Après un défaut sur ses obligations, le Congo évoque un dysfonctionnement technique

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                                        Denis Sassou Nguesso, Président du Congo

Les 27 et 29 août dernier, le Congo-Brazzaville n'est pas parvenu à honorer deux échéances sur ses obligations en monnaie locale (franc CFA) sur le marché régional de la dette publique, selon le média EcoMatin qui cite une correspondance du directeur général du Trésor de ce pays adressée au ministre des Finances.

"J'ai l'honneur de porter à votre connaissance que, suite aux incidents de paiement intervenus du 27 au 29 août 2024 à hauteur de 30 604 705 800 FCFA, aucune émission ne peut être réalisée pour la semaine du 02 au 05 septembre 2024", peut-on lire. Toujours selon la correspondance, l'impossibilité du pays à réaliser de nouvelles émissions condamne Brazzaville à un nouveau défaut de paiement puisqu'il est attendu cette semaine pour le règlement de 21,3 milliards FCFA de dettes. C'est la première fois depuis l'instauration du marché des titres publics en 2011 qu'un paiement manqué est officiellement déclaré.

"Dysfonctionnement technique"

L'annonce a suscité des inquiétudes au sein de la communauté des investisseurs, puisque le Congo est le plus gros émetteur de dette sur le marché régional des titres publics, avec un encours de 2 297 milliards FCFA au 31 mars 2024, soit 35 % de l'encours global.
Dans un communiqué publié ce 04 septembre, le Ministre des Finances du Congo, Jean Baptiste Ondaye, explique que ce défaut est dû à un "dysfonctionnement technique qui peut survenir dans le fonctionnement quotidien des services financiers". Pour tenter de rassurer la communauté des investisseurs, le membre du gouvernement indique que la situation a été régularisée et réitère la ferme volonté de son pays à "respecter ses engagements financiers".

Voir aussi : Congo : La dette publique frôle les 100% du PIB

Quoi qu'il en soit, c'est la deuxième fois cette année que le Congo se trouve en incapacité de régler sa dette financière. Au premier semestre, le pays a accumulé 28,4 milliards FCFA d'arriérés sur sa dette extérieure. Il s'agit d'un remboursement qu'était censé effectuer Brazzaville sur sa dette due à la Libye en mars 2024 et qui n'a été réalisé qu'en juin, dépassant largement le délai de grâce de 30 jours accordé par les agences de notation avant de considérer la créance comme impayée. Les autorités avaient également expliqué que ces retards étaient dus à “des problèmes administratifs échappant au contrôle du Congo” pour justifier cette situation.

Voir aussi : Le Congo se rattrape après un paiement manqué de 28,5 milliards FCFA sur sa dette extérieure

Au-delà des raisons officielles, l'accumulation des retards dans le remboursement de la dette traduit des tensions persistantes de Trésorerie. Au 31 décembre 2024, le taux d'endettement du Congo était de 99 %, alourdi par de colossaux arriérés intérieurs (24 % du PIB à fin 2023). Pour maintenir son niveau d'endettement viable, Brazzaville s'est dotée d'une stratégie à moyen terme qui consiste à apurer progressivement ses arriérés et à réduire la demande de financement sur le marché domestique. " Nous nous attendons à ce que le gouvernement réponde à ces besoins de financement grâce à une combinaison d'excédents budgétaires et de décaissements du FMI, de la Banque mondiale et de la France ", indique Fitch Ratings dans un communiqué publié le 30 août dernier. L'agence américaine estime même qu'avec cette stratégie d'apurement des créances intérieures, le ratio dette/PIB du Congo devrait diminuer à 90,4 % du PIB en 2024 et à 86,1 % en 2025.

Voir aussi : Face à une dette devenue ‘'insoutenable'', Fitch maintient le Congo au bord du défaut de paiement

Il faudra scruter avec attention la réaction des investisseurs après cette succession d'événements qui ne cessent d'entacher la crédibilité d'un Congo qui veut redorer son image sur les marchés financiers. Rappelons qu'en 2016 et 2017, le pays a enregistré deux défauts consécutifs sur son unique euro-obligation, ce qui avait été sanctionné immédiatement par les agences de notation.

Cédrick JIONGO

La Rédaction

Publié le 04/09/24 16:11

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