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L'Afrique amorce une réflexion audacieuse sur son avenir monétaire en proposant un nouvel arrangement basé sur ses ressources naturelles. La Banque africaine de développement (BAD) a récemment dévoilé les contours d'une monnaie de référence adossée aux minerais critiques, une initiative qui pourrait redéfinir les équilibres économiques du continent et renforcer son attractivité auprès des investisseurs internationaux.
Un ‘'étalon-minéral'' pour stabiliser les économies africaines
Inspirée du principe de l'étalon-or, la BAD propose la création d'une unité de compte africaine (AUA), une monnaie non circulante soutenue par des réserves de cobalt, cuivre, lithium, manganèse et terres rares. Ces matières premières, essentielles à la transition énergétique mondiale et à l'industrie des véhicules électriques, sont abondamment présentes en Afrique, qui détient environ 30% des réserves mondiales.
Malgré cette richesse, le continent n'attire qu'une fraction des investissements énergétiques mondiaux, avec seulement 3% des flux financiers alloués au secteur et 2% des investissements verts, soit environ 40 milliards de dollars en 2023. L'un des principaux obstacles à cette mobilisation réside dans la volatilité des devises africaines et les risques associés à leur convertibilité. L'AUA viserait ainsi à offrir une alternative stable aux monnaies nationales, tout en facilitant le financement de projets stratégiques.
Un mécanisme novateur de garantie monétaire
Dans le cadre de ce projet, les États africains mettraient en commun une partie prédéterminée de leurs réserves minérales critiques, servant ainsi de garantie à l'AUA. Les devises locales pourraient alors être converties à un taux convenu, réduisant ainsi les risques de change et renforçant la crédibilité financière des économies africaines.
Cette proposition s'appuie sur des expériences monétaires déjà éprouvées, notamment la parité du franc CFA avec l'euro, où des réserves extérieures soutiennent la stabilité du change. Selon la BAD, un panier de matières premières stratégiques pourrait offrir une protection encore plus robuste face aux fluctuations monétaires.
Un levier pour l'investissement dans les énergies propres
L'Afrique doit impérativement doubler ses investissements annuels en énergies renouvelables, les portant à 200 milliards de dollars afin de répondre aux défis climatiques et énergétiques. L'AUA pourrait jouer un rôle clé dans cette transition en attirant davantage de financements internationaux, grâce à une réduction des risques de change et une meilleure garantie pour les créanciers.
Concrètement, les revenus générés par la vente d'électricité en monnaie locale seraient déposés auprès d'un agent de règlement qui vendrait une quantité équivalente de minerais afin d'obtenir des dollars destinés au remboursement des investisseurs. Ce mécanisme permettrait ainsi d'assurer une convertibilité fluide et sécurisée pour les projets d'infrastructures énergétiques.
Vers une indépendance monétaire accrue ?
Alors que plusieurs pays émergents cherchent à réduire leur dépendance au dollar pour les transactions commerciales et financières, cette initiative africaine s'inscrit dans une tendance globale de diversification des réserves monétaires. Elle pourrait, à terme, renforcer l'autonomie financière du continent en exploitant pleinement ses atouts géologiques.
Si la BAD n'a pas encore précisé le calendrier de mise en œuvre de cette monnaie innovante, elle marque une avancée significative dans la réflexion sur la souveraineté monétaire africaine et le financement du développement durable. Une initiative à suivre de près, tant pour son potentiel disruptif que pour ses implications géopolitiques et économiques à long terme.
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