Tchad : la dette publique sous pression, entre refinancement intérieur et exposition au dollar

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Tchad

 

Le premier risque mis en avant par les autorités est celui du refinancement. À fin 2025, la maturité moyenne de l'ensemble du portefeuille, s'établit à 6,2 ans. Ce niveau est tiré vers le bas par la dette intérieure, dont la maturité moyenne n'est que de 5,1 ans, contre 7,4 ans pour la dette extérieure. Les titres publics domestiques, souvent émis sur des durées de deux à trois ans, concentrent l'essentiel de cette fragilité.

Selon la SDMT, environ 28,8 % de la dette intérieure arrive à échéance dans un délai d'un an, contre 9,1 % pour la dette extérieure. Pour l'ensemble de la dette publique, cela représente 19,1 % du stock total à refinancer sur douze mois. Rapporté au PIB, le montant de dette arrivant à échéance dans un an atteint 5,7 %, dont 4,4 % pour la seule dette intérieure.

 Le profil de remboursement montre par ailleurs des pics importants entre 2026 et 2028, période durant laquelle les remboursements de titres publics pourraient exercer une pression accrue sur la trésorerie de l'État. La stratégie gouvernementale évoque la nécessité d'un lissage du profil de remboursement afin de réduire ce risque.

Le deuxième facteur de vulnérabilité concerne le risque de taux d'intérêt. Sur ce point, la situation apparaît plus contenue. A en croire les données qui figurent  dans la Stratégie de gestion de la dette à moyen terme, le portefeuille est dominé par des emprunts à taux fixe, qui représentent 98,1 % de la dette totale. La durée moyenne avant révision des taux, appelée " ATR ", est identique à la maturité moyenne, soit 6,2 ans pour l'ensemble du portefeuille.

Toutefois, l'exposition demeure plus marquée du côté intérieur : 28,8 % de la dette intérieure voit son taux potentiellement révisable dans un horizon d'un an, contre 11 % pour la dette extérieure. Même si les bons du Trésor restent marginaux, à 0,9 % de la dette totale, la structure de financement domestique impose une vigilance accrue.

Le troisième risque identifié est celui du taux de change. Près de la moitié du portefeuille de la dette publique, soit 49,4 %, est libellée en devises étrangères. Selon la SDMT, environ 44 % des emprunts sont exposés à des monnaies autres que l'euro.

 Le dollar américain constitue la principale source d'exposition. Dans un régime de change où le franc CFA est arrimé à l'euro, toute appréciation du dollar face à l'euro se traduit mécaniquement par une hausse du coût du service de la dette libellée en dollars. La dette en devises à court terme représente par ailleurs 16,5 % des réserves, un indicateur suivi de près par les autorités financières.

Ces vulnérabilités structurelles s'inscrivent dans un contexte d'augmentation récente de l'encours de la dette. Selon le bulletin statistique de la dette publique publié le 3 décembre 2025 par le ministère des Finances, du Budget, de l'Économie, du Plan et de la Coopération internationale, le stock total de la dette publique du Tchad s'élève à 3 448,2 milliards de FCFA à la fin du premier semestre 2025, contre 3 278,8 milliards un an plus tôt. Dans la structure de l'encours, la dette intérieure domine, avec 55,6 % du total, soit 1 915,8 milliards de FCFA. La dette extérieure représente 44,4 %, pour un montant de 1 532,4 milliards de FCFA.

 Perton Biyiha

La Rédaction

Publié le 16/12/25 14:43

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