Angola, Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, … : Ces pays africains lourdement taxés par l’administration Trump

BRVMC0000000 - BRVMC
La BRVM Ouvre dans 55h46min

C'est un véritable coup de tonnerre dans le ciel déjà chargé du commerce international. Fidèle à sa rhétorique nationaliste et protectionniste, le président américain Donald Trump a annoncé une nouvelle salve de mesures tarifaires qui frappe de plein fouet plus de 180 pays, dont 45 États africains. L'initiative, présentée comme une politique de “droits de douane réciproques”, vise à “restaurer la gloire économique de l'Amérique”, selon les mots du président, et à riposter contre ce qu'il considère comme des pratiques commerciales injustes et pénalisantes pour les intérêts américains.

Voir aussi - L'élection de Donald Trump : Quel impact sur les entreprises de la BRVM ?

''Le jour de la libération est arrivé'', a proclamé Trump dans un discours musclé, expliquant que les pays imposant des taxes élevées sur les produits américains se verront appliquer des droits de douane équivalents, voire supérieurs. L'objectif : corriger les déséquilibres, renforcer la production nationale et accroître les recettes publiques. Résultat : à défaut d'accords bilatéraux spécifiques, tous les pays concernés seront désormais soumis à un droit de douane plancher de 10% sur toutes leurs exportations vers les États-Unis.

Voir aussi - Quels pays africains risquent d'être impactés par les droits de douane de Trump ?

Mais pour certains, la note est bien plus salée. Madagascar écope du tarif le plus élevé du continent, avec 47%, suivi du Botswana (37%) et de l'Angola (32%). L'Afrique du Sud et l'Algérie, pourtant classées parmi les principales économies africaines, ne sont pas épargnées, avec une taxe fixée à 30%.

La Côte d'Ivoire, plus lourdement taxée que le Nigéria

En Afrique de l'Ouest, la Côte d'Ivoire apparaît comme le pays le plus durement sanctionné, avec un taux de 21%, loin devant le Nigéria, deuxième économie du continent, taxé à 14%. Les autres pays de la sous-région, notamment ceux de l'UEMOA, sont soumis à la taxation minimale de 10%.

Ce niveau de taxation pose la question de la compétitivité des produits ivoiriens sur le marché américain, notamment dans les secteurs des matières premières agricoles, voire de l'agro-industrie.

Voir aussi - UEMOA : La Côte d'Ivoire, seul pays en excédent commercial avec les USA

Pour Donald Trump, cette approche, qu'il qualifie ironiquement de ''gentille'', est censée forcer les pays ciblés à revenir à la table des négociations, dans l'optique de conclure des accords commerciaux bilatéraux plus favorables aux intérêts américains. Mais pour de nombreux pays en développement, cette politique pourrait fragiliser leurs industries exportatrices, souvent dépendantes de l'accès au marché américain.

Voir aussi - La politique commerciale de Donald Trump stimule le trading de devises

Selon Josh Lipsky, directeur du GeoEconomics Center de l'Atlantic Council qui s'est exprimé sur son compte X, ces droits de douane sont conçus pour jouer sur plusieurs tableaux : outil de pression diplomatique, levier budgétaire et mécanisme de réindustrialisation. ''On demande à ces tarifs douaniers de faire beaucoup de choses : servir de levier de négociation, générer des milliers de milliards de dollars de revenus, et relocaliser la production. Mais c'est une stratégie à haut risque'', explique-t-il.

Au moment où plusieurs pays africains s'emploient à diversifier leurs partenaires économiques, la politique tarifaire américaine pourrait paradoxalement accélérer le recentrage du continent vers d'autres blocs commerciaux, notamment la Chine, l'Union européenne ou encore les pays du Golfe. A moins que des négociations ne changent entre temps la donne. Cette évolution pourrait en outre inciter les Etats du continent à accélérer la mise en œuvre de la ZLECAf, l'option la plus souhaitable pour la région alors que la tentation au protectionnisme pourrait se faire plus grandes dans les autres grands débouchés de l'Afrique.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 03/04/25 08:08

SOYEZ LE PREMIER A REAGIR A CET ARTICLE

Pour poster un commentaire, merci de vous identifier.

lklNyWBN7s265mWkLuLsXSIaUslbQd_yg0i9MJMhdWw False