''Trade, not aid'' : Quand l'administration Trump décline la nouvelle politique américaine en Afrique

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L'ambassade des États-Unis à Abidjan a accueilli un sommet d'affaires organisé par l'American Chamber of Commerce (AMCHAM) le 14 mai dernier en présence de plusieurs membres du gouvernement ivoirien. Une occasion au cours de laquelle Troy Fitrell, haut responsable au Bureau des Affaires africaines du Département d'État américain, a prononcé un discours qui pourrait bien marquer un tournant décisif dans les relations entre les États-Unis et le continent africain. L'administration Trump, a-t-il annoncé, entend rompre avec l'approche paternaliste qui a longtemps dominé la politique africaine de Washington. L'Afrique n'est plus considérée comme un continent à secourir, mais comme un partenaire stratégique, doté d'un immense potentiel commercial.

Fitrell n'a pas mâché ses mots. L'Afrique, a-t-il rappelé, sera en 2050 le foyer d'un quart de la population mondiale, soit 2,5 milliards d'habitants, pour un pouvoir d'achat estimé à plus de 16 000 milliards de dollars. Pourtant, les échanges commerciaux entre les États-Unis et l'Afrique subsaharienne stagnent depuis deux décennies, représentant moins d'un pour cent du commerce extérieur américain. Ce constat, jugé inacceptable, a motivé une refonte complète de l'approche américaine. Pour Fitrell, il est temps de mettre fin à une politique qui a trop longtemps privilégié l'assistance au détriment de l'engagement économique. Le slogan ''Trade, not aid'', souvent brandi mais rarement appliqué, devient désormais une doctrine officielle de l'administration Trump.

La nouvelle stratégie repose sur une série d'actions concrètes, tournées vers un objectif clair : faire des États-Unis un acteur commercial de premier plan en Afrique. Fitrell a expliqué que la diplomatie américaine fera désormais du soutien aux entreprises une priorité centrale. Les ambassadeurs seront évalués selon leur capacité à décrocher des contrats pour les entreprises américaines, et les résultats sont déjà au rendez-vous : en l'espace de 100 jours, 33 accords commerciaux représentant 6 milliards de dollars ont été conclus sur le continent.

Voir aussi- Angola, Afrique du Sud, Côte d'Ivoire, … : Ces pays africains lourdement taxés par l'administration Trump

Parallèlement, Washington entend accompagner les gouvernements africains qui s'engagent à réformer leur environnement des affaires. Les États jugés prêts à adopter les réformes nécessaires seront mis en lumière lors du prochain Sommet des leaders États-Unis-Afrique. L'administration Trump souhaite également soutenir des projets d'infrastructure à forte valeur ajoutée, à l'opposé des chantiers de prestige souvent associés à la diplomatie chinoise. Ces projets devront être économiquement viables, porteurs de croissance et alignés avec les intérêts du secteur privé américain.

Troy Fitrell, responsable au Bureau des Affaires africaines du Département d'État américain, à l'extrême droite.

Fitrell a également annoncé une intensification des visites diplomatiques axées exclusivement sur le commerce, incluant systématiquement des représentants du secteur privé. Ces missions ciblent des pays offrant des opportunités concrètes, plutôt que de simples intentions politiques. Il s'agit aussi de connecter davantage d'entreprises américaines notamment les petites et moyennes structures exportatrices aux marchés africains, aujourd'hui encore largement méconnus de nombre d'entre elles.

Le haut responsable américain a reconnu que les outils de financement et de promotion du commerce des États-Unis doivent eux aussi être modernisés. Trop lents, trop fragmentés, mal adaptés à la concurrence chinoise ou russe, ils font l'objet d'une refonte urgente. Les agences concernées, a-t-il assuré, sont déjà à pied d'œuvre pour simplifier les procédures, offrir des conditions plus souples et prendre davantage de risques.

Au-delà de ces réformes, Fitrell a lancé un appel à l'audace. Les entreprises américaines doivent oser s'aventurer en Afrique, et investir non seulement en capitaux, mais aussi en temps. De leur côté, les partenaires africains devront garantir un cadre réglementaire stable, jouer la carte de la transparence et accepter de payer le prix – souvent plus élevé – des produits américains. ''Acheter américain, c'est acheter de la qualité, de l'innovation, du transfert de compétences et des emplois bien rémunérés'', a-t-il plaidé.

Le ton est donné : l'ère des relations déséquilibrées semble toucher à sa fin. Place à une relation d'égal à égal, fondée sur les intérêts partagés, la rigueur économique et une ambition commune de croissance. Le prochain Sommet des leaders États-Unis-Afrique, prévu dans le courant de l'année, devrait en fournir la première démonstration concrète.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 28/05/25 10:14

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