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Babani Sissoko, le très controversé businessman malien, est décédé ce dimanche 28 mars dans sa ville natale de Dabia, apprend la presse locale. Agé de 79 ans, celui qui fut considéré un temps comme " l'homme le plus riche du monde " par ses compatriotes (une exagération qui donne tout de même une idée de ce qu'a pu être sa fortune) avait défrayé la chronique au milieu des années 1990 suite à une rocambolesque affaire d'escroquerie portant sur des centaines de millions de dollars.
De fait, le Malien était bien avant connu pour avoir fait fortune dans le diamant et le pétrole dans les années 1980 et était réputé avoir des connexions avec des régimes au pouvoir à l'époque, notamment au Nigéria et au Zaïre (RD Congo). Mais son ''succes story'' prendra une toute autre tournure en 1995. L'affaire a été au centre d'une enquête de la BBC publiée en février 2018.
En août 1995, Babani Sissoko obtient un prêt auprès de la Dubai Islamic Bank (Banque islamique de Dubaï) pour l'achat d'un véhicule et se lie d'amitié avec le directeur général adjoint, Mohamed Ayoub. Il parviendra à convaincre ce dernier de son pouvoir mystique le rendant capable de faire passer du simple au double les sommes d'argent que ce dernier mettra à sa disposition. Prudent, le directeur de banque lui remet une première enveloppe et Babani Sissoko lui retourne le double, on ne sait par quelle manœuvre. Sous le charme et appâté par le gain facile, le patron de l'établissement multipliera les décaissements en faveur de son mystérieux client, sans plus jamais recevoir en retour, ni le capital, ni les revenus espérés. Entre 1995 et 1998, ce sont 183 transferts qui ont été effectués dans différents comptes de Babani Sissoko dans plusieurs pays pour un montant évalué à 242 millions de dollars.
Avec cette fortune amassée, il s'offre une vie de ‘'Playboy'' aux Etats-Unis, s'attachant des relations dans les cercles de pouvoir. Il est reconnu pour sa générosité notamment pour des œuvres caritatives, et on lui comptait 23 épouses et plus d'une trentaine d'enfants, souligne l'enquête de la BBC.
Son ‘'ami'' Ayoub sera condamné à trois ans de prison ferme à Dubaï en 2000 tout comme lui. Mais il ne sera jamais inquiété malgré un mandat d'arrêt lancé par Interpol. Il fera également face à un procès en France en décembre 2008 dans une affaire d'escroquerie et blanchissement d'argent, en lien avec l'affaire de la Dubai Islamic Bank ; là aussi il n'a jamais été inquiété.
Entre temps, Babani Sissoko lance sa compagnie Air Dabia, de nom de son village natal et qui sera basée en Gambie où il peut compter sur l'amitié de l'ex dictateur Yaya Jammeh. Une société qui finira par faire faillite.
Rentré au Mali, il parviendra à se faire élire député en 2002 de Dabia (entre 2002 et 2014), s'offrant une immunité, de quoi le mettre à l'abri des poursuites d'Interpol.
" Je m'appelle Foutanga Babani Sissoko. Le jour où je suis né, tous les villages de la contrée ont pris feu ", confiait-il à la BBC, sans pour autant reconnaître un quelconque recours à des pratiques mystiques pour avoir une emprise sur Mohamed Ayoub, s'interrogeant sur comment des millions de dollars aient pu sortir de la Dubai Islamic Bank sans attirer la moindre attention.
Jean Mermoz Konandi
Publié le 28/03/21 19:24
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