Les dix raisons qui rendent indispensables les envois de fonds

A l'occasion de la Journée internationale des envois de fonds à la famille (IDFR en anglais) célébrée universellement le 16 juin de chaque année et soulignant la contribution de plus de 200 millions de migrants à l'amélioration de la vie de 800 millions de membres de leur famille, le Fonds international de développement agricole (FIDA) est revenu sur les 10 raisons qui expliquent l'importance des envois de fonds dans le monde.

1. Ces dix dernières années, les envois de fonds vers les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ont augmenté de 51%, à un rythme annuel moyen de 4,2%, et sont passés de 296 milliards de dollars en 2007 à plus de 554 milliards de dollars en 2019. Ces flux représentent plus du triple de l'ensemble de l'aide publique au développement et dépassent le montant total des investissements étrangers directs réalisés dans la quasi-totalité des pays à faible revenu et des pays à revenu intermédiaire.

2. Plus de 50% des fonds sont destinés à des ménages des zones rurales, où vivent 75% des personnes pauvres et exposées à l'insécurité alimentaire. Les ménages ruraux dépendent de ces envois pour améliorer leurs conditions de vie, renforcer leur résilience et atteindre leurs propres ODD (Objectifs de développement durable). À l'échelle mondiale, les transferts effectués vers des zones rurales au cours des 5 prochaines années atteindront un montant cumulé de 1 000 milliards de dollars.

3. En 2019, le nombre de migrants dans le monde était estimé à 272 millions, contre 220 millions en 2010 et 173 millions en 2000. La croissance des envois de fonds a été plus importante que celle des migrations. Les quelque 220 millions de travailleurs migrants, qui envoient en moyenne 200 dollars chacun, entre 10 et 12 fois par an, à leur famille restée au pays, sont l'élément moteur de ce phénomène.

4. En 2020, la pandémie de la COVID-19 a eu une incidence considérable sur les envois de fonds. D'après les dernières estimations de la Banque mondiale, ces envois devraient chuter de 20% au niveau mondial, ce qui représente une diminution de 110 milliards de dollars des ressources destinées à financer les besoins essentiels de millions de familles de migrants, notamment l'alimentation, la santé, le logement et l'éducation.

5. Au total, un milliard de personnes, soit une personne sur sept dans le monde, sont concernées par les envois de fonds, que ce soit comme expéditeurs (200 millions de travailleurs migrants) ou comme destinataires (ménages composés de quatre personnes en moyenne). Une personne sur neuf dans le monde – soit environ 800 millions de personnes au total – bénéficie de ces envois.

6. Entre 2015 et 2030 (calendrier prévu pour la réalisation des ODD), on estime que les migrants enverront 8 500 milliards de dollars à leur communauté d'origine dans les pays en développement. Sur ce montant, plus de deux mille milliards de dollars seront soit épargnés, soit investis.

7. Les travailleurs migrants envoient en moyenne 200 ou 300 dollars chez eux chaque mois ou tous les deux mois, ce qui représente seulement 15% de leur revenu, l'autre partie restant dans leur pays d'accueil. Les montants qu'ils envoient atteignent parfois jusqu'à 60% du revenu total des ménages bénéficiaires et sont vitaux pour des millions de familles.

8. Environ 75% des fonds envoyés servent à acheter de la nourriture et à couvrir des dépenses de santé, d'éducation ou de logement. Le reste, environ 25% des envois, soit l'équivalent de plus de 100 milliards de dollars par an, peut être économisé ou investi dans l'acquisition de biens ou dans des activités qui génèrent des revenus ou des emplois et transforment l'économie, en particulier dans les zones rurales. Les envois de fonds peuvent jouer un rôle moteur dans le développement.

9. Les envois de fonds peuvent être coûteux. Les frais de conversion de devises et les commissions représentent en moyenne 7% des montants envoyés.

10. Les migrants, par les fonds qu'ils envoient et les investissements qu'ils réalisent, apportent un concours précieux à la réalisation des objectifs de développement durable. Ils contribuent notamment à éliminer la pauvreté, la faim, à promouvoir la santé, à faciliter l'accès à une éducation de qualité, etc.

Dr Ange Ponou

Publié le 18/06/20 18:18