Transport vert : L’Afrique de l’Est et du Centre activent 3 projets structurants à fort impact

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Frédéric MAO, conseiller principal au Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), initiateur desdites tables rondes

Accélérer la mise en œuvre d'infrastructures de transport sobres en carbone, durables et bancables, tel est l'enjeu des tables rondes régionales sur le financement climatique, organisées ces 9 et 10 juin 2025 à Addis-Abeba, en Ethiopie. Coordonné par le Département Infrastructure et Énergie de la Commission de l'Union africaine (CUA), avec l'AUDA-NEPAD, la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique et la GIZ, cet événement a réuni décideurs publics, institutions financières, experts techniques et partenaires au développement autour de trois projets phares en Afrique de l'Est et du Centre.

‘'Ces sessions ne sont pas des conférences de donateurs. Personne n'est censé signer un chèque, sauf si l'envie lui prend'', a lancé avec humour Frédéric MAO, conseiller principal au Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PIDA), initiateur de ces rencontres, en ouverture des échanges. ‘'L'objectif est de faire progresser la structuration, la bancabilité et l'alignement climatique de projets régionaux majeurs'', a-t-il poursuivi.

Trois corridors, un même objectif : intégration et résilience climatique

Ce projet ambitionne de créer une voie navigable multimodale d'environ 5 500 km reliant le Lac Victoria à la Méditerranée. Il vise à améliorer l'intégration régionale, à offrir aux pays enclavés un accès compétitif aux marchés mondiaux et à favoriser un mode de transport plus respectueux du climat.

Tous les pays du bassin du Nil sont concernés par ce projet, notamment le Burundi, la RDC, l'Égypte, le Rwanda, le Soudan, l'Ouganda et la Tanzanie.

Ce projet vise à améliorer l'intégration régionale en facilitant l'accès des pays enclavés grâce à la baisse des coûts logistiques et à la levée des barrières commerciales. Il soutient également le développement du transport fluvial à faibles émissions, contribuant à la réduction des gaz à effet de serre, tout en stimulant le développement socio-économique local et la création d'emplois.

Le coût total du projet est estimé entre 8 et 12 milliards de dollars, dont 9,6 millions sont requis à court terme pour finaliser les études de faisabilité (Phase 2).

Le projet de conversion à écartement standard (1 435 mm) du corridor ferroviaire Mombasa–Nairobi–Malaba–Kampala–Kigali vise à moderniser les infrastructures ferroviaires reliant le port de Mombasa (Kenya) à l'Ouganda et au Rwanda. L'objectif est de remplacer les anciennes voies métriques coloniales par une infrastructure plus rapide, plus sûre et plus performante.

Ce projet devrait permettre de diminuer sensiblement les coûts de transport tout en réduisant la dépendance au réseau routier. Il contribuera à renforcer l'intégration régionale, à dynamiser le commerce intra-africain et à abaisser jusqu'à 75% les émissions de gaz à effet de serre par rapport au transport routier.

Un besoin immédiat de financement est identifié pour la section Malaba–Kampala, estimé à 2,7 milliards d'euros. Des études de faisabilité et des travaux préliminaires sont en cours sur les autres tronçons, notamment en Ouganda et au Rwanda.

Ce projet de chemin de fer à écartement standard électrique du Corridor central reliera le port de Dar es Salaam (Tanzanie) aux pays enclavés voisins (Burundi, Rwanda, RDC), offrant une alternative bas carbone au transport routier.

Parmi les bénéfices attendus figurent une baisse estimée à 40% des coûts de transport pour le Burundi, un renforcement de la sécurité et de la fiabilité des corridors logistiques, ainsi que la possibilité d'acheminer annuellement 3 millions de tonnes de minéraux depuis le Burundi. Le projet facilitera également les exportations de minerais stratégiques de la RDC, tout en permettant une réduction cumulative des émissions de CO₂ évaluée à 8 millions de tonnes sur une période de 30 ans.

La phase II comprenant le lot 2 (Uvinza–Musongati) représente un coût d'environ 1,04 milliard de dollars. La mise en place d'un mécanisme innovant de financement vert incluant des crédits carbone, en collaboration avec le Green climate fund (GCF) est également prévue.

‘'Ce processus repose sur la co-construction. Les institutions financières sont invitées à intervenir dès le départ. Où sont les failles de structuration ? Où le risque reste-t-il trop élevé ? Quelles conditions permettraient de reproduire ces modèles ailleurs ?'', a souligné Frédéric MAO. Il a notamment insisté sur l'importance du ‘'blended finance'', combinant outils concessionnels, garanties et assistance technique, pour attirer le capital privé vers des projets complexes mais vitaux.

Les trois projets s'inscrivent dans les grands cadres de développement durable — Agenda 2063, ODD, Accord de Paris, Contributions déterminées au niveau national — ainsi que dans les priorités climatiques de la Banque africaine de développement. Leur succès dépendra d'un soutien international fort, notamment via les fonds climat et les marchés carbone.

Les recommandations issues de ces tables rondes alimenteront la note politique de la CUA sur l'amélioration de la préparation des projets, et serviront d'entrée technique au Sommet de financement de Luanda, prévu fin 2025.

Envoyé spécial à Addis-Abeba, Ethiopie

Dr Ange Ponou

Publié le 11/06/25 18:49

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