D'après le Tableau de bord hebdomadaire des opérations du marché des valeurs du Trésor de la CEMAC, publié par la Cellule de règlement et de conservation des titres (CRCT) de la Banque des États de l'Afrique centrale (Beac) pour la semaine du 23 au 27 juin 2025, le Cameroun a lancé une opération de mobilisation de 200 milliards FCFA sur le marché régional des titres publics. L'opération est structurée en cinq émissions distinctes d'Obligations du Trésor assimilables (OTA), chacune d'un montant de 40 milliards FCFA, avec des maturités échelonnées sur 3, 4, 5, 6 et 7 ans.
Les titres portent des taux d'intérêt fixes : 6,5 % pour les maturités de 3 à 5 ans, 7 % pour celle de 6 ans, et 7,5 % pour l'échéance à 7 ans. Bien que ces émissions aient toutes été adjugées le 23 juin 2025 c'est-à-dire mises aux enchères sur le marché, les règlements ont été échelonnés entre le 25 et le 27 juin. Le règlement désigne ici le moment où les souscripteurs versent effectivement les fonds à l'État en échange des titres, et où ceux-ci sont livrés aux investisseurs.
Selon des sources concordantes, l'opération susmentionnée correspond au financement inédit de 200 milliards FCFA conclu avec Afreximbank, et dont les grandes lignes ont été rendues publiques début juin par le directeur de la Trésorerie, Samuel Tela. D'après les explications fournies par ce haut cadre du ministère camerounais des Finances, cette opération financière revêt le terme technique de swap.
Concrètement, elle consiste à faire souscrire Afreximbank à des obligations du Trésor camerounais libellées en monnaie locale (le FCFA), en échange d'un apport immédiat en devises (généralement en dollars ou en euros). Autrement dit, le pays obtient des devises utilisables immédiatement, sans pour autant émettre de dette en devises.
Ce type d'opération, bien que peu répandu, offre plusieurs avantages. Il permet à l'État d'augmenter ses disponibilités en devises étrangères utiles pour financer des importations stratégiques ou reconstituer les réserves de change tout en gardant sa dette exprimée en monnaie locale. Cela limite le risque de change, souvent élevé lorsqu'un pays africain doit rembourser une dette en dollars avec une monnaie locale sujette à des pressions.
D'après nos confrères d'Investir au Cameroun, qui indiquent que cette opération pourrait être bouclée dans les prochaines heures, quatre banques commerciales opérant au Cameroun ont été mandatées pour structurer cette levée de fonds. Il s'agit de Société Générale Cameroun, SCB Cameroun (filiale d'Attijariwafa Bank), Ecobank Cameroun et Afriland First Bank. Ces institutions font partie des Spécialistes en valeurs du Trésor (SVT), un statut qui leur confère un rôle privilégié dans la souscription et la distribution des titres émis par l'État. Leur sélection s'appuie sur leur performance passée, notamment leur engagement dans les levées de fonds du Trésor en 2024.
Si le mécanisme du swap reste pour l'heure encadré et ponctuel, son succès pourrait inciter à une formalisation plus large de ce type de partenariat dans l'espace franc CFA. Pour le Cameroun, ce premier test grandeur nature positionne le pays comme laboratoire régional en matière d'innovation financière souveraine.
Perton Biyiha
La Rédaction
Publié le 01/07/25 15:10
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