La Côte d’Ivoire mise sur la transformation de sa production agricole avec l’appui de la Banque mondiale

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Pays tributaire de ses matières premières agricoles d'exportation, la Côte d'Ivoire ambitionne de faire évoluer la donne, de changer de paradigme et accroître les revenus tirés de ses filières dans sa vision de transformer structurellement son économie à l'horizon 2030. Une ambition qui s'appuiera notamment sur le programme PCCET (projet de chaîne de valeurs compétitives pour l'emploi et la transformation économique), un ambitieux projet qui vise à faire de la transformation locale des spéculations agricoles un levier de sa croissance économique. 

Le PCCET, financé à hauteur de 200 millions de dollars, soit environ 119 milliards FCFA, via un prêt de la Banque mondiale, a été lancé ce 2 avril en présence du Premier ministre Patrick ACHI à Aboisso, dans le sud-est ivoirien à environ 90 km d'Abidjan, a vocation à servir de modèle à une filière agricole ivoirienne qui reste peu rémunératrice pour son économie. 

Le projet a pour finalité de mettre en place des chaînes de valeur agro-industrielles plus productives et compétitives à même de permettre à la Côte d'Ivoire de s'insérer avantageusement dans l'économie mondiale et y tirer le maximum de revenus. En d'autres termes, l'objectif poursuivi est de faire en sorte que les matières premières agricoles ne soient plus exportées brutes, mais qu'a travers différents niveaux de transformations locales, le pays parvienne à donner plus de valeurs (apporter de la valeur ajoutée) à ces spéculations qui pourront alors s'échanger à des prix plus rémunérateurs avec ce que cela aura comme incidence sur l'emploi et les revenus des paysans. 

Les filières mangue, ananas, palmier à huile et hévéa ont été sélectionnées pour intégrer le PCCET. 

" L'objectif est d'améliorer la compétitivité de ces filières, c'est dire augmenter la valeur et le volume des exportations dans ces spéculations, et in fine d'accroître les revenus des paysans à travers la création d'une plus forte valeur ajoutée dans nos pays " a expliqué le coordonnateur du projet pour la Banque mondiale. 

" Les pays qui ont eu l'opportunité de se développer rapidement, de construire d'importantes infrastructures, de créer nombreux emplois pour les jeunes, ne sont pas des pays qui simplement produisent des biens agricoles et les vendent ", a rappelé le chef du gouvernement ivoirien qui a souligné que la Côte d'Ivoire est engagée à amorcer une nouvelle étape de son développement après avoir bâti durant des décennies une stature de champion agricole régional. 

" Pour un pays qui ne vend que des produits agricoles, a-t-il ajouté, les revenus qu'il en tire sont beaucoup trop faibles pour qu'il se développe. Un produit coûte de plus en plus en cher au fur et à mesure qu'on le développe et qu'on le transforme ". 

" Pour que nos paysans et notre pays puissent vivre dignement de leur production, il faut que nous parvenions à mettre en place ce qu'on appelle les chaînes de valeur, c'est-à-dire qu'à partir de la fève de cacao, il va falloir passer à la poudre de cacao, au beurre de cacao, aux produits chocolatés. Il faut en faire de même pour la noix de cajou, etc. ", a insisté le chef du gouvernement. 

L'exemple maintes fois ressassés de la filière cacao vient rappeler l'urgence pour le pays de procéder à un changement d'approche de sa stratégie de développement. En effet, sur un marché mondial du chocolat qui brasse chaque année plus 100 milliards de dollars de revenus, il ne revient aux pays producteurs que 5 à 6% de cette enveloppe. Autrement dit, la partie du travail la plus pénible, celle des paysans, est la moins rémunérée parce que n'offrant que des fèves brutes, non transformée, sans aucune valeur ajoutée.  

À travers le PCCET, ce sont à termes de petites unités de transformation qui devraient essaimer dans les zones agricoles avec des productions pour le marché local et l'exportation, améliorant les revenus des paysans et générant des emplois. 

Structuré autour de 5 axes, le projet permettra d'investir à la fois en amont et en aval dans les filières ciblées selon la Banque mondiale. Il s'agira d'investir afin de combler les insuffisances dans les filières. Ce sera le cas par exemple " dans la logistique à température contrôlée " pour la maîtrise de la chaîne de froid déterminante pour des cultures comme l'ananas, ou encore d'investir dans les techniques de collecte en vue de diversifier les débouchés comme c'est le cas de l'hévéas dont la collecte est jusque-là dirigée uniquement vers l'industrie pneumatique, alors qu'il est possible de développer d'autres techniques de collecte pour d'autres usages. 

Des investissements seront également engagés afin d'œuvrer à la certification des filières pour faciliter leur accès à certains marchés d'exportations à des prix plus rémunérateurs, à mettre en place des plateformes de service dédiés (microfinance, location de tracteurs et matériels agricoles, etc.), de financer des unités de transformation avec l'appui de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). 

Et plus loin, les fonds serviront à améliorer l'environnement des affaires, à faciliter le parcours administratif pour les exportations, l'accès à un terrain industriel, etc. Et le volet genre est pris en compte puisqu'il est prévu de financer des crèches pour les femmes dans les zones agricoles en plus du renforcement de leurs capacités en entrepreneuriat. 

" Cela est possible " 

" Je serai heureuse et plus fière dans quelques années de voir des boîtes de jus d'ananas et de mangues fabriquées localement dans les supermarchés pas seulement ici en Côte d'Ivoire, mais également à Lagos, Dakar, Tokyo, Bruxelles, Paris ou Washington ou même voir dans quelques années, voir sur nos voitures des pneus made in Côte d'Ivoire " a indiqué Coralie GEVERS, la directrice des opérations de la Banque mondiale pour la Côte d'Ivoire. 

Pour la Côte d'Ivoire, au-delà de l'intérêt économique avec de meilleures revenus générés dans les filières agricoles et le secteur de la transformation, ce sont des emplois pour de milliers de jeunes qui n'auraient pu être créer autrement et qui viendront entretenir la dynamique économique. Car, comme l'a rappelé le Premier ministre Patrick ACHI, ce sont 10 millions de jeunes entrants sur le marché de l'emplois qui sont attendus à l'horizon 2030, soit dans moins de 10 ans.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 19/04/22 20:20

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