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Le géant suisse des matières premières Glencore a déclaré un cas de force majeure sur certaines de ses livraisons de cobalt en provenance de la République démocratique du Congo (RDC), à la suite de la suspension décidée par Kinshasa sur les exportations de ce métal stratégique. Cette mesure, introduite en février pour une durée initiale de quatre mois, vise à enrayer la surabondance mondiale qui a fait plonger les cours du cobalt à leur plus bas niveau depuis neuf ans.
Trois sources proches du dossier ont confirmé à Reuters que la société, cotée à Londres, a invoqué cette clause exceptionnelle pour justifier la non-exécution partielle de certains contrats. Le cas de force majeure est un principe juridique reconnu dans les relations commerciales internationales. Il permet à une entreprise de se libérer temporairement de ses obligations contractuelles lorsqu'un événement extérieur, imprévisible et irrésistible – comme une décision gouvernementale – rend l'exécution du contrat impossible.
Bien que Glencore ait officiellement déclaré que ''tous ses clients reçoivent leurs livraisons de cobalt conformément aux termes de leurs contrats'', plusieurs sources indiquent que certains accords ont été affectés, en particulier ceux reposant sur le cobalt extrait de ses sites congolais. En 2023, le groupe helvétique a produit 35 100 tonnes de cobalt sous forme de concentrés et d'hydroxyde dans le pays, confirmant ainsi son statut de deuxième producteur mondial après le chinois CMOC.
Le cobalt, métal essentiel à la fabrication des batteries lithium-ion utilisées dans les véhicules électriques et les appareils mobiles, est majoritairement produit en RDC, qui concentre à elle seule 78 % de l'offre mondiale, soit environ 220 000 tonnes l'an dernier. Il est principalement extrait comme sous-produit de l'exploitation du cuivre.
L'interdiction d'exporter imposée par Kinshasa depuis février vise notamment à contrer la chute des prix, tombés à près de 10 dollars la livre (22 000 dollars la tonne) début 2024, conséquence d'une offre excédentaire alimentée par la montée en puissance des opérations chinoises, notamment celles du groupe CMOC, et d'une demande moindre que prévu sur le segment des véhicules électriques.
Dans ce contexte tendu, Glencore n'est pas la seule entreprise à avoir invoqué la force majeure. En mars, le groupe kazakh Eurasian Resources Group (ERG), également très actif en RDC, a pris une décision similaire. Ces annonces, combinées à l'interdiction temporaire, ont contribué à une reprise des prix, qui atteignaient 15,80 dollars la livre (34 832 dollars la tonne) au 5 juin, soit un rebond de 35 % par rapport aux plus bas enregistrés en février.
Les autorités congolaises n'ont pas encore précisé si elles comptent prolonger la suspension des exportations au-delà du 22 juin, ni si elles envisagent d'instaurer des quotas d'exportation. Dans l'attente de cette décision, les opérateurs internationaux restent suspendus aux choix de Kinshasa, dont les politiques auront un impact direct sur les chaînes d'approvisionnement mondiales et sur les recettes publiques du pays, principal acteur du marché du cobalt.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 11/06/25 16:47
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