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Passé au crible par le Fonds monétaire international (FMI), le système bancaire de l'UMOA a laissé entrevoir un visage plutôt reluisant.
En effet, par le biais d'une étude intitulée "Note technique sur les stress tests, la concentration du crédit et les risques de taux d'intérêt" et publiée le 25 août 2022, l'institution de Bretton Woods a fait ressortir un système bancaire relativement résilient aux chocs de croissance économique et d'inflation.
Toutefois, le Programme d'évaluation du secteur financier (FSAP – Financial assessment program) de l'UMOA mis ainsi en place par le FMI, a révélé que le degré élevé de concentration de crédit et l'insuffisance de liquidité des banques constituent les principaux risques du système financier de l'Union.
Dans le détail, 3 types de risques ont été analysés au moyen de tests de résilience (stress tests) à l'effet de détecter les vulnérabilités du secteur financier, d'informer les décideurs publics sur les risques et coûts macrofinanciers encourus afin de mettre en place une surveillance ciblée du secteur bancaire et d'imposer des mesures préventives. Il s'agit du risque de crédit, du risque de taux d'intérêt et du risque de concentration.
Risque de crédit modéré
Au niveau du risque de crédit, les résultats des tests ont montré un effet significatif de la détérioration des conditions économiques sur la rentabilité du système bancaire et son ratio de capital moyen.
En outre, l'étude a identifié 20 banques fragiles et une trentaine de banques vulnérables. "Un peu moins de 20 banques, parmi les 100 incluses dans le stress test, sont déjà en dessous des seuils réglementaires de fonds propres dans les conditions les plus favorables", a-t-elle poursuivi.
Par ailleurs, les résultats du stress test de solvabilité ont indiqué que les capitaux nécessaires pour recapitaliser le système bancaire afin de respecter l'exigence minimale de fonds propres après un choc sont modérés, allant de l'ordre de 0,5 et 1,2% du PIB régional.
Les besoins éventuels de recapitalisation sont similaires d'un pays à l'autre – entre 0,5 et 1% du PIB régional, sauf pour la Guinée-Bissau et le Togo, pour lesquels les coûts sont plus proches de 3% du PIB national, en raison de vulnérabilités spécifiques et de la taille relativement plus importante du secteur bancaire de ces deux pays.
Risque de taux d'intérêt limité
Concernant le risque de taux d'intérêt, on note qu'il est modélisé par l'impact de l'inflation sur la rentabilité des banques dans différents scénarios. Ainsi, il est ressorti que le montant des fonds propres nécessaires aux banques pour satisfaire aux exigences minimales de fonds propres à la suite d'un choc inflationniste est modéré (de l'ordre de 0,6 à 1,5% du PIB régional).
Risque de concentration élevé
Le risque de crédit, qui peut être amplifié par la concentration du crédit, est le risque le plus important auquel est confronté le secteur bancaire de l'UMOA. Pour preuve, plus d'un tiers des banques de l'Union dépassent la norme de couverture de 55% des fonds propres de leur plus grande exposition, tandis que deux tiers d'entre elles sont en dessous de 25% en couverture des fonds propres.
Dans la même veine, plus de 75% des banques ont des réserves de fonds propres insuffisantes pour faire face à leur exposition la plus importante.
En revanche, le capital nécessaire pour couvrir le risque de concentration reste modéré au niveau régional mais demeure important pour quelques pays. Ainsi, les besoins de recapitalisation vont de 1,5% du PIB national pour l'économie la plus importante et la plus diversifiée de l'UEMOA (la Côte d'Ivoire) à environ 7% pour le Sénégal et le Togo (les secteurs bancaires les plus importants en termes de PIB national).
En guise de recommandation, le FMI souligne que des fonds propres supplémentaires devraient être exigés pour les banques fragiles afin de couvrir le risque de concentration. Parallèlement, des capitaux supplémentaires devraient également être exigés afin de couvrir le risque de taux d'intérêt.
Dr Ange Ponou
Publié le 30/08/22 17:03
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