CEMAC : La BEAC va émettre ses premiers titres de créances en vue de contrer la surliquidité bancaire

ISIN : BRVMC0000000 - Ticker : BRVMC

La BEAC, la banque centrale commune aux six pays de la zone CEMAC (Cameroun, Gabon, Congo, Tchad, Guinée équatoriale et RCA) a décidé de s'attaquer à l'un des facteurs qui bloque la transmission de sa politique monétaire à savoir la surliquidité bancaire. Au terme de sa dernière session de l'année, qui s'est tenue ce 12 décembre à Yaoundé, le Comité de politique monétaire (CPM) a autorisé l'institution à “émettre des Bons sur des maturités comprises entre 14 et 28 jours afin d'accélérer la résorption de l'excès de liquidité bancaire sur le très court terme et mieux monitorer son évolution”, peut-on lire sur le communiqué final de la rencontre.

Les modalités adossées à ces émissions n'ont pas été dévoilées mais de source autorisée, c'est la première fois de son histoire que la BEAC émettra de tels instruments. Concrètement, la Banque va désormais concurrencer les États sur le marché primaire en émettant des titres de créances. Ces “Bons BEAC”, seront de très courtes maturités (14 et 28 mois), à la différence des BTA (13 semaines à 1 an) et OTA (au-delà d'un an) émis par les trésors publics.

La BEAC pourrait également proposer des taux de rendement plus intéressant pour attirer les investisseurs. Il faudra surveiller les conditions d'éligibilité à ces émissions mais aussi l'impact qu'ils produiront sur le marché des titres publics. Car si elle parvient à driver la liquidité du marché, la BEAC priverait les États de ressources nécessaires au financement de leurs déficits budgétaires.

Liquidités oisives

Selon les données de la Banque centrale, la surliquidité du système bancaire régional se traduit par une trésorerie "excédentaire" (7 684 milliards de FCFA en hausse de 44 %) qui représente 35% du total bilan à fin juin 2023. De même, les réserves libres ou liquidités oisives des banques de la CEMAC, se chiffraient à 955,7 milliards FCFA à la même période. Cet argent représente les sommes que les banques ont en trop après avoir constitué les réserves obligatoires. L'institution sous régionale espère donc à travers l'émission de ses Bons, capter ces excédents qu'elle identifie comme un frein à la transmission de sa politique monétaire. A coté de celà, la BEAC poursuivra ses opérations de reprises de liquidités hebdomadaires respectivement rémunérés à 1,25% et 1,5%.

Taux directeurs inchangés

Sur un autre volet, le CPM de la BEAC a choisi de maintenir inchangés ses taux directeurs pour la troisième fois d'affilée. Ainsi, le TIAO, son principal taux de refinancement reste à 5% de même que son taux de la facilité de prêt marginal qui est prévu pour des emprunts bancaires de moins de 24 heures est maintenu à 6,75%.

Voir aussi - CEMAC : Anticipant sur un repli de la croissance, la BEAC maintient à nouveau ses taux inchangés

Cette décision reflète une prise de conscience par la Banque du risque croissant pour l'économie d'une augmentation trop élevée des taux et de l'effet mitigé que cela a produit jusqu'ici sur l'économie réelle. Selon les projections de l'institution, la croissance du PIB de la CEMAC devrait reculer à 2,2 % en 2023 contre 2,8 % en 2022. Le taux d'inflation annuel, lui, devrait s'établir à 5,6% d'ici la fin de l'année. Certes en dessous des 6,2% enregistré en mars dernier mais encore très largement au-dessus du seuil communautaire de 3% en vigueur dans cette région. Les réserves de changes devraient également s'éroder passant de 4,95 mois d'importations des biens et services en 2022 à 4,12 en 2023 et le taux de couverture extérieure de la monnaie passerait de 73,1 % en 2022 à 71,1 % en 2023.

Voir aussi - CEMAC : La BEAC admet une faible transmission de sa politique monétaire sur l'économie réelle

Pour la BEAC durcir davantage ses conditions monétaires pourrait s'avérer improductif. C'est pourquoi, dans un rapport, l'institution que dirige Abbas Mahamat Tolli a tenu à nuancer le rôle de la politique monétaire dans la maîtrise des pressions inflationnistes internes. Elle fait savoir qu'il serait préférable de s'attaquer directement aux causes fondamentales des pressions inflationnistes intérieures du côté de l'offre "notamment en stimulant la production agricole résiliente au changement climatique et en supprimant les barrières au commerce régional".

A rebours de la BCEAO

Dans l'UEMOA, zone jumelle de CEMAC, la BCEAO a, elle, fait le choix de poursuivre le durcissement de sa politique monétaire malgré un taux d'inflation projeté plus faible (3,7%). Le communiqué officiel de la Banque centrale souligne que cette décision est motivée par "une montée des risques liés à une possible résurgence des tensions inflationnistes, en corrélation avec les incertitudes grandissantes à l'échelle nationale et internationale, ainsi que les pressions observées sur les comptes extérieurs de l'Union".

Cédrick Jiongo

La Rédaction

Publié le 13/12/23 10:51

Vous avez aimé cet article ? Partagez-le avec vos amis en cliquant sur les boutons ci-dessous :

ACTUALITES RELATIVES
17/05/2025 L’engagement d’un champion africain pour une afrique souveraine et resiliente
16/05/2025 Pétrole et électricité : La Côte d’Ivoire capte 4 000 milliards FCFA d’engagements américains
16/05/2025 UMOA : Le Sénégal réussit à encaisser 44 milliards FCFA sur le marché des titres publics
16/05/2025 Proparco accorde 19 milliards FCFA à Coris Bank CI pour financer les PME
16/05/2025 Burkina Faso : 106 millions d’euros pour soutenir la filière cotonnière
16/05/2025 Cameroun : La Sonamines précise les règles du jeu pour l’achat de l’or raffiné
16/05/2025 Washington accélère le processus de paix entre la RDC et le Rwanda sur fond d’ambitions minières
16/05/2025 La BERD va entamer ses premiers investissements au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Nigéria