La CEA met en place un outil innovant pour stimuler le commerce intra-africain

Avec un commerce intra-africain ne représentant qu'environ 14% des exportations totales du continent, l'Afrique accuse un retard important comparé à d'autres régions comme l'Europe ou l'Asie. Cette situation, qui contribue à son déficit commercial vis-à-vis du reste du monde, exige une réponse stratégique pour exploiter pleinement les opportunités régionales.

C'est dans ce contexte que la Commission économique pour l'Afrique (CEA) a lancé le Tableau des entrées-sorties du continent africain (AfCIOT), un outil statistique innovant destiné à révolutionner le commerce intra-africain. Ce projet vient renforcer les ambitions de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), en fournissant une cartographie détaillée des relations économiques entre les pays du continent.

‘'Alors que la ZLECAf bat désormais son plein, le Tableau des entrées-sorties africain nous permet d'analyser les implications plus larges de cet accord historique sur le commerce, l'investissement, l'emploi et la croissance durable en Afrique'', a déclaré Oliver Chinganya, directeur du Centre africain pour la statistique (CAS) et statisticien en chef de la CEA.

Un outil clé pour renforcer les chaînes de valeur régionales

Concrètement, l'AfCIOT offre aux décideurs une visibilité accrue sur la manière dont les biens et services sont produits et échangés entre les pays africains. En identifiant les opportunités pour développer des chaînes de valeur transfrontalières, il permet de mieux intégrer les économies du continent et de stimuler la production locale à forte valeur ajoutée.

L'outil répond également à une problématique majeure : de nombreuses économies africaines fonctionnent en concurrence directe plutôt qu'en complémentarité, en exportant des produits similaires vers les marchés extérieurs tout en négligeant le commerce régional. L'AfCIOT ambitionne de corriger ce déséquilibre en analysant les flux de valeur ajoutée locale entre les pays africains. Grâce à ces données, les gouvernements peuvent affiner leurs stratégies de développement pour promouvoir une industrialisation inclusive et durable, en alignement avec les objectifs de la ZLECAf.

Un catalyseur pour atteindre le plein potentiel de la ZLECAf

L'AfCIOT s'inscrit dans un ensemble d'initiatives destinées à maximiser l'impact de la ZLECAf. Des outils comme le Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) ou l'African Trade Gateway complètent ce dispositif pour réduire les barrières commerciales et fluidifier les transactions régionales.

À terme, la ZLECAf devrait générer des échanges intra-africains d'une valeur estimée à 500 milliards USD d'ici 2045, marquant une progression considérable de 400% par rapport à 2020. Cette transformation promet de repositionner l'Afrique comme une région commerciale compétitive, où les flux régionaux jouent un rôle moteur dans la croissance économique et la résilience continentale.

Dr Ange Ponou

Publié le 06/12/24 11:36