Alors que les profits du secteur atteignent des sommets inédits, la géographie des richesses minières se redessine. Fini le règne du charbon et de l'acier, l'avenir appartient désormais au cuivre, à l'or et à l'aluminium, les métaux du monde décarboné.
Derrière les chiffres impressionnants – plus de 700 milliards de dollars de profits en 2024 selon le dernier rapport Global Materials Perspective 2025 de McKinsey – se cache une profonde mutation. L'industrie mondiale des métaux et de l'exploitation minière, longtemps perçue comme une activité cyclique et polluante, s'impose désormais comme un acteur clé de la transition énergétique.
Les métaux traditionnels comme le charbon et l'acier, qui représentaient encore la majorité des revenus au tournant du siècle, ne pèsent plus que 10% des profits mondiaux du secteur. En revanche, les métaux stratégiques tels que le cuivre, l'aluminium, le lithium ou le cobalt, concentrent aujourd'hui plus de 80% des revenus. Il s'agit là d'une véritable redistribution des cartes industrielles.
Le cuivre, nouveau pétrole du XXIe siècle
La demande mondiale explose sous l'effet conjugué de la transition énergétique et de la révolution numérique. Le cuivre, essentiel aux réseaux électriques, aux batteries et aux data centers, en est le symbole le plus éclatant.
Selon McKinsey, les infrastructures alimentées par l'intelligence artificielle pourraient à elles seules accroître la demande mondiale de cuivre de 3% d'ici 2030. Un chiffre apparemment modeste, mais colossal à l'échelle d'un marché déjà tendu.
‘'Le cuivre est devenu pour la transition énergétique ce que le pétrole a été pour la révolution industrielle'', observe un analyste du cabinet. Les mines d'Amérique latine, d'Afrique et d'Asie se transforment en champs de bataille économiques, où s'affrontent grands groupes et États désireux de sécuriser leurs approvisionnements.
L'or et l'aluminium, les piliers discrets de la durabilité
L'or, admis comme simple valeur refuge, retrouve un rôle industriel inattendu dans les technologies de pointe et les composants électroniques. L'aluminium, quant à lui, s'impose comme le métal de la légèreté et de l'efficacité énergétique, indispensable à l'aéronautique, à l'automobile et à la construction durable.
Cette recomposition des chaînes de valeur n'est pas sans conséquence : les investissements nécessaires pour répondre à la demande sont estimés à 5 400 milliards de dollars d'ici 2035, selon McKinsey. Une somme qui traduit à la fois l'ampleur du défi et le potentiel colossal du secteur.
Mais cette transformation ne se fait pas sans heurts. La baisse des teneurs en minerai, le durcissement des normes environnementales et la montée en puissance des critères ESG poussent les groupes miniers à repenser leurs modèles. Automatisation, intelligence artificielle et décarbonation deviennent les nouveaux leviers de compétitivité.
McKinsey estime que les entreprises qui sauront allier performance opérationnelle et durabilité pourraient générer 30 à 50% de surperformance actionnariale par rapport à leurs concurrents d'ici dix ans. L'industrie minière, longtemps perçue comme archaïque, se digitalise à marche forcée.
Vers une renaissance africaine ?
Sur le continent africain, cette mutation offre une opportunité historique. De la Zambie à la République démocratique du Congo, du Maroc à la Guinée, les pays riches en ressources minières cherchent à mieux capter la valeur ajoutée locale, en développant des chaînes de transformation et des partenariats industriels plus équitables.
Si cette dynamique se confirme, l'Afrique pourrait devenir non plus seulement le réservoir du monde, mais l'un de ses cœurs industriels dans la transition verte.
La Rédaction
Publié le 09/10/25 09:42