Le Fonds monétaire international table sur une accélération de la croissance économique du Tchad en 2026, désormais projetée à 5,1 %, contre 3,6 % initialement envisagé. Cette révision à la hausse ressort des conclusions de la première revue de l'accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC), discutée à N'Djamena entre le 13 et le 21 novembre 2025 et rendue publique le 19 décembre par les services du FMI.
Selon l'institution de Bretton Woods, cette dynamique repose d'abord sur la résilience de l'activité non pétrolière. Le PIB réel a progressé de 5,0 % en 2024, un niveau supérieur aux anticipations antérieures, tandis que les indicateurs disponibles suggèrent une croissance autour de 5,6 % en 2025.
L'évolution récente de l'inflation constitue un autre élément central de l'analyse du Fonds. Début 2025, l'indice des prix est passé en territoire négatif, pour atteindre -4,3 % en novembre. Le FMI relie cette baisse à la détente des prix alimentaires, après les tensions observées l'an dernier, et à une amélioration de la production agricole. L'institution anticipe toutefois un retour progressif de l'inflation à des niveaux positifs à partir de 2026.
À fin juin 2025, le FMI juge l'exécution du programme " globalement satisfaisante ". Tous les critères de réalisation quantitatifs ont été respectés, notamment ceux relatifs aux recettes non pétrolières, à la masse salariale et au solde primaire hors pétrole. Deux des trois objectifs indicatifs ont également été atteints, avec une maîtrise des dépenses avant ordonnancement et une réduction des arriérés de paiement intérieurs.
Selon les services du FMI, les autorités ont notamment apuré 42 milliards de francs CFA d'arriérés envers les fournisseurs et 51 milliards de francs CFA d'arriérés extérieurs. Le seul objectif non atteint concerne le financement intérieur net, en lien avec des retards dans la restructuration des banques publiques.
Le FMI souligne cependant un contraste entre des recettes pétrolières inférieures aux projections, en raison de la forte dépréciation du dollar, et des recettes non pétrolières supérieures aux attentes, portées par l'activité économique et par les mesures fiscales prévues dans le cadre de la FEC. L'exécution des dépenses est, de son côté, restée en deçà des prévisions pour les transferts, les subventions et l'investissement, dans un contexte de renforcement du contrôle budgétaire et de déploiement du système intégré de gestion des finances publiques, le SIGFIP.
Le FMI relève néanmoins des retards dans certaines réformes structurelles. Les autorités tchadiennes ont réaffirmé leur volonté d'avancer sur plusieurs chantiers, dont l'amélioration du mécanisme de crédits de TVA, la gestion de la masse salariale, la transparence budgétaire et la publication d'un audit des recettes pétrolières. La restructuration du secteur bancaire public reste également identifiée comme un enjeu clé pour la stabilité financière.
Ces perspectives macroéconomiques s'inscrivent dans le cadre du programme soutenu par la FEC, approuvé par le conseil d'administration du FMI le 25 juillet 2025. L'accord porte sur un montant total de 655 millions USD.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 20/12/25 15:12