Sénégal : '' Vaut mieux stimuler la croissance que lutter contre l'inflation'', estime Mounirou Ndiaye

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 " J'irai en guerre contre la vie chère ", c'est l'une des premières phrases du président Bassirou Diomaye Faye. Face à cette épineuse question qui cristallise les attentes des Sénégalais, Professeur Mounirou Ndiaye, économiste, analyse les options qui s'offrent au nouveau régime et les écueils à éviter en la matière. Pour ce dernier, la lutte contre l'inflation a plutôt évincé les préoccupations de création de richesses et d'emplois en contractant le PIB nominal.

" Le Sénégal est l'un des pays où le coût de la vie est plus chère en Afrique. A compter de l'année 2020, les prix ont grimpé de plus de 50% au Sénégal, alors, qu'à part les fonctionnaires qui ont pu bénéficier d'ajustements salariaux à la hausse entre 2021 et 2022, le pouvoir d'achat des sénégalais n'a pas évolué ", soutient l'enseignant à l'Université Iba Der Thiam de Thiès.

Dans ce contexte, il estime, qu'il faut mettre l'accent sur la croissance économique et non sur la lutte contre l'inflation. Car à son avis, il faut éviter les éternels recommencements dus à des actions d'urgence sans calcul économique, ni arbitrage, ni stratégie adéquats. En 2012, explique l'expert, le régime de Macky SALL s'est rapidement investi dans la baisse des prix des denrées alimentaires et la mobilisation de fonds conséquents pour des transferts sociaux. Des politiques, qui dit, n'ont pas eu les effets escomptés.

" D'environ 6% en moyenne dans la période 2008-2011, le taux d'inflation a été maintenu en moyenne à moins de 0,5% entre 2012 et 2015. Ces actions ont eu pour revers de contracter le PIB ... ", analyse l'universitaire.

Dès lors, estime-t-il, la réflexion stratégique ne doit pas être bâclée et elle doit allier une tactique précise et une communication bien adaptée. Pour lui, l'inflation est l'un des sacrifices majeurs que le peuple sénégalais doit endosser, pour permettre au nouveau régime d'avoir les moyens de sa révolution et de lutter de manière conséquente contre le chômage des jeunes.

Aussi, l'économiste appelle-t-il le nouveau régime à préférer la croissance économique et la hausse des revenus distribués, plutôt que la contraction des prix. " Ces derniers restent une variable très aléatoire encore fortement tributaire de facteurs exogènes que nous ne maitrisons pas du fait des vulnérabilités et la dépendance encore très marquées de notre économie. Dans ce contexte de tensions budgétaires exacerbées, la contraction des prix va mener à des dépenses fiscales indésirables en termes d'exonération de TVA, en plus de nécessiter des subventions, ce qui va davantage plomber les finances publiques ", réfléchit Professeur Mounirou Ndiaye.

Néanmoins, il pense qu'il ne faut ménager aucun effort pour consacrer une bonne partie des économies budgétaires escomptées aux subventions de certaines denrées alimentaires comme l'huile, la farine, le riz et le sucre. Et pour les autres secteurs comme l'immobilier et le transport, il suggère que l'Agence de régulation des marches (ARM) devienne en une Autorité nationale de régulation économique (ANARE).

Mouhamadou Dieng

Publié le 19/04/24 15:41

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