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La croissance économique en Afrique est l’une des plus dynamiques au monde. Toutefois, cette forte croissance n’a aucune incidence sur les emplois créés en Afrique. Le taux de chômage officiel, calculé selon la méthode de l’OIT, est très faible en Afrique, certes. Mais la part cumulée des emplois vulnérables et des chômeurs dans la population active de 72% en 2018 (voire 90% dans certains pays), fait partie des plus élevées au monde.
La Banque africaine de développement (BAD) a rendu public, le jeudi 17 janvier 2019, l’édition 2019 de son rapport intitulé « Perspectives économiques en Afrique ». Selon la BAD, la croissance économique suit une trajectoire ascendante sur le continent. En effet, après une croissance du PIB réel à 3,6% en 2017 et 3,5% en 2018, l’économie africaine devrait s’accélérer à 4% en 2019 et 4,1% en 2020.
Selon les estimations du FMI, sur les dix pays présentant la plus forte croissance en 2019, six sont africains.
Source: FMI
Toutefois, le taux de croissance actuel est inférieur à celui de la période qui a suivi juste la récession de 2009. En fait, sur la période 2010-2014, le taux de croissance annuel moyen du continent tournait autour de 4,7%, ralenti ensuite à 3,5% en 2015 et 2,1% en 2016, en partie du fait de la forte baisse des prix du pétrole et d’autres chocs régionaux comme la sécheresse en Afrique de l’Est et en Afrique australe.
La reprise de la croissance en 2017 pourrait, cependant, être expliquée par le rebond des prix des produits de base tels que le pétrole, surtout chez les pays africains exportateurs de ce produit. En effet, le prix du Brent a augmenté de près de 177%, passant d’un record historiquement bas de 27,45 dollars USD en février 2016 à 74,34 dollars USD en octobre 2018.
Au demeurant, les moteurs de la croissance économique en Afrique sont connus. Il s’agit notamment de la consommation et de l’investissement. En effet, la consommation a toujours été la principale source de la demande en Afrique, et elle s’est maintenue à environ 80% du PIB, tandis que l’investissement, le deuxième moteur de demande, est resté autour ou en dessous de 25% du PIB depuis le début des années 2000.
Toutefois, la consommation en pourcentage du PIB a diminué depuis 2016 tandis que les investissements et les exportations nettes sont repartis à la hausse. Ces deux dernières années, ces moteurs de la croissance en Afrique ont progressivement retrouvé leur équilibre.
Ainsi, la contribution de la consommation à la croissance du PIB réel est passée de 55% en 2015 à 48% en 2018, tandis que la contribution de l’investissement est passée de 14% à 48%.
Source : BAD
En revanche, les exportations nettes, qui représentent historiquement un frein à la croissance économique, ont apporté une contribution positive depuis 2014.
Malgré la dynamique de cette croissance économique en Afrique, le dernier rapport de la BAD souligne, dans le même temps, que les pays à revenu intermédiaire en Afrique ont tendance à connaître un taux de chômage plus élevé.
Ce contraste révèle le caractère insuffisant de cette croissance à contenir le chômage et à réduire donc la pauvreté.
En fait, selon les conclusions du rapport de la BAD, une augmentation de la croissance du PIB de 1% sur la période 2000-2014 n’a été associée qu’à une croissance de 0,41 % de l’emploi, ce qui correspond à un taux de croissance annuel de l’emploi inférieur à 1,8%, soit bien en deçà des 3% de croissance annuelle de la population active.
Si cette tendance se maintient, 100 millions de personnes rejoindront les rangs des chômeurs en Afrique d’ici 2030, toujours selon la BAD.
Ce constat alarmant amène à repenser le modèle de croissance en Afrique afin de le rendre plus inclusif et durable.
Dr Ange PONOU
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