Nigéria : Les banques devront lever 2,6 milliards USD pour se conformer aux nouveaux seuils de capital

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                            Le siège du groupe UBA à Lagos, capitale du Nigéria


Le secteur bancaire nigérian est en ébullition depuis le 28 mars dernier après que la banque centrale (CBN) ait décidé de relever de manière significative le capital minimum requis pour exercer dans le pays.

Ainsi, les groupes bancaires implantées au Nigéria ont jusqu'au 31 mars 2026 pour porter à 500 milliards de nairas (403,30 millions de dollars) leur capital, soit 10 fois plus que l'exigence actuelle. Les banques ayant une envergure nationale devront multiplier leur capital minimum par 8 pour le porter à 200 milliards de nairas tandis que les banques régionales (c'est-à-dire celles qui exercent dans un minimum de six et un maximum de douze États de la fédération) passeront de 10 milliards à 50 milliards de nairas.

Voir aussi : Nigéria : La banque centrale multiplie par 10 le capital minimum exigé aux banques commerciales

Access Bank, UBA, Zenith Bank… : 2,6 milliards de dollars à trouver d'ici 2 ans

Pour répondre à ces nouvelles exigences, les banques nigérianes auront besoin d'environ 2,6 milliards de dollars US de fonds propres supplémentaires, selon les calculs réalisés par le cabinet nigérian ARM Research basé à Lagos. Sur les 25 établissements en activité, ARM indique qu'au moins 11 sont frappés par l'exigence de recapitalisation si elles souhaitent se maintenir dans leur catégorie actuelle. United Bank for Africa (UBA), le groupe bancaire piloté par le milliardaire nigérian Tony Elumelu, a le plus grand déficit de capital à combler, soit 309,87 millions de dollars. Il est suivi de FMC Bank (302,24  millions USD) et de Fidelity Bank (298,67 millions USD). Access Holding, la maison mère du réseau Access Bank, devra rechercher environ 200,19 millions de dollars pour atteindre les 403,30 millions de dollars de capital exigé.

Concernant les banques à portée nationale, le rapport de ARM Research révèle que seule la filiale nigériane du groupe Ecobank n'a pas besoin de lever des capitaux supplémentaires pour répondre à la nouvelle exigence. Stanbic IBTC, la filiale nigériane du groupe sud-africain Standard Bank, a le déficit à combler le plus faible, soit 73,19 millions de dollars US (environ 90,7 milliards de nairas).

Pour se recapitaliser, les banques du pays le plus peuplé d'Afrique doivent ouvrir leur capital à de nouveaux actionnaires et/ou agrandir les participations des actionnaires actuels pour celles qui le souhaitent. La circulaire de la CBN interdit à ces dernières de contracter des prêts ou même de puiser dans leurs réserves pour répondre aux nouvelles exigences de fonds propres. Selon Moody's, "l'exclusion des bénéfices non distribués du capital éligible peut compliquer les projets de recapitalisation", même si, reconnaît l'agence américaine dans une note d'analyse, "l'augmentation du capital permettra de souscrire davantage de prêts dans différents secteurs, ce qui contribuera à accroître la production nationale et, à terme, les exportations".

Vers une réduction du nombre de banques

Pour les établissements bancaires n'ayant pas la possibilité de lever les fonds dans les délais escomptés, elles pourront se consolider par le biais de fusions et acquisitions ou rétrograder leur licence bancaire. Rappelons qu'en 2005, année de la dernière augmentation de capital minimum, plusieurs banques avaient décidé de fusionner ce qui a réduit le nombre d'acteurs de 89 à 25. Le même effet devrait se produire d'ici à 2026 selon les analystes.

Pour justifier cette réforme, la CBN a indiqué qu'elle devrait permettre aux banques d'améliorer "leur résistance, leur solvabilité et leur capacité à continuer à soutenir la croissance de l'économie nigériane" face à une forte dévaluation du naira et une inflation élevée. Précisons que les nouvelles exigences concernent également les banques d'affaires et les banques dites spécialisés (notamment les banques islamiques). Le capital des premières passe de 15 milliards de nairas à 50 milliards et les secondes de 10 à 20 milliards pour celles ayant une portée nationale et de 5 à 10 milliards pour celles dont l'activité est limitée à quelques régions.

Cours de référence au 5 avril 2024 : 1$ = 1239,714 nairas

Cédrick Jiongo

La Rédaction

Publié le 05/04/24 13:36

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