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Le phénomène de l'agrobusiness, un système d'arnaque de type Ponzi ou pyramidale, qui avait fait perdre des dizaines de milliards FCFA à des épargnants en Côte d'Ivoire dans les années 2015 renaît-il de ses cendres ? Cette fois, ce sont les sociétés d'investissements dans le milieu du transport urbain, en vogue à Abidjan ces dernières années, avec des retours sur investissement plus qu'alléchants, qui pourraient avoir été le nouveau champ d'action des adeptes du système Ponzi.
Au cours d'une conférence de presse ce 25 mars, le directeur général du trésor ivoirien Jacques Assahoré, a tiré la sonnette d'alarme sur une pratique qui a pris de l'ampleur à Abidjan et qui a amené des Ivoiriens à y investir massivement.
Gagner jusqu'à 400 000 FCFA par mois
Ces dernières années, plusieurs sociétés sont apparues avec des offres d'investissements dans le secteur des taxis à Abidjan à grands coups de publicité. Généralement, il est demandé aux personnes intéressées d'avancer une somme, 2 millions, 3 millions FCFA, voire plus, individuellement ou collectivement. Une mise qui donne droit à l'acquisition ‘'à crédit'' d'un véhicule neuf ou d'occasion, qui sera exploité par ladite société comme taxi à Abidjan. Celle-ci prend l'engagement d'utiliser la recette à la fois pour payer les échéances du prêt et verser une rémunération à l'investisseur à qui il est promis jusqu'à 400 000 FCFA par mois ! De belles promesses qui ont suffi à appâter des nombreux épargnants.
Mais ce rêve de gens honnêtes de faire fructifier leur épargne se transforme souvent en cauchemars. Plusieurs personnes ayant investi dans ces sociétés ont en effet confirmé à Sika Finance avoir perdu leur investissement du jour au lendemain, ces sociétés ayant disparu sans crier gare, comme ce fut le cas de la société dénommée CBI Invest qui a fermé ses portes courant novembre 2022.
" Les placements de revenus sont règlementés. On ne peut pas collecter l'argent de la population sans avoir reçu au préalable un agrément. Malheureusement beaucoup d'Ivoiriens se laissent encore tromper par des propositions alléchantes de revenus à la suite de placement d'argent. Ces types d'opérations ont tendance à dilapider l'épargne des Ivoiriens, à flouer les Ivoiriens ", a dénoncé le patron du trésor ivoirien. Ce dernier qui préside une cellule de veille mise en place par l'Etat ivoirien à la suite de l'affaire des Agrobusiness, a indiqué qu'il a été décidé de " convoquer l'ensemble des structures concernées par cette arnaque, de les entendre, voir si leur modèle économique s'inscrit dans les schémas existants " avec la menace de " mettre fin " aux opérations de celles dont les activités sont illégales et/ou dont le business model n'est pas viable financièrement.
Cette annonce pourrait bien créer un véritable vent de panique générale chez les investisseurs qui pourraient alors aller demander des comptes ou encore réclamer leurs véhicules. Et si effectivement il y en a parmi les sociétés concernées qui utilisaient un système de Ponzi (en ce sens qu'elles n'achetaient pas de véhicules et utilisaient l'argent des nouveaux souscripteurs pour rémunérer les premiers), il y a bien des risques de voir éclater un nouveau scandale, peut-être pire que celui dit des agrobusiness.
La question reste ici posée de la réaction après coup des autorités qui ont laissé prospérer ce type d'activité durant quelques années, avec même des sociétés qui ont aujourd'hui pignon sur rue, laissant les populations ainsi s'exposer à de grands risques financiers.
Le marché financier, un investissement sûr et moins risqué
L'enthousiasme certain que suscite les appels illicites à l'investissement traduit bien l'intérêt grandissant des populations pour des produits leur permettant de faire fructifier leur épargne. Mais on ne le dira jamais assez, les offres avec des retours sur investissement trop alléchants doivent susciter la méfiance et amener à s'informer auprès des autorités quant à leur légalité. C'est le lieu d'inciter les populations à se tourner vers le marché financier régional qui offre des produits ‘'sains''.
Il y a les obligations, titres émis régulièrement par les Etats et les sociétés sur le marché, qui présentent un risque zéro et garantissent un retour sur investissement autour de 6% l'année.
En outre, la BRVM, de plus en plus dynamique, permet aux épargnants d'investir en toute quiétude, soit directement, soit à travers les produits de professionnels du marché comme les SGO, société d'OCPVM. La plupart des sociétés cotées versent des dividendes chaque année à leurs actionnaires, en plus de la valeur des titres qui peuvent se bonifier avec le temps. Et même s'il arrive que la BRVM traverse souvent des impasses, avec des périodes de baisse comme ce fut le cas entre 2015 et 2020, " sur le long terme, on gagne toujours à la BRVM " comme ne cesse de le répéter Edoh Kossi Amenounvé, son directeur général.
Des chiffres à retenir : en 2022, les investisseurs à la BRVM ont perçu 152 milliards FCFA de dividendes. Et ce sont au total 1 482 milliards FCFA, soit 2,4 milliards de dollars, que les investisseurs du marché ont perçu sur l'année en termes de dividendes, d'intérêts et de remboursement de capital.
Voir aussi - Marché financier de l'UEMOA : Le DC/BR a assuré la distribution de 1 500 milliards FCFA aux investisseurs en 2022
Il existe donc bien une alternative viable aux placements financiers hasardeux qui refont périodiquement surface sous diverses formes dans nos Etats, qui ont pour revers de dépouiller d'honnêtes citoyens.
En 2017, selon les chiffres officiels, ce sont 53 000 personnes qui avaient investi dans le système d'arnaque mis en place par 21 sociétés agrobusiness en Côte d'Ivoire pour un montant investi net d'un peu plus de 101 milliards FCFA. A à la suite de l'éclatement du scandale, ces derniers investisseurs) s'étaient vu redistribuer seulement 24,58 milliards FCFA retrouvés sur les comptes saisis de ces sociétés.
Rappelons que les sociétés d'agrobusiness aguichaient les populations avec des investissements pour créer des champs de produits vivriers (tomate, piments etc.) avec des retours sur investissement allant jusqu'à 1 000% en seulement quelques mois.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 25/03/23 13:48
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