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La Côte d'Ivoire conserve la note BB- sur ses emprunts à long terme et en devises auprès de Standard & Poor's Global Rating. Dans son communiqué publié ce 17 mai, l'agence américaine de notation a annoncé qu'elle relevait la perspective du pays de "stable" à "positive", ce qui traduit une forte probabilité de relèvement de la note du premier producteur mondial de cacao sur le court et moyen terme.
Avec cette amélioration de la qualité de crédit, la Côte d'Ivoire devient le pays le mieux noté d'Afrique Subsaharienne devançant l'Afrique du Sud dont la note a été maintenue à BB- avec une perspective stable. Abidjan reste cependant encore englué dans la catégorie "spéculative" qui regroupe les émetteurs présentant un risque important pour les investisseurs.
Rappelons qu'avant Standard & Poor's, Moody's avait également relevé, en mars dernier, la note souveraine de la Côte d'Ivoire de Ba3 à Ba2, faisant ainsi d'Abidjan le deuxième meilleur profil de crédit d'Afrique subsaharienne selon cette agence de notation.
Cette décision a été prise alors même que, selon l'agence, la production cacaoyère de Côte d'Ivoire a chuté d'environ un quart au cours de la saison 2023-2024, ce qui a creusé le déficit du compte courant à plus de 7% en moyenne affaiblissant la position extérieure du pays. Mais Abidjan a fait preuve de résilience et son économie devrait rester l'une des plus dynamiques d'Afrique subsaharienne au regard des projections de croissances estimées en moyenne à 6,5% sur la période 2024-2027.
Voir aussi : Moody's améliore la note de crédit de la Côte d'Ivoire à Ba2
Cela est soutenu par une hausse des recettes pétrolières dans le sillage du démarrage des opérations sur le champ baleine. Cet actif opéré par ENI a fait progresser la production journalière du brut ivoirien de 16% à 29 450 barils en 2023. Elle devrait grimper à 37 600 b/j en 2024 ; 82 000 b/j en 2026 et 175 000 b/j en 2027 selon les projections du gouvernement. S&P a également déclaré qu'il s'attend à ce que les exportations de minerais solides (or, bauxite, nickel, manganèse, diamant) renforcent la position extérieure du pays au cours des prochaines années.
Le coup de pouce des bailleurs de fonds
L'autre alternative de renflouement pour renforcer la position extérieure est le soutien des bailleurs de fonds et notamment le FMI. "Le soutien des donateurs multilatéraux et bilatéraux continuera de fournir un financement abordable et de soutenir la mise en œuvre des réformes". Le gouvernement a récemment décroché deux accords de financements auprès de l'institution de financement multilatérale pour un montant global de 4,8 milliards de dollars ce qui devrait lui permettre de renforcer ses finances et ses réserves.
Gestion maîtrisée de la dette publique
Les projections optimistes de Standard & Poor's à l'égard de la Côte d'Ivoire sont également motivées par une meilleure gestion des finances publiques. Abidjan a par exemple marqué des points en faisant baisser la masse salariale du secteur public en dessous de la barre de 35% des recettes intérieures. Cela a été rendu possible grâce à une réduction des effectifs (excepté dans les secteurs de la santé, l'éducation, et la sécurité) et une meilleure collecte des recettes publiques. Seul point d'ombre, c'est le déficit budgétaire (4,2% en 2023) qui reste encore très élevé selon S&P.
Concernant la dette, S&P pense que le profil de la Côte d'Ivoire s'est amélioré malgré une "augmentation rapide" du niveau d'endettement observée ces dernières années. Il faut dire que le taux d'endettement de la première économie de l'UEMOA est passé de 37,5% de PIB en 2019 à 58% en 2023 car le gouvernement a dû contracter d'importants emprunts pour financer des projets de développements et faire face à des chocs extérieurs sans précédent. Cependant, les analystes de S&P s'attendent à ce que la consolidation budgétaire et la forte croissance du PIB nominal ramènent ce taux autour de 52% en 2027. Pour lisser son profil émetteur, Abidjan a utilisé une grande partie des fonds collectés dans le cadre de son Eurobond de cette année pour refinancer une partie des euro-obligations à échéance 2025 et 2032.
Cédrick JIONGO
 
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