Avec plus de 20,9 millions de têtes de bétail, le Nigéria détient l'un des plus grands cheptels bovins d'Afrique, mais un paradoxe laitier. En effet, sa production annuelle de lait plafonne à 700 000 tonnes, soit moins de la moitié de sa consommation estimée à 1,6 million de tonnes. Résultat, près de 60% du lait consommé est importé, creusant le déficit commercial et rendant le pays vulnérable aux fluctuations mondiales.
Selon le ministre nigérian en charge de l'Elevage, Idi Maiha, ce paradoxe s'explique par la prédominance des races pastorales locales à faible rendement laitier. ‘'Notre objectif est ambitieux, mais réalisable : doubler la production de lait à 1,4 million de tonnes d'ici cinq ans'', a-t-il déclaré ce 2 juin à Reuters.
Pour atteindre cet objectif visé, le pays vient de lancer une initiative encourageante visant à doubler sa production laitière d'ici 2030, en réduisant drastiquement sa facture d'importation annuelle de produits laitiers, estimée à 1,5 milliard de dollars, soit 867 milliards FCFA. Abuja mise en effet, sur l'importation de vaches laitières à haut rendement en provenance du Danemark, réputé pour son expertise dans l'élevage intensif.
Dans le cadre de cette transition, une ferme nigériane pilote a déjà importé plus de 200 génisses danoises, sélectionnées pour leur productivité supérieure. Ces vaches constituent le cœur d'un projet d'élevage intensif moderne, conçu pour amorcer la montée en puissance du secteur laitier national. Parallèlement, huit nouvelles espèces de pâturages ont été enregistrées, une première en près de 50 ans, afin de garantir une alimentation adaptée et pérenne à ce nouveau bétail.
Le Nigéria a également lancé une stratégie nationale pour les ressources génétiques animales, avec l'appui technique de l'Organisation des nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Cette feuille de route vise à encadrer l'amélioration génétique du cheptel, la modernisation des pratiques d'élevage, et la création d'un environnement favorable aux investisseurs agro-industriels.
Cette initiative s'inscrit dans une volonté plus large de réduction des importations alimentaires, priorité stratégique de la politique économique nigériane, dans un contexte d'inflation élevée et de pression sur les devises étrangères. Mais le pari n'est pas sans défis : infrastructures déficientes, climat d'investissement incertain et faiblesse des chaînes logistiques restent des obstacles à surmonter. Si elle réussit, cette stratégie pourrait non seulement transformer le secteur laitier local, mais aussi faire du Nigéria un acteur laitier régional, capable d'alimenter ses voisins en Afrique de l'Ouest.
Narcisse Angan
Publié le 03/06/25 14:04
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