Tony Elumelu : ‘’L’avenir de l’Afrique se joue sur le capital, l’énergie et la jeunesse’’

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Lors des 32e Assemblées annuelles d'Afreximbank, le magnat nigérian Tony Elumelu, président du conglomérat Heirs Holdings et fondateur de la Tony Elumelu Foundation, a livré une intervention vibrante, mêlant plaidoyer, expérience personnelle et vision stratégique pour le développement du continent.

À la fois homme d'affaires, philanthrope et militant de ‘'l'africapitalisme'', il a plaidé pour une alliance inédite entre secteurs public et privé afin de catalyser une transformation économique endogène, portée par la jeunesse africaine, l'investissement local et les infrastructures de base, en particulier l'accès à l'électricité.

‘'L'africapitalisme'', une doctrine pragmatique

Pour Tony Elumelu, l'africapitalisme n'est pas un slogan idéologique mais une stratégie concrète : investir dans les secteurs stratégiques du continent tout en créant de la valeur partagée. Il en donne pour preuve une transaction majeure dans le secteur pétrolier, bouclée grâce au soutien de 1,5 milliard de dollars d'Afreximbank, malgré les réticences initiales de partenaires étrangers. ‘'Sans l'intervention rapide d'Afreximbank, cette acquisition n'aurait jamais eu lieu'', insiste-t-il. Résultat, sa société produit aujourd'hui plus de 58 000 barils par jour, se positionnant comme le premier producteur nigérian, devant même les majors.

Ce cas illustre une conviction forte selon laquelle la finance africaine peut et doit accompagner les entrepreneurs locaux dans des secteurs transformateurs, comme l'énergie, en leur fournissant du capital patient, rapide et discipliné.

‘'Ce que nous avons fait avec Afreximbank, c'est plus qu'un deal. C'est un modèle de souveraineté économique'', a-t-il renchéri.

L'accès à l'électricité, une priorité non négociable

Tony Elumelu ne mâche pas ses mots : ‘'Sans électricité, il n'y a pas d'IA, pas d'innovation, pas d'industrialisation''. Pour lui, il est inutile de fantasmer sur le numérique ou l'intelligence artificielle tant que l'accès à l'énergie reste un privilège sur le continent.

Il exhorte donc les gouvernements, les institutions financières panafricaines et les partenaires techniques à faire du secteur énergétique une priorité stratégique, à l'instar d'Afreximbank qui, selon lui, a prouvé que le financement ciblé pouvait débloquer des transformations systémiques.

Les jeunes Africains au cœur de la transformation

C'est sans doute sur ce point que l'homme d'affaires est le plus passionné, le potentiel immense de la jeunesse africaine, trop souvent marginalisée. À travers sa fondation (Tony Elumelu Foundation), il a déjà formé un million de jeunes et attribué des capitaux de démarrage à 21 000 entrepreneurs dans les 54 pays africains. ‘'Nous avons misé sur eux parce que la pauvreté est une menace pour notre paix, et parce qu'aucune société ne peut avancer en laissant sa jeunesse au bord du chemin'', déclare-t-il avec gravité.

Face à un public attentif, il a proposé même un modèle reproductible de financement de la jeunesse africaine, notamment dans les industries créatives souvent ignorées par les banques traditionnelles. ‘'Les artistes, les musiciens, les cinéastes ont besoin de capital, mais aussi de protection juridique. Les banques ne les comprennent pas. Nous, oui'', affirme-t-il, en appelant à la création de mécanismes de financement adaptés à ces secteurs porteurs.

Gouvernements, banques, institutions, la fin des silos

Pour Tony Elumelu, la clef du changement réside dans la collaboration fluide entre tous les acteurs du développement. Il note une évolution positive dans certains pays africains où les gouvernements, plus ouverts au secteur privé, facilitent désormais les transactions. ‘'Nous avons besoin de gouvernements qui ne se sentent pas menacés par le secteur privé, mais qui le considèrent comme un partenaire essentiel.''

Il martèle que le soutien aux investisseurs locaux est la meilleure publicité pour les investisseurs étrangers. ‘'Si les nationaux investissent, les étrangers suivront.''

L'humain, au centre de tout

Au-delà de l'économie, Tony Elumelu rappelle que le développement n'a de sens que s'il touche les vies. ‘'Quel est le sens de la croissance si elle ne change pas la vie des gens ?'', interroge-t-il. Il milite pour une approche inclusive, qui place l'humain, la dignité et les aspirations de chacun au cœur des politiques économiques.

À la question finale sur sa postérité, Tony Elumelu répond sans détour : ‘'Je veux être reconnu comme celui qui a contribué à créer de la prospérité pour les autres''. Un mantra qui résume à lui seul une vision de l'Afrique où le succès économique n'est pas une exception, mais une stratégie reproductible et partagée.

Envoyé spécial à Abuja, Nigéria

Dr Ange Ponou

Publié le 02/07/25 15:53

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