Porté par l'appréciation significative du cedi, le Ghana prévoit une nouvelle hausse du prix payé aux producteurs de cacao. Un ajustement qui combine soutien aux agriculteurs, stabilité macroéconomique et lutte contre les fuites vers les marchés voisins.
Le Ghana, deuxième producteur mondial de cacao, s'apprête à relever de 6,5% le prix à la production du cacao pour la campagne 2025-2026. Ce tarif passerait de 3 100 cédis à 3 300 cédis le sac de 64 kg, soit environ 318,5 dollars, avec une équivalence de 4 976,6 dollars la tonne. Ce léger ajustement fait suite à une forte appréciation de 42% du cedi ghanéen depuis le début de l'année, dopée par des réformes budgétaires, la hausse du prix de l'or et un accroissement des réserves de change.
Soutenir les producteurs et freiner la contrebande
La hausse du prix payé aux producteurs vise à stimuler l'investissement agricole, en particulier dans les intrants comme les engrais et les produits phytosanitaires. Mais elle répond aussi à l'objectif d'endiguer la contrebande vers les pays voisins, notamment la Côte d'Ivoire, qui rémunère actuellement ses producteurs à un niveau inférieur (252,8 dollars par sac).
Jusqu'à récemment, la dépréciation du cedi face au franc CFA rendait plus lucratif le commerce informel. Désormais, le renforcement de la monnaie ghanéenne inverse les incitations et réduit les arbitrages illicites transfrontaliers.
Un système de prix rigide face à la flambée mondiale
Si cette nouvelle rémunération constitue une amélioration pour les producteurs ghanéens, elle reste en décalage avec la hausse spectaculaire des prix mondiaux du cacao. Les contrats à terme ont atteint plus de 12 000 dollars la tonne en 2023, un record, avant de retomber autour de 8 900 dollars actuellement. Pourtant, les systèmes de fixation des prix internes au Ghana et en Côte d'Ivoire, fondés sur une moyenne annuelle des contrats passés, limitent le transfert immédiat des gains mondiaux aux producteurs locaux.
Autre mesure anticipée par le Ghana Cocoa Board, le lancement de la campagne deux mois plus tôt, pour empêcher les producteurs de stocker leurs fèves en attendant des prix meilleurs ou de les écouler sur des marchés informels. Cette initiative s'inscrit dans une stratégie plus large de maîtrise des flux de cacao et de stabilisation des revenus agricoles.
Une politique macroéconomique qui redonne des marges de manœuvre
L'orientation budgétaire du nouveau gouvernement ghanéen, marqué par une discipline renforcée et une maîtrise des dépenses, a permis de ralentir l'inflation (18,4% en mai) et d'accroître les réserves de change à 10,7 milliards de dollars. Cette amélioration macroéconomique redonne de l'espace au gouvernement pour soutenir des politiques agricoles plus ambitieuses, notamment dans le cacao, pilier économique du pays.
En envisageant de relever légèrement le prix du cacao, Accra envoie un signal positif aux producteurs, tout en s'appuyant sur une conjoncture monétaire favorable pour resserrer les lignes de défense contre la contrebande.
Mais le contraste entre la flambée des marchés mondiaux et la stagnation des prix locaux rappelle la nécessité de réformer en profondeur les mécanismes de fixation des prix pour que les agriculteurs puissent pleinement profiter du boom du cacao.
La Rédaction
Publié le 01/07/25 18:12
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