Gaston Zossou, DG de la Loterie Nationale du Bénin: ''L’industrie des jeux est rentable et quasiment insubmersible''

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Gaston Zossou, DG de la Loterie nationale du Bénin (LNB) :

''L'industrie des jeux est rentable et est quasiment une embarcation insubmersible''

 Gaston ZOSSOU, Directeur Général de la LNB et Sarah KPENOU, Conseiller Technique aux Finances du Ministre d'Etat, de l'Economie et des Finances du Bénin.

La Loterie Nationale du Bénin (LNB) sera le prochain entrant à la BRVM. La société publique va entamer à compter de ce 7 octobre une OPV (opération publique de vente) en vue de la cession de 35 à 45% de son capital, ultime étape avant son admission à la cote du marché boursier de l'UEMOA. Un processus structuré par EIC, la SGI du groupe Ecobank pour la région, qui permet de dévoiler au grand jour une société rentable, en pleine expansion dont le chiffre d'affaires a bondi de 1 000% sur ces 7 dernières années. 

A la veille de cette opération, Sika Finance a rencontré Gaston ZOSSOU, le directeur général, qui revient sur le modèle économique de la LNB, ses performances et ses perspectives, et Sarah KPENOU, Conseiller Technique aux Finances du Ministre d'Etat, de l'Economie et des Finances, qui partage la vision de l'Etat béninois pour la BRVM où il entend être de plus en plus actif. Interview.   

Monsieur ZOSSOU, la Loterie nationale du Bénin (LNB SA) que vous dirigez lance une OPV qui doit déboucher sur son entrée à la BRVM. Pour les investisseurs hors du Bénin, que diriez-vous de cette société ?

Gaston ZOSSOU(GS) : La LNB S.A se caractérise aujourd'hui par une croissance impétueuse de son chiffre d'affaires qui est passé de 10 milliards FCFA brut en 2015 à 101 milliards brut en 2023. Ces chiffres augurent d'un chiffre d'affaires de 120 pour 2024. Soit une poussée de 1000 % en 7 exercices fiscaux. C'est donc sur des bases objectives que ce momentum va se poursuivre sur les années à venir.

Le résultat net va croitre dans de meilleures proportions ne serait-ce qu'à la faveur des économies d'échelle et de la contention efficiente des charges. 

Le chiffre d'affaires de la LNB a bondi de 1 000% en 7 exercices !

C'est aussi de la rigueur dans la gestion au quotidien, de la capacité de l'entreprise à fournir des informations financières fiables à ses différents niveaux de contrôle.

L'assurance que nous avons d'un avenir encore radieux pour la LNB SA repose aussi sur la nature de l'industrie qui de manière sommaire consiste à faire jouer la communauté pour 100 FCFA sur une période et à lui retourner 70 FCFA sous la forme de gains très inégalement répartis.

L'assurance que nous avons d'un avenir encore radieux pour la LNB SA repose aussi sur la nature de l'industrie qui de manière sommaire consiste à faire jouer la communauté pour 100 FCFA sur une période et à lui retourner 70 FCFA …

L'excitation, le divertissement, le goût du risque, et celui du lucre permettent de maintenir chaque joueur dans l'espérance raisonnable de son tour, celui de gagner, voire de gagner gros.  L'industrie des jeux de ce fait, sauf cataclysme, reste quasiment une embarcation insubmersible. La tendance actuelle des chiffres de la LNB SA ne nous fait pas entrevoir un fléchissement de sa courbe de croissance avant quelques années encore. Quoique la force des jeux de hasard et d'argent repose sur cete pulsion naturelle de l'être humain à aller au devant de l'aléa. Il reste impérieux que de bons soins soient donnés à l'image de la loterie. L'estime et la respectabilité de l'institution au sein de la communauté demeurent des facteurs essentiels de sa réussite.

La tendance actuelle des chiffres de la LNB SA ne nous fait pas entrevoir un fléchissement de sa courbe de croissance avant quelques années encore.

Pouvez-vous présenter l'opération dans ses grandes lignes, notamment le montant recherché, le prix de l'action, la part du capital à céder, etc. ? 

GS : L'opération a été initiée par l'Etat du Bénin afin de céder au grand public entre 35% et 45% de son capital, soit 7 à 9 millions d'actions.

Le prix de cession d'une action étant de 4 800 F avec un montant indicatif de l'offre compris entre 33,6 milliards FCFA et 43,2 milliards FCFA.

L'industrie des jeux, sauf cataclysme, reste quasiment une embarcation insubmersible.

Toutes personnes physiques ou morales appartenant à l'une des catégories ci-dessous peuvent souscrire :

  • Catégorie 1 : Personnes physiques de nationalité béninoise résidant au Bénin ou à l'extérieur
  • Catégorie 2 : Personnes morales de droit béninois.
  • Catégorie 3 : LNB en auto-détention
  • Catégorie 4 : Personnes physiques et morales non béninoises

Madame KPENOU, c'est la première fois que l'Etat béninois fait le choix de céder des participations dans une société publique via la BRVM, répondant ainsi à un appel récurrent du marché. Est-ce là un premier ballon d'essai ou cette opération s'inscrit-elle dans une vision plus large du gouvernement béninois de participer plus activement à l'animation du marché ?

SK : Son Excellence Monsieur Patrice TALON, président de la République du Bénin, a toujours été un ardent soutien des marchés de capitaux et a contribué à la concrétisation du projet de mise en place de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières.

C'est donc naturellement qu'à son accession à la magistrature suprême du Bénin, le gouvernement a exprimé une volonté de participer à la dynamique et à la profondeur du marché de capitaux régional.

(...) le gouvernement a exprimé une volonté de participer à la dynamique et à la profondeur du marché de capitaux régional.

Cependant, l'inventaire du portefeuille des entreprises publiques béninoises a relevé l'existence de nombreux défis auxquels il a fallu s'attaquer. Il fallait, par exemple, redéfinir des stratégies porteuses de croissance pour les entreprises, solidifier les entreprises existantes, améliorer la création de valeur, créer de nouveaux pôles d'efficacité, en apprécier les efforts, et s'assurer de leur capacité à projeter de la performance sur le long terme.

Le ministre d'Etat, ministre de l'Economie et des Finances Romuald WADAGNI s'assure au quotidien que les objectifs assignés soient atteints. Sous son leadership, le Bénin lance ainsi son opération inaugurale d'offre publique de vente d'actions d'une de ses entreprises publiques, qui sera suivie d'opérations innovantes.

Quelles sont les principales motivations qui ont présidé au choix d'une introduction en bourse à ce moment précis ?

SK : La faiblesse des introductions en bourse sur notre place financière communautaire est l'une des causes de liquidité insuffisante observée sur le marché action. Nous avons choisi de faire cette opération d'introduction en bourse en 2024 pour plusieurs raisons.

D'un point de vue macro-économique, les données du Bénin soulignent une croissance ayant dépassée les 6% sur les 3 dernières années, malgré la succession de chocs au niveau international et régional. En 2023, la croissance du Bénin était de 6,4% et nous entendons atteindre les 6,7% en 2024. Pour 2025-2027, il est projeté une croissance moyenne proche de 7%. Ce contexte est donc favorable pour soutenir la croissance de nos entreprises.

Le contexte est favorable pour soutenir la croissance de nos entreprises. 

D'un point de vue marché, les indicateurs à la BRVM sont en hausse ; ce qui dénote d'un appétit des investisseurs sur le marché. L'orthodoxie financière préconise donc de faire des IPO quand le marché est dans une phase d'ascension.

Enfin, rappelons que la dernière introduction en bourse sur le marché régional d'Orange Côte d'ivoire date de l'année 2022, soit il y a 2 ans ; alors que les statistiques de la BRVM sur les 10 dernières années affichent la moyenne d'une opération chaque année. Il est donc intéressant pour le Bénin de se positionner en marquant la relance des introductions en bourse sur le marché et ce, avec un nouveau secteur d'activité. 

Pourquoi les populations devraient-elles s'intéresser à cette opération ?

GS : C'est l'assurance que le résultat net qui est l'assiette du dividende sera conséquemment et de façon soutenue croissant et que les risques résiduels de l'entreprise restent minimes.

(…) le résultat net qui est l'assiette du dividende sera conséquemment et de façon soutenue croissant et que les risques résiduels de l'entreprise restent minimes.

Dès la fin de 2024 notre parc de terminaux qui aujourd'hui est de 2 800 appareils passera à un minimum de 5 000 sans que nous ne courrions le risque de voir les nouvelles machines introduites mordre dans le chiffre d'affaires de celles déjà en exploitation.

Vu qu'après une étude précise de l'occupation du territoire national, nous savons avec précision quelles zones sont restées non couvertes, soit 55% du territoire national, que nous couvrirons avec les nouvelles machines ce qui constituera une augmentation nette du chiffre d'affaires. Il est entendu que notre communication s'appliquera à maintenir son action sur l'entièreté du territoire national pour renforcer et entretenir l'engouement aux jeux dans les limites de l'addiction.

Quelle est la stratégie pour renforcer la dynamique de création de valeur de la société ?

GS : Augmenter le taux de pénétration du marché comme il a été dit, piloter les charges de sorte à optimiser l'efficience opérationnelle et financière de la LNB SA, conduire une veille technologique adéquate pour créer et conserver de la valeur ajoutée. 

Les attentes des investisseurs sont fortes en matière de dividende. Quelle sera votre politique en la matière ?

GS : Conformément à la politique d'affectation de résultat de la LNB, il sera proposé à l'Assemblée Générale de suivre une politique de distribution correspondant à un dividende annuel compris entre 60 et 80% du résultat net distribuable.

Nous proposerons une politique de distribution correspondant à un dividende annuel compris entre 60 et 80% du résultat net distribuable.

Dès la fin de l'exercice comptable en cours, les dividendes de l'exercice 2024 seront distribués.

Au-delà, la LNB, conformément à ses missions, a aussi pour vocation de mener des activités sociales au profit des communautés. Quel équilibre entre obligation statutaire et la rémunération des actionnaires ?

GS : L'équilibre se situe au meilleur point d'efficacité. Investir dans sa respectabilité, dans son image contribue à la réussite commerciale et financière. Il s'agit de trouver le juste milieu ou la bonne moyenne entre la nécessité d'investir dans son image et se garantir un résultat net compétitif, puisque c'est sur cet dernier élément que se conduira  la compétition entre nous et les autres entreprises côtés à la BRVM. 

Avec l'introduction en bourse, la gouvernance de la société pourrait-elle évoluer ? Que pouvez-vous dire sur ce sujet à l'endroit des investisseurs ?

GS : La réponse à cette question dépend exclusivement de l'Etat béninois qui demeure actionnaire majoritaire de la LNB. Il lui revient d'offrir à ceux qui nous feront l'honneur d'investir entre nos mains le niveau d'engagement auquel ils pourraient prétendre dans la gouvernance de l'entreprise. 

Quelle est votre vision pour l'entreprise dans les prochaines années après l'introduction en bourse ?

GS : Je vois une LNB compétente, compétitive et technologiquement alignée pour développer son potentiel de croissance. Une entité qui développe des jeux attractifs à forte valeur ajoutée en maintenant éthique et responsabilité pour consolider son image de marque. Une entité impliquée au plan social auprès de la communauté sans éroder la rémunération satisfaisante des investisseurs.

 Faut-il alors s'attendre à des cessions d'actifs publics à la BRVM dans les mois à venir ?

SK : Oui, la vision globale est de pouvoir introduire chaque année au moins une entreprise à la cote de la BRVM, bien évidemment en tenant compte des conditions de marché.

La vision globale du Bénin est de pouvoir introduire chaque année au moins une entreprise à la cote de la BRVM

Comment envisagez-vous utiliser les fonds levés grâce à cette introduction en bourse ?

SK : Le Programme d'Action Gouvernement de la République du Bénin (PAG) a prévu un ensemble de programmes et projets structurants, porteurs de croissance et de développement. Le gouvernement entend donc monétiser une partie de ses actifs dans des entreprises performantes et investir dans la transformation structurelle de notre économie ; pilier 2 du PAG. Pour mémoire, ce pilier 2 du PAG met un accent particulier sur une agriculture moderne et diversifiée, une transformation des produits agricoles, la formation professionnelle des jeunes, le tourisme etc…

Les interactions avec le marché sont importantes et permettent de renforcer la relation de confiance avec ce dernier. Comment comptez-vous communiquer pour entretenir des liens forts avec les investisseurs ?

GS : Le dispositif interne de la LNB est ajusté pour fournir en toute transparence une information utile et fiable à la prise des décisions des investisseurs. De plus un accent particulier est mis sur la veille en matière de conformité. 

Il faut dire qu'en sus de toutes les actions évoquées précédemment en rapport avec la création des valeurs, des attitudes et des réflexes nouveaux seront mis en place dans l'entreprise pour lui éviter toute dissipation dans des pénalités qui résulteraient des non-conformités. Il est entendu que cette tache particulière sera confiée à un comité multidisciplinaire et proactif à l'affût de tout changement réglementaire ou légal afin de s'y conformer rigoureusement. 

En tant que représentant de l'Etat béninois, avez-vous un appel à lancer aux populations béninoises et plus largement à celles de la région par rapport à cette OPV ?

SK : Les investisseurs devraient saisir cette opportunité unique de prendre part à l'actionnariat de la Loterie Nationale du Bénin qui a démontré au cours des dernières années, sa capacité à innover et à créer de la valeur par ses remarquables performances.

Pour les populations béninoises, en particulier, cet investissement a le double intérêt de leur permettre non seulement de profiter des revenus générés par cette entreprise au travers de dividendes mais aussi de contribuer au développement de leur pays. Il permet à tout individu, entrepreneur, employé, commerçant, agriculteur ou étudiant, de participer à l'actionnariat d'une entreprise publique, d'orienter ses choix stratégiques y compris sa gouvernance.

Il s'agit de prendre sa place parmi les bâtisseurs de l'économie béninoise et de devenir un acteur de notre souveraineté économique.

Enfin, ce projet qui s'adresse à tous est un creuset pour la diversification des portefeuilles financiers.

Je vous invite à ne pas rater ce carrefour.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 02/10/24 11:14

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