Nigéria : Les transporteurs de pétrole remportent leur bras de fer contre Dangote

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Après deux jours de paralysie dans la distribution d'essence, le Nigéria a évité de justesse une nouvelle crise énergétique. Le syndicat des travailleurs du pétrole et du gaz (NUPENG) a suspendu dans la soirée de ce 9 septembre, sa grève nationale, après avoir contraint le groupe Dangote à reconnaître le droit à la syndicalisation de ses employés. La conciliation a eu lieu sous l'égide du ministère fédéral nigerian en charge du Travail et de l'Emploi, réunissant la direction du groupe Dangote, les représentants du NUPENG, ainsi que les principales centrales syndicales nigérianes (NLC et TUC), relève plusieurs sources internationales.

De façon concrète, le protocole d'accord signé prévoit la reconnaissance de la syndicalisation comme droit fondamental, l'ouverture immédiate du processus pour les employés de la raffinerie et du complexe pétrochimique, un délai de deux semaines (du 9 au 22 septembre 2025) pour finaliser ce processus, l'engagement de la direction de ne créer aucun syndicat parallèle, et enfin la garantie qu'aucun employé ne subira de représailles. Pour le NUPENG, il s'agit d'une ‘'victoire historique''. ‘'Nous avons gagné. Nous mettons fin à la grève et reprenons le travail'', a déclaré son secrétaire général, Afolabi Olawale cité par des sources consultées par Sika Finance.

Une raffinerie stratégique au cœur des tensions

Inaugurée en 2023 avec une capacité de 650 000 barils par jour, la raffinerie Dangote est considérée comme la plus grande d'Afrique. Elle incarne l'ambition du Nigéria, premier producteur de brut du continent, mais dépendant des importations, de regagner sa souveraineté énergétique. La grève faisait planer un risque de pénurie dans un pays régulièrement secoué par des ruptures d'approvisionnement. La direction du groupe avait tenté de rassurer en indiquant qu'‘'il n'y a pas de pénurie de carburant'', tout en qualifiant les accusations du syndicat de ‘'chantage mesquin''.

Mais la contestation a trouvé un écho au-delà des frontières. La CSI-Afrique (Confédération syndicale internationale) a dénoncé une ‘'atteinte aux droits des travailleurs'' qui, selon elle, représentait une menace pour tout le continent. Derrière ce bras de fer, c'est aussi la stratégie logistique de Dangote qui cristallise les tensions. Le groupe prévoit de déployer plus de 4 000 camions fonctionnant au gaz naturel comprimé (GNC), se substituant en partie aux transporteurs traditionnels. Un projet perçu comme une tentative de court-circuiter les acteurs existants, au risque de bouleverser l'écosystème du transport de carburants.

Cette décision alimente la méfiance, alors même que la branche des conducteurs de pétroliers du NUPENG (PTD) traverse une crise interne. Plusieurs de ses dirigeants font l'objet d'un vote de défiance pour mauvaise gestion, accusations d'extorsion et prélèvements jugés excessifs sur les transporteurs indépendants.

Narcisse Angan

Publié le 10/09/25 17:07

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