L'Afrique vient de perdre un accès commercial privilégié aux États-Unis. L'expiration, ce 30 septembre, de l'African Growth and Opportunity Act (AGOA), ce dispositif qui permettait à 32 pays du continent d'exporter plus de 1 800 produits en franchise de droits, pourrait bouleverser l'équilibre fragile de nombreuses économies dépendantes de ce débouché.
Adopté en 2000 sous l'administration Clinton, l'AGOA avait pour ambition de stimuler la croissance, d'encourager la démocratie et de renforcer les partenariats économiques entre Washington et l'Afrique subsaharienne. En vingt ans, il s'est imposé comme un instrument central de la diplomatie économique américaine.
Les règles étaient strictes : seuls les pays respectant les droits de l'homme, s'abstenant de soutenir le terrorisme et respectant la politique étrangère américaine pouvaient en bénéficier. En échange, leurs exportations de textiles, de produits agricoles ou encore de biens manufacturés entraient sans droits de douane sur le premier marché mondial.
Selon une analyse du Centre du commerce international de Genève, la fin du dispositif menace directement des pans entiers des industries exportatrices. Le Kenya, le Lesotho, la Tanzanie ou l'Eswatini, dont les usines textiles dépendaient largement de l'accès préférentiel, s'attendent à une contraction brutale de leurs ventes.
L'Afrique du Sud, première économie industrielle du continent, verrait déjà ses expéditions chuter de 17%, avec des pertes concentrées sur les métaux, les véhicules et les produits chimiques. Ces chiffres traduisent la vulnérabilité d'un modèle où, dans plusieurs pays, plus d'un tiers des emplois industriels dépendent des commandes américaines.
L'administration Trump s'était dite favorable à une prolongation, mais toute reconduction nécessitait un vote du Congrès. Englués dans des négociations budgétaires ayant conduit à un ‘'shutdown'' (se produit quand le gouvernement fédéral n'a plus l'autorisation de dépenser de l'argent, faute d'accord voté par le Congrès sur le budget), les parlementaires n'ont pas légiféré avant la date butoir. À cela s'ajoutent les droits de douane instaurés par Donald Trump en août, de 10% à 30% sur certaines importations africaines, qui viennent substituer une logique de réciprocité à un régime unilatéral de préférences.
Le président sud-africain Cyril Ramaphosa et plusieurs responsables africains, dont le ministre du Commerce du Lesotho, avaient pourtant plaidé pour une prolongation. L'alerte n'a pas suffi.
La Rédaction
Publié le 01/10/25 11:29