Ghana : Malgré un rendement de 20%, les titres publics boycottés par les investisseurs

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La volatilité du cedi entretient la frilosité des investisseurs qui renoncent à des rendements de 20% proposés sur des titres de l'Etat ghanéen.

Bloomberg révèle ce 23 août que le Ghana a échoué à lever 450 millions de cédis (83 millions de dollars) d'obligations en monnaie locale. Le pays proposait pour l'opération une maturité de 20 ans assortie à un taux d'intérêt de 20,2% !

Mais au final, seulement 162,1 millions de cedi (30 millions de dollars) ont pu être mobilisé.

" La durée est trop longue pour que les investisseurs aient confiance dans l'économie. Les gens ne sont pas très rassurés pour cette échéance " a expliqué à l'agence Anthony Asare, responsable de la trésorerie à GCB Bank, une banque locale qui est le principal détenteur de titres publics du pays.

Voir aussi - Ghana : La croissance en hausse entre dépréciation du cédi et inflation à deux chiffres

" Le niveau de rendement ne suffit pas pour compenser le risque. (…) Si vous êtes un investisseur étranger, vous vous souciez non seulement du rendement de l'obligation, mais également du taux de change à partir duquel vous pourrez rapatrier votre argent ", a également ajouté Mark Böhlund, économiste à  Bloomberg.

Le pays avait en mars dernier certes levé avec grand succès 3 milliards de dollars à des taux oscillant entre 8 et 9% sur des maturités de 7, 12 et 31 ans. Mais en monnaie locale, la volatilité du cédi change la donne.

Accra qui a coupé les ponts avec le FMI en avril dernier, n'a en effet pas encore montré les preuves suffisantes de sa capacité à conduire son économie dans les règles de l'art.

Au cours du premier semestre, l'inflation a frôlé les 10%, ce qui a aggravé le risque de change. Sur la période, le cedi a perdu 8,4% de sa valeur par rapport au dollar, 7,6% par rapport à la livre sterling et 7,9% par rapport à l'euro. La monnaie ghanéenne perd donc de la valeur et les titres publics libellés en cedi représentent un risque dont il est difficile de présager  l'évolution surtout à long terme.

Les emprunts sont pourtant bien nécessaires pour le gouvernement qui doit compenser son déficit budgétaire estimé à 4,5% du PIB. Pourtant le niveau d'endettement du Ghana le place dans la catégorie des pays les moins résilient du continent en cas de choc budgétaire, a relevé Moody's dans un récent rapport. Ce sont en effet plus 80% du budget qui est dédié aux charges fixes (salaire des fonctionnaires et remboursement de la dette).

La situation actuelle du Ghana pose la question de la monnaie, entre taux de change flexible comme le cedi et parité fixe comme le Franc CFA.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 23/08/19 19:10

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