Raisons de la baisse spectaculaire de la BRVM en 2018

A l'attention des petits investisseurs de la BRVM : Dans trois ou quatre mois les premiers dividendes vont commencer à tomber à la BRVM. Un investisseur qui vend une action à quelques mois du début de paiement des dividendes est comparable à un paysan qui vend sa chèvre en gestation tout en sachant qu'elle va mettre bas dans quelques jours. Après achat, l'acheteur aura automatiquement deux animaux pour le prix d'un. Dans le cas de la BRVM, il se trouve en plus que le prix des chèvres a fortement baissé parce que c'est l'acheteur qui fixe leurs prix. L'acheteur fait tout pour nous faire croire que nos chèvres en gestation ne valent plus rien et qu'il faut les vendre au plus vite, sinon il va continuer à baisser leurs prix. Voilà la réalité de ce qui se passe actuellement à la BRVM.
Tant que les petits investisseurs refuseront de vendre moins cher leurs actions(leurs chèvres en gestation) aux poids lourds, attendons-nous à plus de baisse. L'objectif de la baisse c'est de nous torturer psychologiquement, de nous faire vivre l'enfer, pour nous pousser à paniquer, à capituler et à vendre à perte. La baisse est la seule arme en possession des poids lourds du marché pour nous forcer à leur vendre nos actions. C'est pour cela à la bourse il faut être patient et ne jamais céder à la panique.
Il y a essentiellement deux types d'acteurs à la bourse :  les traders et les investisseurs. Les traders cherchent des gains rapides à court terme et les investisseurs eux cherchent des gains à moyen ou long terme. En ces temps de baisse généralisée du prix de toutes les actions, soyez plutôt des investisseurs. Soyez patients et contentez-vous de vos dividendes à venir en attendant que la bourse remonte parce qu'une bourse en baisse est toujours suivie d'une bourse en hausse. Ne soyez pas de ceux qui vendent à vil prix leurs chèvres en gestation. Ces derniers vont rater le train de la prochaine hausse qui arrivera tôt ou tard. En plus, ils auront transformé leurs pertes temporaires en pertes définitives. Si vous avez de l'argent, c'est plutôt le moment d'acheter les meilleures actions ayant des fondamentaux solides, pendant que leurs prix sont encore bas.

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Le Rideau de la Bourse ouest africain s’est fermé le 31 décembre 2018 avec un constat amer. Une baisse record de 29,2 % jamais atteinte auparavant.

Même les mastodontes de la bourse, à savoir les valeurs dite refuges n’ont pas résisté à la spirale baissière. SONATEL 32% de baisse, SGBCI 36% et BOA BENIN 43%.

Nous pouvons expliquer cette baisse sous différents angles. Les explications les plus simplistes vous diront qu’après la reprise de l’activité économique ivoirienne en 2011, Il y’a eu une surévaluation des valeurs, donc une correction naturelle s’imposait. On peut leur concéder cela, mais une correction sur maintenant 3 années nécessite une analyse plus approfondie.

L’économie sous régionale à un taux de croissance avoisinant les 6 % en moyenne. LA BRVM est fortement corrélée aux entreprises ivoiriennes qui représentent près de 70% du marché. Le pays des éléphants a une croissance record de 7% par année depuis bientôt 5 années. La bourse d’une telle région ne peut dégringoler aussi facilement, encore moins avec les fondamentaux toujours stables et solides des sociétés cotées.

Malgré tous ces chiffres flatteurs, le composite a percé toutes ses résistances et est passé en dessous des 200 points ramenant ainsi la BRVM à son plus bas niveau sur 5 ans.

Causes probables :

La première cause est la perte de confiance des investisseurs sur le marché après deux années consécutives de baisse. Ceci s’est confirmé à travers l’indice de confiance du marché que nous avons élaboré, SIKA Confidence INDEX. A partir du mois d’Aout de l’année 2018, nous avons sondé chaque mois les acteurs du marché, des professionnels comme de simples investisseurs. Il est ressorti de ce sondage une tendance générale plutôt pessimiste sur l’année 2018.

Une attitude pareille emmène les gestionnaires de fonds et des compagnies d’assurance dans la majeure partie des cas, à se tourner vers le marché des obligations.

Deuxième cause probable : la hausse des taux d’intérêt de la FED et le retrait des investisseurs internationaux

Nous avons constaté ces dernières années un afflux des fonds vers les marchés émergents et Frontier. L’abondance de fonds disponibles a contribué à gonfler les niveaux de valorisation des actions pendant plusieurs années et l'afflux de liquidité sur nos marchés a donc dopé leurs performances.

Le resserrement de la politique monétaire de la FED a donc conduit à une raréfaction des liquidités disponibles sur les marchés financiers et a pesé sur la bourse. La hausse des taux d’intérêt aux Etats Unis et le raffermissement du dollar a fini par modifier la perception des investisseurs envers les marchés EMERGENTS et FRONTIERS.

Les gestionnaires de fonds étrangers ont donc pour la plupart préféré rapatrier leurs investissements sur un marché plus efficient au lieu de prendre des risques sur nos marchés en proie à des aléas politiques, économiques et autres.

Nous n’avons aucune donnée pour étayer ces faits sur le marché de la BRVM. Mais au deuxième trimestre l’indice MSCI a été impacté et a chuté à cause de ces rapatriements…Ayant des pays simulable au nôtre dans de cette indice, cela peut s’appliquer à notre marché d’autant plus que les mêmes chutes ont été observées aux mêmes périodes sur les marchés Ghanéen, kenyan et Nigérian.

Troisième cause de la baisse : l’affaire SAF CACAO.

Détenant un passif estimé à 150 milliards FCFA auprès des banques, l’annonce de la liquidation de SAF CACAO a été un coup dur pour le marché et plus précisément pour les entreprises du secteur bancaire.  Dans un marché en manque de confiance et caractérisé par une absence de communication, la perception des investisseurs a été guidée par les nombreuses déclarations du gouvernement ivoirien qui ne rassurait pas quant à une éventuelle solution pour les banques. En effet, le mardi 25 Septembre 2018, le président Alassane Ouattara pointait la responsabilité des banques et a estimé que l’Etat de Côte d’Ivoire ne prendrait aucune mesure spéciale pour cette affaire.

Le marché a ainsi réagi à toute cette affaire en sanctionnant lourdement toutes les banques.  L’indice sectoriel bancaire a perdu 23.07% cette année.

Quatrième cause de baisse : Le climat politique en Côte d’Ivoire

Ne nous voilons pas la face. Certes, les investisseurs continuent d’affluer en Côte d’ivoire mais il y’a aussi une certaine classe d’investisseurs qui restent très prudents. La déchirure au sommet de l’Etat entre les principaux dirigeants du pays au sein de la coalition du Rassemblement des Houphouetistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) a été l’un des signes majeurs de la détérioration du climat politique en Côte d’Ivoire. Cette situation semble avoir accentué la baisse du marché. Le PDCI semble définitivement avoir tourné le dos à son allié politique le RDR dans leur coalition politique. Au vu de ceci, nous assistons à une certaine crispation dans le paysage politique ivoirien qui n’est pas de nature à rassurer les investisseurs surtout à l’approche des élections présidentielles.

Cinquième cause de baisse : Des investisseurs à la recherche de prix de plus en plus bas

Nous avons assisté au dernier trimestre de l’année à une vague baissière initiée par une catégorie d’investisseur. En effet, la perte de confiance générée par le marché depuis ces trois (3) dernières années a fini par dissuader certains investisseurs quant à la remontée des cours. La majorité des acteurs ont ainsi opté pour un changement de stratégie en réduisant leurs investissements ou à défaut en sortant de leurs positions. Cette stratégie a eu pour impact de rendre le marché moins liquide et d’accentuer sa volatilité.

C’est dans ce contexte morose qu’un nouveau type d’investisseur est apparu à la BRVM ; Ces investisseurs semblent avoir pour objectif d’alimenter la baisse en pratiquant du « dumping » et racheter les actions aux prix le plus bas. Des sociétés ont ainsi vu le cours de leur action chutée sans aucune raison fondamentale….

Demain nous nous focaliserons sur les top losers et winners du marché de l'année 2018.

Ahmed DIALLO

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