Ashvin Deena, Mauritius Commercial Bank : ‘’L’Afrique de l’Ouest est au cœur de notre stratégie de développement sur le continent’’

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Ashvin Deena, Head of Global and International Corporates - Mauritius Commercial Bank :

L'Afrique de l'Ouest est au cœur de notre stratégie de développement sur le continent

 

Forte d'une histoire qui s'étend sur 185 ans, la Mauritius Commercial Bank (MCB) est non seulement la plus ancienne institution bancaire de l'océan Indien, mais aussi un acteur clé dans le soutien aux entreprises opérant en Afrique. 

Depuis une quinzaine d'années, elle connaît une forte croissance grâce à son activité internationale, l'Afrique étant son principal champ d'action. Elle s'étend tant dans les pays francophones qu'anglophones, desservant les entreprises en Afrique de l'Ouest, de l'Est et australe. Elle a pour spécificité d'accompagner les flux de commerce et d'investissement entre l'Afrique et l'Asie, l'Europe, l'Amérique, et bien sûr, avec l'Afrique elle-même. 

Rappelons également qu'elle est actuellement la seule banque commerciale de la région subsaharienne à avoir une notation "investment grade" par Moody's. Une reconnaissance qui assure à ses clients une qualité de risque exceptionnelle pour la région et permet à la MCB d'offrir des conditions financières compétitives. 

La MCB connaît une très forte croissance en Afrique de l'Ouest francophone, comme l'illustrent les récentes transactions sur lesquelles elle s'est impliquée : le rachat de JA Delmas par un consortium mené par l'homme d'affaires et banquier Jean-Luc Konan, et le récent rachat par le consortium AFIG-Norfund de Nouvelle MICI EMBACI. 

Ashvin Deena, Head of Global and International Corporates à la MCB, a accepté de répondre à nos questions. 

Pouvez-vous présenter l'opération et le rôle que vous y avez joué en tant que MCB ?

L'opération concerne la reprise de l'activité de NME par le consortium AFIG-Norfund, une transaction initiée à la suite de la décision du groupe ivoirien bien établi, Carré d'Or, de se séparer de cet actif pour des motivations purement stratégiques. Le financement de cette acquisition a été orchestré grâce à un apport de fonds propres des investisseurs et également par le biais d'une dette d'acquisition. 

Voir aussi - Le groupe Carré d'Or cède la ‘'Nouvelle Mici Embaci'' aux fonds d'investissement Norfund et AFIG

Dans cette démarche, la MCB est intervenue en tant qu'arrangeur, mais aussi comme principal contributeur de cette dette. Cela signifie que, dans notre rôle d'arrangeur, nous avons travaillé en étroite collaboration avec un autre acteur financier, Bridge Bank, qui a également financé cette opération. Forte de son expérience dans l'accompagnement des fonds, la MCB possède une expertise avérée dans la structuration de telles transactions, une expertise que nous avons mise à contribution ici. 

MCB ne se perçoit pas en concurrence avec les banques locales, mais plutôt comme un complément à ces entités.

Un aspect essentiel à souligner est que la MCB ne se perçoit pas en concurrence avec les banques locales, mais plutôt comme un complément à ces entités. Nous apportons ainsi notre expertise technique couplée à une solidité financière, étayée par un bilan très solide de 18 milliards USD. Cela nous confère la capacité de nous engager dans des transactions d'envergure conséquente. 

Notre valeur ajoutée repose sur cette expertise technique, notre aptitude à collaborer étroitement avec les banques locales et notre potentiel pour assurer des financements importants.

Pourquoi l'opération est-elle complexe ?

L'opération revêt plusieurs niveaux de complexité. En premier lieu, il s'agit d'une structuration de dette soigneusement élaborée pour coïncider avec les spécificités de la transaction. Cette structuration est adossée à des prévisions de trésorerie directement liées à la société en question et donc à sa capacité à rembourser. 

Nous apportons ainsi notre expertise technique couplée à une solidité financière, étayée par un bilan très solide de 18 milliards de dollars US.

Deuxièmement, la dette est définie selon des paramètres qui correspondent aux horizons d'investissement spécifiques de Norfund et d'AFIG. 

Le troisième niveau de complexité se rapporte aux objectifs et aux horizons de création de valeur. D'une part, il existe des exigences de rendement financier, ce qui signifie que des mesures doivent être prises pour accroître la valeur de l'entreprise. Ces mesures peuvent concerner la croissance générale de l'entreprise ou des axes spécifiques de développement. D'autre part, il y a un objectif profondément ancré en matière d'impact et de développement durable. C'est un point d'une importance capitale pour la région et pour les actionnaires. 

La prise en compte des enjeux ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) ajoute une autre couche de complexité. La MCB a intégré l'accompagnement du développement durable ESG et l'impact en Afrique dans sa stratégie, illustrée par sa promesse "Success Beyond Numbers". Notre mission est de promouvoir le financement du développement durable. Cela se reflète dans les activités mêmes de NME, comme le recyclage du carton. Il est essentiel d'intégrer ces préoccupations au cœur de la création de valeur pour l'entreprise. 

Pouvez-vous nous évoquer quelques-unes des opérations emblématiques que vous avez réalisées dans la région ? Et quelle est la valeur ajoutée que vous estimez apporter au marché ouest-africain ? 

Le bilan de la MCB est important, s'élevant à 18 milliards USD. La moitié de ce bilan est constituée d'actifs liés à notre activité internationale, un point significatif. Au-delà de l'Afrique de l'Ouest, nous sommes également actifs dans d'autres régions. Outre l'opération avec NME que nous avons déjà évoquée, il y a aussi celle avec JA Delmas. Et encore d'autres opérations par le passé. 

Voir aussi - Le rachat de JA Delmas piloté par Société générale CI et MCB pour 135 millions d'euros

Nous collaborons également avec des groupes panafricains actifs dans la région, notamment dans les domaines des télécommunications, des infrastructures pour tours télécoms (towerco) et de l'infrastructure digitale. Nous sommes devenus des bailleurs de fonds essentiels pour ces groupes. Nous finançons également certains des fonds d'investissement actifs dans la région. Plusieurs opérations d'envergure ont été financées grâce à notre soutien. 

La valeur ajoutée que nous apportons au marché ouest-africain réside dans notre expertise financière, notre capacité à soutenir des projets d'envergure, ainsi que notre engagement en faveur du développement économique durable de la région. 

Au sein de la MCB, nous disposons d'une équipe dédiée au financement des opérations dans les secteurs du pétrole et du gaz en Afrique. À ce titre, nous sommes fortement engagés en Afrique anglophone, et plus particulièrement au Nigeria. Nous soutenons également des institutions financières ayant besoin de financements commerciaux, ce qui constitue une part significative de notre activité en Afrique. 

En résumé, la valeur ajoutée que nous apportons au marché ouest-africain réside dans notre expertise financière, notre capacité à soutenir des projets d'envergure, ainsi que notre engagement en faveur du développement économique durable de la région. 

Qu'apportez-vous à la table ? Avez-vous une expertise unique ?

L'élément fondamental que nous apportons est notre engagement à long terme envers l'Afrique. Alors que de nombreux groupes internationaux se retirent malheureusement du continent africain, nous faisons le choix inverse : nous sommes là pour y rester car nous croyons fermement en l'avenir de l'Afrique. L'Afrique de l'Ouest est au cœur de notre stratégie de développement sur le continent. Il est essentiel de souligner cet engagement. 

L'élément fondamental que nous apportons est notre engagement à long terme envers l'Afrique ... 

Par ailleurs, nous mettons notre bilan à disposition pour financer les entreprises, ce qui constitue un atout majeur. Nous proposons également une expertise technique pointue, notamment en matière de financement du commerce, comme le financement du négoce de matières premières. De plus, nous appliquons cette expertise du "trade finance" au profit des entreprises africaines. 

Notre savoir-faire nous permet aussi d'accompagner efficacement des fonds qui opèrent à travers des centres financiers comme l'île Maurice. Nous maîtrisons parfaitement les flux financiers associés à ces centres. Dans ce contexte, il est important de rappeler notre notation "investment grade" qui renforce notre compétitivité pour nos clients. 

Au-delà du financement, nous offrons également des compétences en matière de services transactionnels, de solutions de gestion des risques, de trésorerie, et de couverture sur de multiples devises à travers le continent africain. Ces capacités renforcent notre accompagnement clientèle et attestent de notre approche panafricaine. 

Notre mission ne se limite pas à soutenir les entreprises ayant une activité strictement locale. Nous accompagnons également des entreprises ayant des ambitions de croissance à l'échelle régionale ou panafricaine. Ces ambitions nécessitent des solutions de financement qui vont au-delà de ce que peuvent offrir les institutions locales. 

Avez-vous des secteurs d'activité privilégiés que vous ciblez en particulier ?

Nous concentrons principalement nos efforts sur trois grands segments : les fonds d'investissement, les multinationales présentes sur le continent africain, et les grands groupes africains. Nous disposons d'équipes spécialisées dans les marchés du pétrole et du gaz. Nous nous impliquons également fortement dans le financement des activités liées à la production d'énergie renouvelable, le soutien de certains projets d'infrastructure et les relations avec des banques. Nous privilégions des secteurs de niche, très spécifiques, où notre expertise est reconnue et sollicitée. Nous nous percevons comme une institution qui apporte une valeur ajoutée dans des domaines très pointus. 

Alors que de nombreux grands groupes délaissent le continent africain, quelles sont vos ambitions pour l'avenir ? 

De nombreux groupes internationaux quittent l'Afrique, souvent en raison de préoccupations liées à la conformité. Pour notre part, nous choisissons soigneusement nos marchés et estimons que nous maîtrisons parfaitement les environnements dans lesquels nous opérons. Notre stratégie est axée sur notre désir d'élargir nos collaborations avec de plus en plus d'acteurs, à mesure qu'ils prennent conscience de notre présence croissante sur le marché ouest-africain. 

Nous aspirons à jouer un rôle de plus en plus prédominant, notamment sur les sujets ESG, le financement des énergies renouvelables, et les projets ayant un impact économique et social majeur en Afrique - à l'instar de ce que font des fonds comme AFIG. Notre ambition est donc d'accompagner ces fonds dans leur expansion africaine. Par ailleurs, nous continuerons à soutenir nos clients dans leur croissance, en leur fournissant des solutions adaptées.

Nous aspirons à jouer un rôle de plus en plus prédominant, notamment sur les sujets ESG, le financement des énergies renouvelables, et les projets ayant un impact économique et social majeur en Afrique.

Notre expansion en Afrique se fait de manière organique, et repose principalement sur notre proximité avec la clientèle. Nous sommes en train de renforcer notre présence via plusieurs hubs. Nous avons des bureaux de représentation à Nairobi, Johannesburg, Lagos, ainsi qu'à Paris, qui couvre également une partie de l'Afrique de l'Ouest, et finalement à Dubaï. Ces bureaux nous permettent de renforcer davantage notre relation de proximité avec nos clients.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 29/09/23 09:14

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