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En zone CEMAC, on se rapproche de ce scénario. Réunis en session extraordinaire le 20 juillet dernier à Douala, les membres du conseil d'administration de la BEAC (composé de deux administrateurs pour chaque État de la CEMAC et de deux pour la France) ont prescrit à l'institut d'émission d'engager "des réflexions visant à créer sa propre monnaie numérique".
Une prescription qui intervient au moment où la République Centrafricaine (RCA) s'est dotée en avril dernier d'une loi qui consacre à la fois l'usage de la cryptomonnaie comme moyen de paiement sur son territoire et du Bitcoin comme monnaie ayant cours légal à côté du FCFA. Une violation de la convention régissant l'Union monétaire d'Afrique centrale (Umac) qui consacre le Franc CFA comme unité monétaire légale dans la zone et confie le privilège exclusif de l'émission monétaire sur le territoire de chaque Etat membre à la BEAC. De quoi faire planer le risque d'une expulsion de la RCA de l'union.
Analysant les implications de cette loi sur l'architecture règlementaire de la région, le conseil d'administration de la banque centrale, présidé par Hervé Ndoba, par ailleurs ministre des Finances et du Budget de la RCA, révèle que le pays a exprimé son " attachement à la monnaie unique et au respect des statuts de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC), des textes régissant l'union monétaire et de ses engagements communautaires ", peut-on lire sur le communiqué publié à l'issue des travaux.
La Banque centrale indique également avoir été sollicitée par la RCA en vue de son assistance pour l'élaboration d'un cadre normatif régissant les crypto-actifs dans la zone. L'institut d'émission monétaire a "pris bonne note de la sollicitation", qui concerne également d'autres instances compétentes de la Communauté.
En ouvrant des réflexions sur une monnaie numérique qui lui est propre, la BEAC veut surtout contrecarrer la montée en puissance des actifs digitaux dans la sous-région qu'elle juge " risqué et spéculatif ". Sur le principe, les monnaies numériques sont directement émises par les banques centrales et mises à la disposition des ménages et des entreprises sans intermédiaire. Elles peuvent être transférées ou échangées à l'aide de technologies blockchain qui permettent le stockage des enregistrements de transactions sur un réseau d'ordinateurs.
Ailleurs en Afrique, le Nigéria fait figure de pionnier en la matière avec le lancement de la phse pilote du eNaira, la monnaie numérique émise par la banque centrale. Un projet similaire est également à l'étude au Ghana.
Fernand Ghokeng
La Rédaction
Publié le 22/07/22 12:15
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