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Dans une récente interview accordée à la télévision publique gabonaise, le ministre gabonais des Comptes publics et de la Dette, Charles M'ba, a indiqué que le taux d'endettement de son pays était de 54% du PIB à fin 2024, venant de 58% à la même période un an en arrière. Cette diminution a essentiellement été soutenue par la capacité du Gabon à honorer toutes les échéances sur sa dette malgré des retards observés auprès de certains créanciers. Sur la période, et malgré les tensions de trésorerie auxquelles le pays a été confronté, 1 728 milliards FCFA ont été remboursés afin de préserver la qualité de la signature de l'État gabonais.
De ce point de vue, la dette du Gabon deviendrait soutenable. Toutefois, précise le membre du gouvernement, le taux d'endettement qu'il avance ne concerne que la dette conventionnée. "Il y a une autre dette qui n'a pas fait l'objet d'une convention et donc n'est pas comptabilisée dans le portefeuille public. C'est la dette sociale, la dette des pensions, les rappels de soldes… En gros, il s'agit de toutes les autres dettes de l'État pour lesquelles il n'y a pas une convention particulière", explique Charles M'ba, sans préciser le montant de ce portefeuille.
Cette précision en vaut la peine, car selon Fitch, le taux d'endettement du Gabon à fin au 31 décembre 2024 se situait plutôt à 67% du PIB contre 71% en 2023. Dans une récente évaluation, l'agence américaine de notation s'attend à ce que le pays reparte à la hausse en 2025 (71%) et 2026 (72%)", en raison d'une baisse du PIB pétrolier nominal et de déficits budgétaires plus importants". Les données de Fitch permettent donc d'avoir une vue réelle du montant total des emprunts du pays et de comprendre que le risque de surendettement qui planait sur les finances publiques du pays n'est pas éloigné, comme peut laisser croire la sortie du ministre.
Il faut également prendre avec des pincettes les remboursements effectués. Libreville a, certes, honoré toutes les échéances sur sa dette de marché (domestique et extérieur) mais cela s'est fait en mobilisant de nouveaux emprunts et parfois à des conditions rigides. À titre d'exemple, le pays a récemment refinancé la partie restante de son eurobond grâce à un placement d'un rendement de 12,7% sur une maturité de 3,5 ans.
Selon Fitch, les tensions de trésorerie vont s'accentuer en 2025 puisque le Gabon doit faire face à d'importantes échéances sur sa dette, dans un contexte où l'agence anticipe une détérioration des prix du pétrole à 70 USD/baril en 2025 et à 65 USD/baril en 2026 contre 80 USD/baril en 2024.Pour se tirer d'affaire, Fitch s'attend à ce que le pays accroche, cette année, un nouveau programme économique et financier avec le Fonds monétaire international (FMI) assorti d'un premier décaissement.
Cédrick JIONGO
La Rédaction
Publié le 20/02/25 16:21
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