Le Sénégal a clôturé en force les émissions de la semaine sur le marché régional des titres publics de l'UMOA. À l'issue d'une opération menée ce 19 décembre, l'État sénégalais a levé 21,91 milliards FCFA, soit légèrement au-dessus de son objectif initial fixé à 20 milliards FCFA, confirmant l'attrait soutenu des investisseurs pour la signature souveraine de Dakar.
Cette levée de fonds a été réalisée à travers une émission simultanée de Bons et Obligations assimilables du Trésor (BAT/OAT), combinant un BAT de maturité 364 jours et deux OAT à 3 et 5 ans, dans une logique de diversification des échéances et d'optimisation du profil de la dette publique.
L'opération a suscité un fort engouement du marché, avec des soumissions globales atteignant 38,35 milliards FCFA, soit un taux de couverture de 191,76%. Face à cette demande excédentaire, le Trésor sénégalais a opéré une sélection prudente, retenant 57,15% des offres, afin de maîtriser le coût de financement dans un contexte de taux toujours élevés sur le marché régional. Cette stratégie traduit la volonté des autorités de concilier accès au financement et discipline budgétaire, dans un environnement marqué par des besoins de trésorerie importants et une vigilance accrue des investisseurs sur la soutenabilité de la dette.
Dans le détail, le BAT à 364 jours a concentré l'essentiel des montants levés, avec 14,41 milliards FCFA retenus pour un rendement moyen pondéré de 7,33%. Les OAT à 3 ans ont permis de mobiliser 2 milliards FCFA à un rendement de 7,74%, tandis que les OAT à 5 ans ont enregistré 5,5 milliards FCFA, assortis d'un rendement moyen pondéré de 7,6%. Ces niveaux de taux, relativement homogènes sur la courbe des maturités, reflètent à la fois la prime de risque régionale et la perception globalement favorable du crédit sénégalais, dans un marché où les investisseurs arbitrent finement entre rendement et sécurité.
Les offres retenues proviennent de cinq pays sur les huit États membres de l'UMOA, illustrant le caractère profondément intégré du marché régional. La Côte d'Ivoire arrive en tête avec 8,04 milliards FCFA, suivie du Mali (7 milliards FCFA), du Bénin (3,8 milliards FCFA), du Sénégal (3,05 milliards FCFA) et du Burkina Faso (0,02 milliard FCFA).
Au-delà du montant levé, cette opération envoie un signal positif sur la capacité du Sénégal à accéder au marché régional dans de bonnes conditions, malgré un contexte macroéconomique encore contraint. Elle s'inscrit dans une stratégie de financement axée sur le marché régional, visant à réduire l'exposition au risque de change tout en maintenant une présence régulière sur la courbe des taux.
Narcisse Angan
Publié le 19/12/25 17:03