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Fitch a confirmé, ce 30 juin, la note de crédit à long terme de Banque africaine de développement (BAD) à ‘'AAA'' avec perspectives stables, la plus haute sur l'échelle de qualité financière. Dans un contexte mondial marqué par l'incertitude économique, cette décision constitue un puissant signal de confiance dans la solidité financière et institutionnelle de la BAD, mais aussi dans la résilience de son modèle économique. C'est aussi un message rassurant pour les marchés internationaux de capitaux.
Pourquoi cette notation ‘'AAA'' est importante ?
La note ‘'AAA'' signifie que Fitch considère la probabilité de défaut de la BAD comme extrêmement faible. En d'autres termes, l'institution inspire une confiance maximale aux investisseurs, ce qui lui permet d'emprunter à moindre coût sur les marchés financiers internationaux. Ces ressources sont ensuite réinvesties dans des projets de développement à travers le continent africain dans les domaines d'infrastructures, des énergies renouvelables, de la santé, de l'éducation, etc.
En maintenant cette note au plus haut niveau, malgré les fragilités économiques de certains États africains et les tensions géopolitiques mondiales, Fitch souligne la solidité des fondamentaux de l'institution financière panafricaine.
Une force adossée à ses actionnaires
Ce rating ‘'AAA'' repose d'abord sur le soutien exceptionnel des actionnaires non régionaux de la BAD, représentés par des pays comme l'Allemagne, le Canada, la France, le Japon ou encore le Royaume-Uni, tous notés eux-mêmes ‘'AAA''. Leur engagement, notamment à travers le ‘'capital appelable'' (c'est-à-dire le capital que ces États s'engagent à verser en cas de besoin), renforce considérablement la crédibilité de la BAD.
Fitch estime que la couverture de la dette nette de la banque par le capital exigible restera intégralement assurée jusqu'en 2027, grâce notamment à une augmentation significative de capital approuvée en 2024. Cette garantie protège l'institution financière contre d'éventuels chocs de liquidité ou de solvabilité.
Une gestion exemplaire du capital
La BAD affiche également des indicateurs de capitalisation excellents, renforcés par de nouveaux versements de capital et l'émission innovante de 750 millions de dollars de dette hybride (traitée comme quasi-fonds propres par Fitch). Résultat, le ratio des fonds propres utilisables sur les actifs pondérés par les risques a progressé à 60% fin 2024, bien au-delà du seuil de 35% qui correspond déjà à un niveau jugé ‘'excellent''.
Ces performances témoignent d'une gestion rigoureuse, avec un pilotage prudent du portefeuille de prêts et une anticipation des besoins futurs en capital.
Maîtrise du risque dans un environnement complexe
Si le profil de risque de la BAD reste structurellement exposé à des pays à faible revenu, sa gestion des risques est saluée comme prudente et disciplinée. À fin 2024, les prêts non performants (essentiellement dans le secteur privé) ont chuté à 1,9%, grâce à une amélioration marquée des portefeuilles non souverains. La part des États en défaut est extrêmement marginale, seul le Zimbabwe, représentant moins de 1% des prêts souverains, est encore en arriérés.
Par ailleurs, des dispositifs novateurs comme Room2Run, un mécanisme de transfert de risque, ont permis de réduire l'exposition directe de la banque à certains portefeuilles plus risqués.
Une liquidité abondante et bien notée
Fitch qualifie le profil de liquidité de la BAD d'''excellent'', un critère déterminant dans l'évaluation d'une institution financière. Fin 2024, les actifs liquides représentaient quatre fois la dette à court terme de la banque, avec 80% de ces actifs notés ‘'AA-‘' ou mieux. En tant qu'émetteur régulier sur les marchés obligataires internationaux, la banque conserve ainsi une capacité immédiate à faire face à ses obligations, même dans un contexte de tension sur les marchés.
Les performances de la BAD ne s'expliquent pas uniquement par des chiffres. L'agence de notation reconnaît également l'importance des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) dans la robustesse de la banque. La structure de gouvernance a été améliorée, et la banque bénéficie d'un rôle institutionnel crucial, notamment à travers le Fonds africain de développement. Cela renforce l'engagement des actionnaires et légitime la mission de la BAD dans le financement du développement inclusif.
Toutefois, Fitch estime qu'une dégradation de la couverture de la dette par le capital appelable (en dessous de 100%), une hausse excessive du risque de crédit ou une dégradation significative des ratios de capitalisation pourraient entraîner une révision à la baisse de la note.
Mais pour l'heure, la BAD affiche des marges de sécurité importantes, et sa stratégie vise à préserver ces équilibres à moyen terme.
Dr Ange Ponou
Publié le 02/07/25 08:28
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