La relance de l’économie sénégalaise entre espoirs et incertitudes

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A l'instar des autres pays du continent, le Sénégal s'est lancé dans une dynamique de relance de son économie. Il devra, toutefois, faire face aux incertitudes dues à la seconde vague de la pandémie de la Covid-19 qui continue de tenir tête à l'humanité. Les récentes mesures prises par l'Etat relatives à l'instauration de l'état d'urgence assorti d'un couvre-feu constituent autant de menaces pour la relance.

Le 29 septembre 2020, le chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall, présidait le conseil présidentiel sur la relance de l'économie nationale. Au cours de cette rencontre qui avait enregistré la participation de toutes les forces vives de la Nation et des partenaires au développement, l'on avait décliné les leviers sur lesquels l'Etat comptait s'appuyer pour remettre l'économie sur les rampes de la reprise. A ce titre, les autorités ont mis en place le Plan d'action prioritaire (PAP 2A) pour la relance de l'économie. Ce plan devait marquer le démarrage de la deuxième phase du Plan Sénégal émergent (PSE). Mais avec la survenance de la crise sanitaire, l'Etat a dû repenser ce Pap2A afin de le réadapter au contexte actuel. Ce PAP 2A met l'accent sur trois axes : la souveraineté alimentaire, la souveraineté pharmaceutique et la relance industrielle.

Les politiques publiques en matière d'alimentation, de santé et d'industrialisation apparaissent ainsi comme des priorités dans le Budget 2021 de l'Etat du Sénégal. Pour ce faire, l'Etat entend miser également sur des réformes structurelles majeures qui seront finalisées pour mieux accompagner le développement des secteurs stratégiques comme le numérique, l'agriculture, l'énergie, l'assainissement, l'hydraulique, l'éducation, la formation professionnelle, la santé ainsi que les finances publiques.

L'ambition de ce plan de relance économique est de retrouver, " dans les deux prochaines années ", une croissance supérieure à 6%. Selon les projections, le taux de croissance devrait de, -0,7% en 2020, rebondir à 5,2% en 2021, avant de passer à 7,2% en 2022. Et, à partir de 2023, pour la première fois une croissance à deux chiffres à 13,7% est prévue en perspective de l'exploitation du pétrole et du gaz.

S'agissant du financement nécessaire à la mise en œuvre du plan de relance de l'économie, le gouvernement chiffre les besoins à 14 712 milliards FCFA sur la période 2019-2023. Le coût du PAP 2A a connu ainsi une augmentation de 614 milliards FCFA (4%) par rapport au PAP2 initial. Le tiers de cette enveloppe doit provenir du secteur privé, soit 4 770 milliards FCFA.

Incertitudes

La mise en œuvre du Plan de relance de l'économie sénégalaise s'effectue dans un contexte où le pays enregistre une résurgence des cas de contaminations au coronavirus, remettant en question l'atteinte des objectifs de croissance que s'était fixé l'Etat. La deuxième vague risque, par conséquent, de déjouer les projections des services de prévisions économiques du gouvernement et le pousser à revoir ses priorités déclinées dans le PAP 2A. Alors que les Sénégalais s'attendaient à une reprise effective de certains secteurs de l'économie comme le tourisme et les activités du secondaire que le chef de l'Etat Macky Sall annonce l'instauration de l'état d'urgence assorti d'un couvre-feu dans les régions de Dakar et de Thiès. Des mesures qui ne sont pas sans conséquence sur l'économie si l'on sait que cet axe regorge une partie importante activités commerciales et industrielles du pays.

Les priorités de la relance, selon deux économistes

Aux yeux de certains économistes interrogés, la prise en compte de l'économie informelle dans la relance doit être une priorité pour retrouver les fondamentaux de la croissance. De l'avis de l'économiste Dr Mame Mor Sène, puisque l'économie sénégalaise est essentiellement dominée par l'informel, toute politique destinée à obtenir une relance durable de l'économie devra nécessairement passer par une réorganisation de ce secteur. Il soutient que l'absence de transformation structurelle reste la principale raison pour laquelle les performances de croissance réalisées n'ont pas résisté à la crise sanitaire. Pour l'enseignant-chercheur en économie, Dr Mor Gassama, il faudra surtout privilégier le secteur primaire en mettant les moyens nécessaires afin d'assurer la souveraineté alimentaire telle que déclinée par l'Etat dans le cadre du Pap 2A. Il appelle aussi à continuer à accompagner la création d'entreprise et à financer les porteurs de projets à travers les différents instruments dont dispose l'Etat.

Ibrahim WANE, Dakar

La Rédaction

Publié le 18/01/21 11:20

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