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La délégation ministérielle reçue à la chambre de Commerce américaine, la plus grande organisation patronale au monde.
Après New York, la Côte d'Ivoire a poursuivi son roadshow économique au cœur du centre décisionnel américain, Washington DC, dernière étape de cette tournée de promotion de son secteur extractif. Mamadou Sangafowa Coulibaly, ministre des Mines, du Pétrole et de l'Énergie, y a bénéficié d'un accueil de haut niveau, témoignage de l'intérêt croissant des États-Unis pour un pays qui se positionne comme un futur acteur majeur des ressources extractives en Afrique.
Le 18 mars, le ministre et sa délégation ont été reçus avec les honneurs au State Department, l'équivalent du ministère des Affaires étrangères américain. Lors de son passage au Bureau des ressources naturelles, il a une fois de plus mis en avant les opportunités du sous-sol ivoirien, illustrant ses propos par la carte géologique du pays, qui révèle un potentiel encore largement sous-exploité. " Au cours de la prochaine décennie, nous avons le potentiel de figurer parmi les cinq plus grands producteurs d'hydrocarbures et de devenir le premier producteur d'or en Afrique ", a déclaré Mamadou Sangafowa Coulibaly, soulignant l'importance d'attirer les sociétés américaines dans ce qui peut être considéré comme un nouvel eldorado minier et pétrolier.
Un plaidoyer pour dérocher des financements
La veille, la délégation ivoirienne avait déjà enchaîné des séances de travail avec EXIM Bank – la banque d'import-export américaine – et la Development Finance Corporation (DFC), l'agence de financement du développement. L'enjeu principal de ces discussions portait sur la mobilisation de fonds pour accompagner les entreprises américaines intéressées par des projets extractifs en Côte d'Ivoire, mais aussi pour financer des infrastructures essentielles au développement de la filière.
Le ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly avec des responsables de EXIM, la banque d'import-export américaine
Outre les projets économiquement rentables, la Côte d'Ivoire cherche également à obtenir des financements pour des infrastructures structurantes, indispensables au bon fonctionnement de l'ensemble de la chaîne de valeur du secteur extractif. Une démarche bien appréciée par les deux institutions, qui ont exprimé leur disposition à financer des infrastructures faisant appel au savoir-faire et à la technologie américains. Au niveau de la DFC, il a été convenu que des discussions plus approfondies seront poursuivies au sein de la représentation régionale d'Abidjan, afin d'aboutir au plus tôt à des accords.
Mobilisation du secteur privé
En parallèle des discussions institutionnelles, Mamadou Sangafowa Coulibaly a tenu à rencontrer la communauté d'affaires américaine afin de donner un écho plus large aux ambitions ivoiriennes et d'accélérer les négociations en cours avec plusieurs entreprises. À cet effet, une table ronde a été organisée au siège de l'US Chamber of Commerce, la plus grande organisation patronale au monde, située à proximité de la Maison Blanche.
Lors de cette rencontre, le ministre a exposé les perspectives de croissance du secteur extractif ivoirien, en insistant sur l'évolution rapide de la production pétrolière, actuellement estimée à 60 000 barils par jour grâce au gisement Baleine, et qui devrait atteindre plus de 200 000 barils d'ici 2027. Il a également détaillé les projets en infrastructures, qui couvrent la production énergétique, le raffinage, le stockage et le transport des hydrocarbures, ainsi que le renforcement des infrastructures portuaires.
Kendra Gaither, présidente de l'US-Africa Business Center, a salué la transparence et l'efficacité du dialogue instauré par le ministre, soulignant que les réformes en cours en Côte d'Ivoire constituent un atout majeur pour attirer les investisseurs américains. Elle a insisté sur l'intérêt croissant des entreprises américaines pour les minéraux critiques, un enjeu stratégique dans la transition énergétique mondiale, et un segment sur lequel la Côte d'Ivoire commence à se positionner.
Le ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly lors de la séance de travail au State Département avec le Bureau américain en charge des ressources naturelles
" Nous avons découvert un ensemble impressionnant de projets ainsi qu'une vision forte sur le rôle que peut jouer le secteur privé américain. La présentation nous est apparue très convaincante. J'ai noté (…) un engagement à accompagner les investisseurs grâce à un processus accéléré, une transparence accrue et également l'ouverture aux entreprises opérant de manière éthique. Nous apprécions cette approche ", a déclaré Kendra Gaither, présidente de l'US-Africa Business Center.
" Personnellement, a-t-elle poursuivi, je pense que tous les projets sont intéressants. Nous sommes à un moment où les entreprises recherchent des opportunités, notamment dans les minéraux critiques, un point que le ministre a particulièrement souligné. "
Cette vision a été partagée par plusieurs acteurs économiques présents, qui ont apprécié la dynamique proactive du gouvernement ivoirien. Dr Guevera Yao, vice-président de l'US-Africa Business Center, a rappelé que les investisseurs américains privilégient traditionnellement les pays anglophones d'Afrique, mais que la Côte d'Ivoire commence à inverser cette tendance. " Le CEPICI (agence de promotion des investissements, NDLR) a ouvert un bureau américain (l'American Desk) pour mieux accompagner les investisseurs, mais il faut également saluer cette tournée du ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly, qui permet des rencontres directes pour présenter des projets. Cela facilite la compréhension du marché ivoirien et contribue grandement à faire évoluer les mentalités au niveau des hommes d'affaires ici ", a-t-il souligné.
Alimenter la réflexion stratégique
Au Brookings Institute, un think tank vieux de plus de 100 ans, qui fait autorité au niveau mondial en matière de recherche et d'analyse des politiques publiques économiques, le ministre a eu une séance de travail avec Brahima Coulibaly, vice-président et directeur du Programme Économie mondiale et développement. Il était accompagné du professeur Landry Signé, chercheur principal au sein dudit programme et spécialiste de l'Afrique.
Le Brookings Institute, le think tank le plus réputé au monde, va accompagner la Côte d'Ivoire dans le cadre des réflexions visant à adopter les meilleurs pratiques en matière de gouvernance des ressources extractives.
" Le ministre nous a signifié que la Côte d'Ivoire cherche à s'inspirer des meilleurs exemples en matière d'exploitation des ressources extractives afin d'en tirer le maximum de profit pour son économie et sa population. À la suite de ces échanges, nous avons convenu de partager avec les équipes techniques du ministère toutes les recherches réalisées dans ce domaine et de poursuivre les discussions autour des meilleures pratiques à mettre en œuvre. Également, nous allons voir aussi dans quelle mesure nous pouvons aider à sécuriser les financements pour les projets portés par le ministre ", a expliqué Brahima Coulibaly, économiste ivoirien qui a notamment siégé durant près de quinze ans au Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale.
Une rencontre qui s'inscrit dans la continuité des échanges engagés avec Atlantic Council. La veille, le 17 mars, une audience avait été accordée à Rama Yade, directrice de l'Africa Center, le département Afrique du think tank. L'ancienne ministre française avait alors exprimé sa volonté de renforcer la coopération avec la Côte d'Ivoire, notamment dans le domaine des ressources naturelles.
Avec cette dernière étape à Washington, la Côte d'Ivoire a consolidé son positionnement sur la scène économique américaine, en affirmant son attractivité auprès des investisseurs et institutions financières de premier plan. Le roadshow du ministre Mamadou Sangafowa Coulibaly aura permis d'ouvrir des discussions stratégiques, aussi bien avec des entreprises privées qu'avec des organismes de financement, autour de projets clés pour l'essor du secteur extractif ivoirien. Des échanges qui augurent de bonnes perspectives pour le pays.
Envoyé spécial à Washington DC, Etats-Unis
Jean Mermoz Konandi
Publié le 20/03/25 12:56
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