mondiale, en particulier au Moyen-Orient et en Asie. La Société islamique d'assurance des investissements et du crédit à l'exportation (ICIEC), membre du Groupe de la Banque islamique de développement (BID), a d'ailleurs manifesté son intérêt pour garantir partiellement l'émission.
Narcisse Angan
Publié le 29/10/25 17:47