La République démocratique du Congo (RDC) a signé ce 17 juillet, un accord de principe avec la société américaine Kobold Metals, spécialisée dans la prospection minière assistée par Intelligence artificielle (IA). L'objectif visé à travers cette convention est l'exploitation du potentiel stratégique du lithium congolais, en misant sur l'innovation technologique et la valorisation des ressources locales.
L'accord, signé entre le ministre congolais en charge des Mines, Kizito Pakabomba, et le directeur général de Kobold Metals en RDC, Benjamin Katabuka, en présence du président Félix Tshisekedi, repose sur trois piliers structurants, selon le communiqué gouvernemental. Il s'agit de la numérisation des données géologiques, l'utilisation de l'intelligence artificielle pour la prospection, et le développement du projet minier de lithium à Manono, dans la province du Tanganyika, au Sud-Est du pays.
‘'La RDC dispose d'un patrimoine géologique considérable, mais encore sous-exploité. En numérisant ces données, nous voulons créer un levier d'attractivité pour les investisseurs internationaux'', a expliqué Benjamin Katabuka. Kobold Metals, soutenue par des fonds de la Silicon Valley, entend investir massivement dans ce processus de modernisation.
Lithium : un enjeu mondial, un atout congolais
Le lithium, métal indispensable aux batteries des véhicules électriques, est désormais une ressource géopolitique majeure. Face à une demande mondiale qui a explosé (+70 % entre 2021 et 2023 selon Benchmark Mineral Intelligence), la RDC, déjà leader mondial du cobalt, entend bien se positionner comme un acteur incontournable dans la chaîne d'approvisionnement de la transition énergétique.
Le projet de Manono, encore en phase d'exploration avancée, est considéré comme l'un des plus vastes gisements africains, avec des réserves estimées à près de 400 millions de tonnes de spodumène, riche en oxyde de lithium. Selon le cabinet Deloitte, ce gisement pourrait devenir un moteur économique régional, générant plusieurs milliers d'emplois directs et indirects, tout en attirant des infrastructures annexes (routes, énergie, télécommunications).
Une percée américaine dans un secteur dominé par la Chine
Cette initiative s'inscrit dans un repositionnement stratégique des Etats-Unis en Afrique. Sous l'administration Biden, le lithium congolais a été classé comme ressource ‘'critique'' dans le cadre de l'Inflation Reduction Act, qui vise à sécuriser les chaînes d'approvisionnement américaines pour les technologies vertes.
Jusque-là, la prospection et l'exploitation minière en RDC étaient largement dominées par les entreprises chinoises et, dans une moindre mesure, européennes. L'arrivée de Kobold Metals rééquilibre le jeu géopolitique, en offrant à Kinshasa un nouvel allié technologique et financier. Si les promesses sont tenues, le projet de Manono pourrait devenir un modèle de développement minier durable, au service de la souveraineté économique, de la transition énergétique mondiale, et surtout, du bien-être des populations congolaises.
Narcisse Angan
Publié le 18/07/25 16:13