Dans un contexte de tensions multiples, le Niger vient d'acter une révision significative de sa loi de finances 2025. En effet, ce 14 juillet, le président de la République, le général Abdourahamane Tiani, a signé une ordonnance réduisant le budget national de 283,77 milliards FCFA, soit une baisse de 9,36 % par rapport à la prévision initiale. Le nouveau budget s'établit ainsi à 2 749,55 milliards FCFA (4,9 milliards de dollars) contre 3 033,33 milliards FCFA (5,4 milliards de dollars) votés en décembre 2024.
Cette décision, officiellement motivée par la nécessité de ‘'réajuster les équilibres macroéconomiques'', s'inscrit dans la continuité des engagements pris avec le Fonds monétaire international (FMI). Le Niger est actuellement sous-programme avec l'institution de Bretton Woods, à travers la Facilité élargie de crédit (FEC) et la Facilité pour la résilience et le développement (FRD), dont les sixième et septième revues, viennent d'être conclues avec succès. Ces accords ont déjà permis le déblocage d'un financement de 92 millions de dollars, portant à 346 millions de dollars, le total des décaissements depuis le début du programme.
Un ajustement budgétaire aux multiples causes
Au-delà des considérations purement macroéconomiques, cette révision budgétaire résulte également d'un faisceau de pressions internes et externes. Le contexte sécuritaire dégradé, notamment dans les régions frontalières, pèse lourdement sur les finances publiques, tout comme les chocs climatiques récurrents et l'aggravation de l'insécurité alimentaire. À cela s'ajoutent des dépenses nouvelles liées à la formation du gouvernement remanié en avril dernier et à la mise en place du conseil consultatif de la refondation, deux piliers institutionnels de la gouvernance de transition.
Le communiqué du Secrétariat général du gouvernement souligne également la nécessité d'adapter la dépense publique à une réalité économique de plus en plus contraignante, marquée par une baisse des recettes extérieures et un besoin pressant d'assainissement budgétaire. La réduction budgétaire vise à maintenir la trajectoire exigée par le FMI, à savoir améliorer la mobilisation des recettes internes, mieux encadrer les revenus pétroliers et renforcer la qualité de la dépense publique. À moyen terme, ces mesures doivent permettre une meilleure soutenabilité de la dette et une résilience accrue face aux chocs climatiques et géopolitiques.
Cette orientation est d'autant plus stratégique que la stabilité économique du Niger dépend fortement de la continuité du soutien multilatéral. La transition actuelle, bien que solidement installée, reste scrutée de près par les partenaires techniques et financiers, notamment en matière de gouvernance et de gestion transparente des finances publiques.
Une baisse assumée, mais non sans risques
Si les autorités présentent cette révision comme un ajustement technique nécessaire, elle traduit aussi la vulnérabilité d'un pays fragilisé par une succession de crises. La contraction budgétaire pourrait freiner certains projets d'investissements ou programmes sociaux, alors même que les besoins humanitaires et les attentes de la population restent élevés.
En optant pour une politique de rigueur budgétaire, le Niger tente de rassurer ses bailleurs tout en préservant une marge de manœuvre suffisante pour faire face aux urgences sociales. Un pari délicat, dans un environnement où la moindre dérive pourrait remettre en cause le fragile équilibre entre stabilité institutionnelle et dynamique économique.
Narcisse Angan
Publié le 16/07/25 09:24
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