Quels impacts de la hausse des taux d'intérêt américains sur la Tunisie ?

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Le changement graduel de la politique monétaire des Etats Unis depuis 2013 qui sera couronné par une augmentation des taux d'intérêt, une première depuis 2006, conduirait à une appréciation du dollar et par la suite à une hausse soutenue des coûts de la dette tunisienne. Quelles retombées aurait donc la hausse des intérêts américains sur la Tunisie ?

L'augmentation du taux d'intérêt directeur par la Fed à partir de la fin de cette année, entrainerait un surcoût de la dette Tunisienne, mettant une pression accrue sur les comptes publics, étant donné que l'année 2016 serait celle des grandes réformes souvent jugées difficiles mais nécessaires.

Dans le budget de l'état pour l'année 2016, le gouvernement a posé une hypothèse d'un taux de change dollar/dinar de 1.97x. Or actuellement, le taux de change moyen dollar/dinar est de 2x. Par ailleurs, les analystes s'attendent à d'autres augmentations des taux d'intérêts américains en 2016 et par conséquent le dollar américain aurait le vent en poupe l'année prochaine contre plusieurs devises et en l'occurrence le dinar tunisien.

Depuis le début de l'année en cours, le dollar américain s'est apprécié de 10% par rapport au dinar sans qu'il y ait la moindre modification de la politique monétaire américaine. Étant donné que le tiers de la dette de la Tunisie soit libellé en dollar américain, pour chaque appréciation du dollar face dinar de dix millimes, il y'a un coût supplémentaire du service de la dette de 20 Millions de dinars.

Par ailleurs, le pétrole est coté en dollar américain sur les marchés internationaux. Ainsi, la demande de pétrole est liée, en partie, à la santé relative du dollar. Ceci est important, car la hausse des taux d'intérêt a tendance à renforcer le dollar et baisser les prix des produits libellés en dollars, comme le pétrole.

Dans la loi de finance de 2016, le gouvernement tunisien a fixé un prix moyen du baril de pétrole à 55$, considéré comme prudent et recommandé par la banque mondiale vu l'environnement géopolitique tendu au Moyen-Orient. 

Parallèlement, les chutes récentes du prix du pétrole qui a atteint les 32 $ ce mois-ci, associées à l'augmentation prévue de la production du pétrole en Iran à partir du 1er janvier faisant suite à la levée des sanctions et l'autorisation aux producteurs américains d'exporter le pétrole iranien, pourraient être considérées comme une aubaine pour le gouvernement. Donc pour chaque baisse d'un dollar du prix du baril, le gouvernement fera une économie de 48 Millions de Dinars, ce qui représente 8% de la facture des subventions dédiées aux hydrocarbures. Ces économies acquises par la baisse du prix du baril pourraient aider le gouvernement à entamer les gros projets de réformes dans un climat paisible.

Bien que le gouvernement soit loin d'une crise de refinancement, la hausse des taux d'intérêt par la Fed augmenterait le coût la dette souveraine tunisienne représentant actuellement 53% du PIB. Cependant, la part de la dette dans les dépenses totales annuelles, fluctuant actuellement autour de 17,5%, resterait relativement élevée au cours des prochaines années. En revanche, La baisse du prix du baril de pétrole relativiserait la situation, permettant ainsi au gouvernement d'attaquer les réformes sereinement.

Salah Ayari

Publié le 17/12/15 13:24

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