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Augmenter le cout de l'électricité serait suicidaire pour la junte en place. l'idéal serait d'encourager les producteurs indépendants et d'ouvrir le secteur à la concurrence. Yako à nos parents vivant au Mali
 
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Le Mali traverse actuellement une crise énergétique, se manifestant par des coupures d'électricité pouvant durer jusqu'à 5 à 10 heures à Bamako, la capitale. Cette situation impacte directement le fournisseur public d'électricité, Energie du Mali (EDM), confronté ces dernières années à une situation financière critique. Cette détérioration des performances de la compagnie intervient dans un contexte inflationniste exacerbé par le conflit russo-ukrainien, ainsi que des retards dans la mise en œuvre des projets d'investissement dans le secteur de l'électricité.
En effet, la demande en électricité dans le pays qui s'évaluait à 600 GWh en 2002 a été multipliée par 5 au cours des deux dernières décennies, ressortant à 3 200 GWh, creusant davantage l'écart avec l'offre qui a été estimée à 2 887 GWh. Ce gap devrait être comblé si d'importants investissements avaient suivi cette tendance des besoins. Cette situation affecte EDM, qui demeure impuissante en voyant ses performances financières dégringoler.
Selon les données scrutées par Sika Finance, le résultat net de Energie du Mali (EDM) a affiché un déficit de 209,58 milliards FCFA en 2022, contre une perte de 55,01 milliards FCFA l'année précédente. Cette détérioration représente une variation de -481% par rapport aux résultats antérieurs, soulignant ainsi une dégradation alarmante de la situation financière de la compagnie.
Ce déclin est principalement alimenté par une augmentation exponentielle des charges opérationnelles de la société.
Dans les faits, les achats d'électricité ont augmenté de manière significative, passant de 91,36 milliards FCFA en 2021 à 132,047 milliards FCFA à fin 2022. Dans la même veine, les autres achats ont également connu une hausse notable de 247,1%, atteignant 286,06 milliards FCFA. Cette catégorie d'achats inclut divers éléments tels que les combustibles et produits dérivés, les produits d'entretien, les pièces de rechange
En plus d'importantes charges qui ont plombé l'exploitation, l'évolution du résultat financier a été marquée par une détérioration substantielle, se traduisant par une transition de -7,84 milliards FCFA à -23,49 milliards FCFA à la clôture de l'exercice 2022, reflétant une dépréciation exacerbée de -403,53%. Cette contraction notable découle principalement d'une augmentation des frais financiers et des charges assimilées, qui ont atteint 23,49 milliards FCFA contre 7,73 milliards FCFA l'année précédente.
Une production insuffisante
Bien que la production en 2022 ait connu un léger bond de 2,76% en atteignant 2 887,33 GWh, elle demeure faible par rapport à la demande qui s'affiche à 3 200 GWh. Cette production découle d'une combinaison entre la production brute assurée par EDM-SA et les achats d'électricité.
En 2022, EDM a contribué à hauteur de 23,37% à la production brute globale, générant 674,72 GWh, soit une baisse de 18% par rapport aux 822,35 GWh enregistrés en 2021. Cette production brute se décompose en production thermique, hydroélectrique, réseaux centrales isolés et solaire. La part de la production thermique a considérablement augmenté, passant de 38% en 2017 à plus de 50% à fin 2022, tandis que l'hydroélectricité a décliné, représentant seulement 31% de la production totale à fin 2022, contre 41% en 2017.
Cette augmentation de la part de la production thermique, qui représente le moteur de l'énergie malienne, est principalement due à l'utilisation de combustibles (pétrole et gaz), dont les prix sont fortement influencés par les fluctuations des cours mondiaux. Ces prix ont doublé en raison des crises survenues, impactant ainsi la performance financière de la société. En parallèle, la production hydroélectrique a chuté en raison de la faible pluviométrie, réduisant la productivité des barrages, affaiblis par les changements climatiques.
Quant aux achats d'électricité, ils ont représenté 76,63% de la production totale, affichant 2 212,61 GWh. Cette part se divise entre diverses sources, avec 34,53% provenant des producteurs indépendants d'électricité (IPP), 24,9% des achats OMVS (Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal) et de 17,20% d'importations en provenance de la Côte d'Ivoire.
Sur la production totale de 2 887,33 Gwh en 2022, seulement 2 190,94 GWh ont été réellement sujets de consommation, ce qui relève la problématique d'un réseau de distribution peu efficace et moins développé. Ces ventes ont permis de générer un chiffre d'affaires global de 243,82 milliards FCFA, soit une hausse de 8,3% en glissement annuel.
Perspectives de croissances
Le Mali détient un potentiel énergétique, surtout dans le solaire avec un vaste désert. Cependant, la réalisation de ce plein potentiel est entravée par une série de défis, principalement centrés sur la garantie d'un accès universel à une électricité fiable et abordable. Un aspect crucial de cette problématique réside dans la stabilité politique et la politique tarifaire adoptée par EDM. Actuellement, cette société commercialise son électricité à bas prix, alors que son coût de revient est de 149,1 FCFA/kWh, ce qui sous-entend que la compagnie vend à perte.
Il est évident que la tarification actuelle est nettement en deçà du coût réel de production, engendrant un déficit substantiel pour l'entreprise. Pour atteindre l'équilibre financier, il est impératif que la compagnie revoie ses pratiques tarifaires et ajuste ses prix de vente à un niveau qui reflète adéquatement les coûts de production et de distribution. En effet, pour couvrir ses dépenses et stabiliser son résultat net, il serait nécessaire pour cette entreprise d'améliorer son mix énergétique afin de réduire son coût de revient ou augmenter le prix de l'électricité auprès des consommateurs.
Cette démarche nécessiterait une réévaluation stratégique de la politique tarifaire, tout en tenant compte des implications sociales et économiques pour la population malienne.
Hassim DIABATE
Sékou Karamoko
 
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