Pourquoi la politique monétaire américaine captive-t-elle autant l'att

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websika websika
08/02/2019 18:07:32
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Excellente question. Mais sachez tout d'abord qu'après la crise financière de 2008, la FED avait réduit ses taux aux alentours de 0%, ce qui a favorisé un afflux de liquidité sur les marchés financiers dont l'objectif était de relancer la croissance. Et c'est justement cet afflux de liquidités sur les marchés de capitaux occidentaux qui a poussé nos Etats à émettre des obligations libellés en euro. Le relèvement du taux directeur de la FED pourrait par conséquent les contraindre à rester sur nos marchés.

Toutefois, nous vous reviendrons avec un article bien plus détaillé sur la question. Merci
  
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GuyD@1er GuyD@1er
08/02/2019 17:44:30
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Suite a cet article, je voudrais aussi avoir l'impact de cette politique quant aux adjudications de nos Etats membres sur le marché régional.
Dans ce sens, on a tous constaté que deux Etats à savoir le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont eu recours aux euro-bonds en 2017 et 2018. A présent que les Bons du trésor américains sont plus prisés des investisseurs internationaux, je me demande si cette situation n’entraînera pas une réduction des montants mobilisés de la part de ces deux Etats sur les marchés internationaux au profit du marché régional.
Merci de me revenir.
  
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GuyD@1er GuyD@1er
08/02/2019 17:44:30
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L’année 2018 a été marquée par un relèvement progressif du taux directeur de la réserve fédérale américaine (FED). Cette hausse continue de ce taux a été scrutée avec beaucoup d’intérêt par l’ensemble des marchés financiers dans le monde.

Les taux directeurs sont constitués d’une part du taux d’intérêt auquel la banque centrale prête aux banques commerciales pour des durées courtes (habituellement, et selon les banques centrales, d’un jour à une semaine), et d’autre part du taux d’intérêt auquel elle rémunère l’argent qui figure sur les comptes des banques commerciales chez elle.

Ces taux s’appellent les taux directeurs parce qu’ils ont une influence sur le niveau des taux d’intérêt auxquels les banques commerciales se prêtent entre elles à court terme.

On a pu constater que depuis 2015, la Fed (la banque centrale américaine) a procédé, à neuf reprises, au relèvement de son taux directeur et à chaque fois de 25 points de base (0,25%). Pour l’année 2018, ce n’est pas moins de 4 hausses auxquelles la Fed s’est adonnée sur son taux directeur.

Quelles sont les motivations d’une telle politique ?

Théoriquement, les hausses et les baisses des taux directeurs suivent des cycles. Ainsi, une banque centrale baisse ses taux directeurs quand la croissance économique est faible et qu’il n’y a pas de risque d’inflation. Le coût du crédit baisse, les entreprises empruntent et investissent davantage, et la croissance économique repart.

A l’inverse, la banque centrale décide de monter ses taux directeurs lorsque le risque d’inflation devient trop élevé. Le coût du crédit augmente, les emprunts et les investissements chutent, la croissance économique ralentit, et les pressions inflationnistes cessent.

A la lumière de ce qui précède, nous pouvons interpréter les relèvements successifs des taux directeurs de la Fed comme une mesure visant à freiner les tensions inflationnistes et, par ricochet ralentir l’activité économique aux Etats-Unis par l’augmentation du coût du crédit pour les entreprises et pour les ménages.

Pour comprendre les raisons des augmentations successives du taux directeur de la FED depuis décembre 2015, analysons simultanément l’évolution de sa croissance économique et celle de son inflation sur la période 2000-2018.

On remarque que sur la période 2000-2018, la croissance économique et l’inflation ont quasiment la même tendance. Ainsi, les deux grandeurs macroéconomiques ont connu simultanément des niveaux très bas en 2009.

Dans les faits, entre 2008 et 2009, la croissance économique américaine a connu une dépression à cause de la crise financière de 2007 débutée dans ce pays. En effet, depuis le déclenchement de la crise des « subprimes » aux Etats-Unis en été 2007, le choc s’est propagé rapidement dans le monde. Celle-ci a entraîné la faillite de grandes banques américaines telles Lehman Brothers, conduisant ainsi à une baisse importante du crédit et une sévère dépression économique. Le chômage important qui s’en est suivi a considérablement ruiné le pouvoir d’achat des ménages américains, ce qui explique par ailleurs le niveau bas de l’inflation comme observé sur le graphe.

Graphe 1 : Evolution comparée de la croissance du PIB et de l'inflation aux USA

                                                                                    Source: Banque mondiale, auteur

Comment percevoir la réaction des autorités monétaires américaines face à ce qu’il est convenu de décrire comme la seconde plus grave crise financière du monde avec celle de 1929 ?

Pour nous en convaincre, nous avons observé la progression des taux directeurs de la Fed sur la même période.

Graphe 2 : Evolution du taux directeur de la FED sur la période 2000-2018

                                                                                                      Source: Auteur

On remarque que la réponse des autorités monétaires américaines face à la grande dépression de la plus grande économie mondiale ne s’est pas faite attendre. En effet, alors que le taux directeur était à 4,25% le 11/12/2007, il a progressivement été abaissé à 0,25% le 16/12/2008.

Cette politique monétaire accommodante était censée baisser le loyer de l’argent pour les entreprises et les ménages et relancer in fine la croissance économique. Mais l’effet escompté n’a pas été immédiat puisqu’en 2009 la croissance économique a atteint un pire niveau. En fait, une telle politique monétaire, qui passe d’un pic de niveau du taux directeur au suivant, dure généralement 5 à 8 ans.

C’est ainsi que la Fed a maintenu ce taux de 0,25% jusqu’au 28/10/2015. Et là, les effets sur la croissance américaine ont été palpables.

Entre cette date et le 30/01/2019, la Fed a également procédé à un relèvement de son taux directeur à neuf reprises, le faisant passer de 0,25% à 2,50%. Pour le président de la banque centrale américaine, Jerome Powell, ce niveau de taux est approprié et donc neutre pour l’économie.

Il faut savoir que ce relèvement des taux, conjugué à une réforme fiscale favorable, ont permis à l’économie américaine de retrouver sa vigueur d’antan.

Impact de la politique monétaire de la Fed sur les marchés financiers émergents

L’impact de la politique monétaire de la banque centrale américaine aura été crucial en 2018, surtout sur les marchés financiers émergents. En effet, avec le relèvement du taux directeur de la Fed, les investisseurs internationaux ont préféré les bons du Trésor américain aux perspectives plus rémunératrices et plus sûrs par rapport aux placements sur les marchés financiers émergents qui sont plutôt plus risqués.

Ce constat a été matérialisé par une baisse de l’indice MSCI des marchés émergents de 17,11% sur l’année 2018.

Graphe 3 : Evolution de l'indice MSCI des marchés émergents en 2018

Sur le graphe, on remarque que tout au long de l’année 2018, l’indice MSCI a oscillé dans un canal baissier.

Du fait de cette situation les investisseurs internationaux vont développer une nette préférence pour les bons du trésor américains et abandonner ainsi les marchés financiers émergents. Ce qui va occasionner une hausse de la demande du dollar USD qui par ricochet va s’apprécier par rapport à un panier de devises de référence.

En outre, un dollar plus fort aura tendance à renchérir la dette des pays étrangers qui d’importants stocks de leur dette libellés en dollar US.

Dr Ange PONOU


  
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