Du haut de la tribune des 32e Assemblées annuelles d'Afreximbank, à Abuja, Jason Miller, ancien conseiller principal du président Donald Trump, n'a pas offert de discours diplomatique. Il a réaffirmé sans ambiguïté que le 21e siècle sera africain, mais à condition de rompre avec la naïveté et de bâtir des alliances stratégiques, calculées, lucides.
Face à un public de dirigeants africains et de financiers internationaux, l'ancien conseiller de Donald Trump a déroulé une vision sans ornement, à savoir plus de partenariats fondés sur le donnant-donnant, moins de dépendance déguisée en coopération. ‘'Cessez de quémander, commencez à exiger'', a-t-il martelé.
Fin du paternalisme, place au contrat
Le ton est tranchant. Miller oppose frontalement la stratégie américaine aux pratiques chinoises ou européennes. Selon lui, Washington propose un deal clair reposant sur des capitaux privés, de la transparence, et des infrastructures en échange de réformes solides. Pas de dettes toxiques, pas de discours idéologiques, pas d'occupation déguisée.
‘'Les États-Unis n'offrent pas de mirages. Nous investissons là où il y a des règles claires, de la responsabilité et un retour sur capital.'' En substance, la priorité au marché, pas à la charité.
Trois conditions pour mériter Wall Street
L'Afrique peut séduire le capital américain. Mais à ses propres conditions. Miller les résume en trois points. Le premier point étant la mise en place d'infrastructures solides en échange de ressources stratégiques (ports, routes, data centers, énergies propres) pour que les minerais critiques de l'Afrique alimentent l'intelligence artificielle mondiale depuis le continent.
Ensuite, instaurer un climat des affaires assaini (stabilité des devises, exécution des contrats, lutte contre la corruption). Pas par vertu morale, mais parce que c'est le ticket d'entrée pour BlackRock, CalPERS et autres géants de l'investissement.
Enfin, des alliés bien choisis. Miller oppose les effets de la coopération chinoise — ‘'surpêche, dettes, désastres environnementaux'' — à l'action américaine déclinée à travers PEPFAR, sécurité, médiation. ‘'L'amitié, dit-il, commence là où la souveraineté est respectée.''
AGOA, DFC, tarifs douaniers ; l'Amérique muscle son jeu
À l'approche de l'expiration de l'AGOA, l'accord phare qui accorde des préférences commerciales aux pays africains, Miller propose un changement de paradigme matérialisé par la règle de la réciprocité. ‘'Pourquoi offrir l'accès libre à nos marchés si, en retour, les produits américains sont taxés et les entreprises chinoises favorisées ?''
Sous Trump, les droits de douane deviennent des leviers politiques, non des murs. Et la DFC (Institution financière américaine pour le développement), bras armé du développement américain, se transforme en catalyseur d'investissements privés, à travers notamment des projets phrases comme le pipeline de GNL au Mozambique, le corridor de Lobito, ainsi que d'autres projets bancables à fort rendement.
Plus qu'un discours, Miller a délivré une leçon de realpolitik économique. Ainsi, selon lui, les dirigeants africains doivent se préparer avant de rencontrer Trump ou ses émissaires, suivre ses priorités (sur Truth Social, bien sûr) et venir avec des propositions concrètes, pas des photos de famille.
Et de citer les Émirats ou l'Arabie saoudite, modèles d'efficacité diplomatique économique, comme références à suivre pour obtenir des engagements solides.
‘'Ne vous contentez pas de belles paroles. Exigez des partenariats. C'est ainsi que l'Afrique deviendra puissante, riche et grande'', a-t-il conclu.
Envoyé spécial à Abuja, Nigéria
Dr Ange Ponou
Publié le 27/06/25 09:54
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